A la loupe : Révolution Culturelle : 40 ans de silence

Le 16/05 marque une date sur lequel le régime a préféré passer : le 40ième anniversaire de la «Révolution Culturelle», 10 ans de violence commandés par Mao Zedong, qui firent jusqu’à 0,8M de morts, diminuèrent de moitié le PNB, fermèrent les écoles durant 10 ans et bannirent toutes études, surtout celles des arts («bourgeois») et  tout lien avec l’Ouest.

Elle avait été le moyen du Timonier et son épouse Jiang Qing, pour sortir du ban où l’avait plongé en 1961 la catastrophe du «Grand bond en avant» (30 à 80M de morts). L’histoire retient 3 dates fondatrices : l’examen d’Etat où un étudiant dénonça le sujet «révisionniste – impérialiste», l’offensive gauchiste (sept.1965) contre la pièce « la destitution de Hairui», et la circulaire du 16/5 dénonçant les «infiltrations contre-révolutionnaires ».

Si en 2006, le pouvoir décide de garder le blanc sur cette page de son histoire, c’est en raison des dangers liés à la réouverture de cette tranche d’histoire, aussi chargée que le massacre de Tian An Men. Attitude constante, depuis le jugement, par Deng Xiaoping en 1979, sur les «erreurs, mais le bilan globalement bon» du Timonier. Affaire classée après les procès de la bande des Quatre.

Ce silence sur cette époque 1966-’76 est en fait le seul rapport possible entre les générations, celle qui en fut l’actrice et celle à qui l’on a cachée à l’école—tandis qu’à la maison, parfois, une partie du voile est levée. Qing, jeune pékinoise néo-diplômée  reconnaît avoir entendu les horreurs de la période, à travers les souvenirs des parents et grands-parents, envoyés à la campagne en brigades de production.

Faute de commémoration et de deuil, un effet pervers s’instaure: mis à part la majorité que le sujet indiffère, un groupe regarde cette période dont elle ne sait rien, comme un «âge d’or» qui privilégiait l’égalité et méprisait l’argent. Zhao Zilao, peintre exposant à Dashanzi (centre de galeries d’art branchées de Pékin) y voit une époque qui «oeuvrait pour un idéal collectif».

Mais cette jeunesse admet aussi son ignorance et souhaite que les programmes d’Histoire soient complétés, pour supprimer le blanc sur ces 10 ans de passé, propriété de tous. Ce qui devra se faire un jour —une fois disparus tous ses acteurs et ses victimes !

 

 

 

 

 

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