Temps fort : Hong Kong 10 après, 1/2 bouteille pleine, 1/2 bouteille vide

Le 30 juin 1997 à minuit, Chris Patten, ultime gouverneur de Hong Kong repliait l’étendard de l’Union Jack et franchissait, ému, la passerelle du yacht royal Britannia, mettant fin à 156 ans d’Empire britannique sur terre chinoise.

Dix ans après, la Chine, Hu Jintao en tête, célèbre la rétrocession, et la RAS – la Région administrative spéciale –  fait son bilan. En apparence, rien n’a changé. Le nouveau maître a tenu sa parole et respecté institutions, traditions, courses de chevaux, monnaie et noms des rues. Mieux encore, il a aidé les 7M d’habitants du Rocher à franchir la tempête financière asiatique de 1997, celle du SRAS de 2003. Au plan matériel, l’enclave se porte bien. Portés par son géant voisin, le développement de son tourisme, les guangxi (amitiés) au plus haut niveau de milliardaires tel Li Ka-shing, et le tarif douanier préférentiel CEPA Closer Economic Partnership Arrangement (élargi le 29/06 à 10 nouveaux services et à 17 nouvelles positions tarifaires), les échanges ne font que croître et embellir. Les atouts historiques de Hong Kong, légués par le Royaume-Uni, jouent désormais à plein : son cadre réglementaire, sa justice, son éducation. Hong Kong reste 1ère place financière et de services d’Asie. Mais sa rivale du Nord, Shanghai, la talonne, la rivalisant déjà dans le secteur portuaire.

Politiquement, par contre, c’est le gel : d’immenses efforts de Pékin n’ont pas permis d’affaiblir la position des démocrates—au contraire ! Un programme intense de sinisation en mandarin n’a pas ôté aux Hongkongais le goût de l’anglais et de l’Occident. Si 22% des jeunes se sentent « Chinois d’abord » (contre 16% en 1996), 40% de la population restent « Hongkongais d’abord ».

L’aspiration démocratique reste identique, comme le démontre le bras de fer des mois derniers, sur le suffrage universel. Les Hongkongais ont bien du mal à reconnaître que leur liberté ne dérive pas d’une souveraineté interne, mais leur est déléguée par Pékin, à sa guise. Laquelle en revanche n’a pas pu imposer un changement de la constitution dans un sens moins libéral, ni empêcher en 2003 le départ de Tung Chee-hwa, l’impopulaire gouverneur, ni le rassemblement en 2003 et 2004 de manifestations de 0,5M d’âmes. La toute dernière était programmée ce 1er juillet : de nombreux hauts personnages recommandaient d’y participer, tel Mgr Joseph Zen, cardinal-archevêque, tandis que Chris Patten déplorait un « recul de la démocratie », et que seuls 51% des insulaires avaient confiance en l’avenir…

Tel est, sous l’égide du principe « un pays, 2 systèmes », le deal malaisé entre ces deux versions de la Chine, celle de l’autoritarisme collectif contre celle de l’initiative individuelle—résidu d’un passé qui ne parvient pas à trouver sa fin !

 

 

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