Joint-venture : Microsoft, internet sur la télévision

Microsoft— internet sur la télé

Pour 12M$ misés sur sa dernière émission en bourse, Microsoft prend 0,8% de Changhong, n°2 chinois du téléviseur.

Le 15/06, ces colosses de Mianyang (Sichuan) et de Redmond (Virginia) ont convenu de collaborer dans Media Galaxy, leur projet de R&D et production de « produits de divertissement numérique ». Changhong est un des rares, en Chine, à investir dans le téléviseur accédant à internet. Avec Microsoft, ils ont depuis 2004, un « partenariat stratégique multimedia », mettant en commun les logiciels experts de Bill Gates (VdlC 25/IX) et le réseau de détaillants du sichuanais. Nonobstant, cet accord a du mal à convaincre, pour deux raisons : Changhong ne brille pas par son génie technologique, et Microsoft ne passe pas pour toujours heureux en affaires boursières.                                     

NB : en janvier 2000, la rumeur courait d’une fusion Changhong – Philips, par session de 40% de son capital. L’affaire n’avait pas fait long feu. Le rapprochement présent peut signifier un pas assez petit pour rassurer Pékin, mais ouvrant la porte à une reprise du géant sichuanais, pour assurer son avenir et servir un marché mondial de l’internet, petit budget, grand écran !

Chine—Thaïlande : la pompe aspirante…

Thaïlande et  Chine finissent par se rencontrer…chez leur petit voisin mitoyen du Laos !

Ils viennent de boucler (21/06) les détails -notamment le financement- d’un vieux projet de pont sur le Mékong entre Houayxay (Laos) et Chiang Khong (Thaïlande), dernier chaînon de la route trans-asiatique nord-sud, qui fait partie de l’« initiative du grand-Mékong », lancée depuis 1992 entre 6 pays riverains et la Banque asiatique de développement.

Une fois achevé en 2011, Kunming (et Pékin) seront en lien routier direct avec Bangkok, permettant de booster les échanges de fret et de touristes. Dès 2006, l’export chinois vers la Thaïlande atteignait 9,7MM$, 25% de plus qu’en 2005. Par ailleurs, une autre infrastructure traversera le Laos, reliant les deux pays : les pylônes d’une ligne à haute tension ! La Thaïlande dispose d’un parc électrique de 26.000MW, mais qui devra plus que doubler (avec +31,800MW) dès 2021. Sans attendre, P. Amranand, Ministre thaï de l’Energie commande pour 3.000MW (pour commencer) au groupe Huaneng, connu pour ses appétits de barrages dans le Yunnan. Bing Fengshan, de la China Society for Hydropower Engineering, prédit sous 15 ans, 79MM$ d’investissement chinois, dans le triplement de son parc hydro-électrique.           

NB : la solution est mutuellement profitable : Bangkok achète son électricité, non la pollution qui va avec. Pékin obtient un superbe contrat, et met son voisin sous sa dépendance… à long terme !

Piranha chinois au Sud-Est brésilien

      Formidable reprise industrielle en perspective, entre Brésil et Chine ! Daimler et BMW cèdent leur JV à Campo Largo, bel ou-til, mais échec commercial. Yin Mingshan, milliardaire de Chongqing (fondateur des motos Lifan) est candidat à la reprise. Yin prépare pour août ’08, l’entrée de son groupe sur le marché auto. Pour équiper sa Lifan 520, il lui faut le moteur 1,4 et 1,6l Tritec, que produit l’usine brésilienne —il veut la démonter et ramener à Chongqing. Problème : Brasilia n’a jamais prévu de laisser partir ce bijou industriel, et veut sauver les 382 emplois… Mais faute d’alternative, Daimler et BMW sont pressés de récupérer une partie des 500M$ de leur mésaventure, et Yin assure trouver les crédits en Chine.

L’affaire rappelle celle, racontée par notre collègue J. Kynge *, du démontage de l’aciérie Thyssen-Krupp à Horde (Ruhr), remontée sur le bas-Yangtzé. Shen Wen-rong, patron de Shagang, a racheté l’usine au prix de la casse, pour 36M$ (250.000t de matériel), transport inclus. Pour la remonter, il a rajouté 1,2MM$, économisant ainsi 40% d’une aciérie neuve, et surtout, deux ans de fonctionnement. Shagang a ainsi doublé sa production et guignait le marché shanghaïen de VW et GM, en acier automobile de qualité allemande !

* China shakes the world, J.Kynge, Barne&Noble, 2006

Pour passer en Chine rouge, montrer patte blanche

Avec une vitesse atypique, Taipei permet à 4 groupes locaux d’investir 99,6M$ dans les semi-conducteurs en Chine.

ASE, n°1 de l’assemblage et du test, Siliconware, Greatek et Walton ont reçu le 26/06 l’approbation préalable—avec des mois d’avance. En principe, avant ce feu vert, Taipei s’assure que tel transfert n’entraîne aucune conséquence fâcheuse sous l’angle militaire, de l’emploi et de la compétitivité… Depuis l’arrivée aux affaires du Président Chen Shui-bian, cette surveillance était plus tatillonne. La promptitude des ronds de cuir insulaire s’explique, selon les sources, par 3 mobiles. D’abord, il s’agit de «chips» de conception ancienne, encore sur le marché, mais à bas coût. Ensuite, les 4 groupes ont promis d’investir « en dur » à Taiwan, 2,3MM$ sous 3 ans. Enfin et surtout, il faut permettre à ASE de résister à une contre-attaque de Amkor, l’ex-n°1, dépassé par ASE en 2003. Ce dernier a remonté en investissant en Chine puis, cette semaine, en se rapprochant de UTAC (Singapour), prélude à une fusion qui lui rendrait le 1er rang mondial… preuve, déjà bien comprise par Intel à Dalian (cf VdlC n°11) qu’en matière de puces, la Chine est le pays où il faut être ! Parmi ses investissements, ASE annonce une JV à Suzhou avec l’européen NXP  (filiale Philips), financée à 60% par elle, 40% par le néerlandais !

 

 

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