Editorial : La Chine en lumière pure

Le jeudi 05/04, fête du 清明Qingming, ou de la lu-mière pure –équivalent de notre Toussaint-, toute la Chine se rendit au cimetière, garnir les stèles de fleurs et fruits, brûler l’encens et tous les artefacts en papier (villa ou Mercedes miniatures, faux Viagra) destinés à agrémenter la vie dans l’au-delà. Le Qingming vit aussi sur internet, en un curieux salon funéraire virtuel où chacun peut, à moindre coût, honorer ses morts, leur offrir « fleurs », « chants » et messages pieux…

En ce jour, la presse rappelle le coût de la surpopulation, sous foncier : le prix du sol exorbitant, pour les morts plus que pour les vivants. A Zhengzhou (Henan), le m² de tombeau coûte 780², le double du logement… Bientôt, un règlement national taxera jusqu’à 50000² le cimetière indiélicat,vendant ses concessions sans certificat de décès, ou bien par lots trop spacieux. Shanghai double sa subvention au «cimetière marin», à 40² la sépulture : par dizaines, les familles embarquent pour immerger les cendres de leurs défunts avec cérémonie collective. Ville vieillissante aux 100.000 décès/an, Shanghai sait qu’elle devra fermer ses cimetières sous 10 ans, faute d’espace. Or pour l’instant, gésir dans l’océan ne tente encore que 1600 familles/an…

Autre souci : la Chine s’effare de voir exploser le nombre d’analphabètes (qui maîtrisent moins de 1500 caractères). En 2000, ils étaient 87M, et 11,3% de la société: prodigieux recul de l’ignorance,fruit de 40 ans d’efforts par la 1ère génération de leaders socialistes. Et pourtant cinq ans plus tard en 2005, les illettrés étaient montés à 116M, 15% : la Chine redépassait l’Inde! La rechute a trois raisons, toutes liées à des choix faits par l’ère de Deng.

[1] Trop de jeunes ruraux montent à la ville, sans finir leurs neuf ans d’études obligatoires : plus la peine, avec tous ces emplois en usine qui les attendent !

[2] La vieille promesse de consacrer 4% du budget public à l’éducation n’a pas été tenue – on en est, 14 ans plus tard, à 3,5%.

 [3] L’absence de liberté d’enseignement se paie : seuls 16% des 15M d’étudiants choisissent les « sciences sociales » (celles dont on fait les professeurs), dont la moitié en langues… Le régime n’est pas encore prêt à laisser les facs forger des générations d’esprits autonomes, voire critiques ! Pour enrayer le chancre de l’illétrisme, Pékin affirme avoir payé…  800.000²/an depuis 2000 (une misère!) et en mars dernier, le 1er ministre Wen Jiabao promettait l’école gratuite aux 150M d’enfants ruraux les plus pauvres, pour un budget scolaire de 22MM². Mais en janvier à Huadu (Guangdong), des milliers de professeurs manifestaient pour leurs salaires – grève occultée par la censure… Clairement, il en faudra plus, pour inverser 20 ans de désinvestissement dans les écoles!

Dernière nouvelle préoccupante : chef du bureau pékinois de PCM, firme française de pompes industrielles, Ma Jian est sous les verrous depuis le 28/02, pour son engagement dans une secte notoire. Sa firme, la famille et les autorités françaises n’obtiennent pas de nouvelles. Comme quoi ça n’arrive pas qu’aux autres !

 

 

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