Pol : Chen Shui-bian à Taiwan : un pied dans la tombe

— La série d’ordinations unilatérales d’évêques a ouvert un conflit entre l’Association patriotique catholique (APC) et le Pape. Par les voix de Mgr Lajolo («ministre des affaires étrangères» du Saint Siège) et de Joseph Zen, cardinal de Hong Kong, Benoit XVI envoie 3 messages vers la Chine :

[1] Une fois les liens rétablis, le Vatican ne se mêlera pas de politique, «affaire des autres», mais ne laissera pas les autres s’occuper des siennes en nommant des prélats.

[2] Révélant que «Pékin a interdit à l’APC de procéder à d’autres intronisations» – Mgr Zen isole Liu Bai nian, vice Président de l’APC, comme l’homme tentant d’opposer pouvoir socialiste et Vatican.

[3] Toute nouvelle consécration sonnerait une rupture «définitive»! Ici, le Vatican prendrait des risques, s’il n’en savait (comme c’est probable) plus qu’il n’en dit. Car si l’APC osait relever ce défi, Rome serait bien placée, avec ses 2000 ans d’histoire, pour savoir que rien en ce bas monde n’est éternel -même une rupture.

Mais le sens réel du coup de poker de Rome, est de traduire l’affaiblissement de l’APC, structure anachronique, et surtout de Liu Bai nian, qui semble bien seul…

— Pour la 1ère fois, Téhéran pourrait avoir du mal à « ne pas se soucier de l’avis de l’ONU» sur son programme de recherche nucléaire militaire.

Deux événements viennent lézarder son bouclier diplomatique russo-chinois.

Le 1er est ce paquet encore secret d’encouragements pour qu’il quitte sa course à la bombe (sans doute une centrale nucléaire civile), convenu à Vienne (1/06) entre les 5 membres du Conseil de Sécurité (Russie, Chine, US, France, UK)  et le ministre des affaires étrangères européen (MAE)  J. Solana

Le 2d est l’échange le même jour entre G. W. Bush et Hu Jintao, qui a signifié son soutien à cette démarche. S. Lavrov, MAE russe, avait déjà annoncé celui de Moscou. Selon ce plan, l’Iran aura quelques semaines pour arrêter son programme, ou faire face à des sanctions, acceptées par les deux protecteurs traditionnels du régime des Mollahs.

De son côté Li Zhaoxing, le MAE chinois appelait son collègue iranien M. Mottaki pour l’avertir du vent qui se levait. Téhéran a si bien entendu, qu’il se déclare déjà prêt à « reprendre un dialogue avec les US interrompu depuis 27 ans». La proposition de reprise, vient de G. W. Bush : pour l’Iran, sa concession est déjà un début de victoire, mais qui s’accompagne en filigrane, de la fin d’une dangereuse aventure !

Démission perlée pour Chen Shui-Bian, Président de Taiwan depuis 2000, dans son 2d mandat jusqu’en 2008. Accablé par des échecs à toutes ses tentatives de confrontation avec la Chine, «A-bian» se traînait dans les sondages autour des 20% de popularité, quand éclata l’ultime mine, une affaire de délit d’initié mouillant son gendre. Au Yuan Législatif  (Parlement) et dans la presse, c’en était trop.

Le 31/05 au soir, après réunion de crise, Chen qui n’a plus que 11% de soutien de l’opinion insulaire, remet « l’essentiel de ses pouvoirs » au 1er ministre Su Tseng-chang, mais surtout pas son mandat de Président !

Su devient ainsi le dauphin plausible du parti indépendantiste DPP au scrutin présidentiel de 2008. Prompt à apprendre, Su annonce une politique plus «pragmatique vis-à-vis de la Chine », moins agressive, et notamment la réouverture de certaines liaisons aériennes pour dans quelques mois.

NB : Le lâchage de Chen par les siens, ne signifie pas que les Minnan et Hakka, 80% de l’île renoncent à leur quête identitaire. Mais ils savent qu’elle ne peut plus passer par Chen Shui-bian!

 

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