Editorial : Diplomatie chinoise – carrousel islamique

La semaine passée, la diplomatie chinoise pencha vers l’univers musulman : exprimant ainsi son intérêt vital pour cette région du monde, peuplée d’alliés stratégiques, souvent anti-USA, et producteurs de pétrole !

Les 24-25/06, Liu Guijin, ambassadeur itinérant en Afrique, assistait à la conférence de Paris sur le Darfour, destinée à débloquer la mission mixte de 20.000 casques bleus et hommes de la force africaine, et finir une guerre tribale qui coûta 200000 vies en 4 ans. Ni les 10M² de crédits offerts par le ministre français Bernard Kouchner, ni les arguments de l’émissaire américain Condolezza Rice ou ceux de Nicolas Sarkozy ne permirent le déblocage. Liu, qui rentrait de Khartoum, déclara le Président Bashir prêt à négocier «n’importe où, n’importe quand », et évita toute suggestion que son pays pourrait accepter des sanctions au Soudan. La situation semble donc sans issue, Pékin campant sur son deal avec le Soudan, armes contre or noir !

Insolite, la visite en Chine (20-27/6) de Jalal Talabani, Président d’Irak. Une mission qui ne pouvait plaire à l’allié US, mais que ce dernier devait tolérer pour laisser son protégé vivre sa vie. L’Irak a envers Pékin 8MM$ de dettes, héritage du régime de S. Hussein. Or le 21, après avoir vu Hu Jintao, Wen Jiabao et Wu Bangguo (Présidents de la République, du Conseil d’Etat et de l’ANP), Bagdad était affranchi d’une «partie» de la dette et demandait la reprise du contrat signé en 1997 par la CNPC, annulé après la chute de Saddam, de développement du gisement d’Al Adhab (capacité de 90.000 barils/j). Même avec son goût du risque et l’appât de ces 3èmes réserves mondiales de pétrole, Pékin ne peut lancer ses firmes dans ce pays en pleine guerre civile, alors que ses propres ingénieurs sont enlevés en Afrique. Il souhaite aussi préserver sa propre image, à 14 mois de ses JO de Pékin.

Il venait d’ailleurs de subir un kidnapping à Islamabad (Pakistan, 23/06), 7 Chinois dont 6 femmes, relâchés le 24. Affaire embarrassante : la presse chinoise le tut, mais les étudiants auteurs du coup accusaient leurs victimes de tenir une maison close. L’incident arrive au mauvais moment, alors que Pékin prie Islamabad de lui livrer 22 ouighours réfugiés sur son sol. Manifestement, l’opinion locale n’accepte pas à 100% la présence chinoise sur son sil, et pas pour la 1ère fois : au début du mois, les gens de Gadwar dénonçaient le port à 200M$ bâti par Pékin, l’estimant plus tourné vers ses propres besoins, que ceux de la région.

Dans ce climat tendu, le dernier cadeau chinois vint à point pour arrondir les angles, coupant au 1/07 les tarifs douaniers de 3975 produits pakistanais de 11% (moyenne), à 8%.

Enfin, le 26/06, Yang Jiechi, nouveau ministre des affaires étrangères, confia à un visiteur israélien son souci face à l’embrasement de la Palestine, et appela « les parties concernées à faire preuve de retenue, pour rétablir le dialogue ». De la part de Pékin, c’est un signe d’impuissance, mais aussi d’exigence de compter parmi les futurs conciliateurs dans la région !

 

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