Joint-venture : Orient — la grande braderie des mauvais payeurs

Carrefour avait peut-être prévu la situation qui se profile : une fin de cycle où de nombreux groupes d’Etat en sursis depuis des décennies doivent passer la main.

Surtout dans le commerce, où les marges sont faibles. Fort de1,74MM² de recettes l’an passé et de 75 implantations, en 11 ans, il  doit d’investir pour garder son rang de n°1 étranger. Président du Conseil de direction en Chine, Jean Luc Chéreau annonce 20 surfaces nouvelles cette année (69 en 3 ans), notamment grâce à la reprise d’«au moins 10»chaînes locales à bout de souffle -comme peut-être Trust-mart, «gros morceau à avaler» (2MM$, 100 magasins dans 20 provinces)… Carrefour fait une annonce populaire : sous 3 ans pour ses nouveaux sites, il recrutera 3000 managers (y-compris ceux de la CEIB – China Europe International Business School) et 40.000 actifs.

Les temps héroïques sont révolus où le géant devait fonctionner sans son logo, presque dans l’ombre: le voici accepté du pouvoir comme du public, et intégré, « chinois » !

— On peut appeler ça un «long été de fiançailles» :

après des années de production à façon pour Siemens, PhotonicBridges, expert shanghaïen en équipements de télécommunication par fibre optique (300 jobs), est repris par son client. Prix secret (des 10aines de M$). Son chiffre en 2005 était de 19,5M². 90% de ses produits portent déjà le logo Siemens. Le marché de cette technologie «SDH» (Synchronous Digital Hierarchy), spécialité Siemens vaut 2,3MM²/an et en atteindra 3,1M² en 2010. Après avoir cédé au Taiwanais BenQ sa branche téléphonique déficitaire, Siemens devait revitaminer sa présence en Chine. La rumeur lui prête l’intention de racheter pour 110M$ l’équipementier Harbour Networks, issu d’une scission avec Huawei (donc son concurrent), qui vient de rater son passage en bourse de HK – une affaire à prendre !

— C’est l’année des soldes des firmes publiques. Les conditions sont réunies, telle l’acceptation par l’Etat, et un appareil de lois et de règlements sur les fusions-acquisitions…  

Cette année, à en croire la presse, jusqu’à 6MM$ devraient passer à ce type d’actions, contre 3MM$ en 2005 et 1,25 en 2004. En Asie, avec 22% du capital, la Chine était l’an passé en seconde position derrière le Japon (35%) pour tels rachats étrangers, poussés par la majestueuse croissance chinoise, qui leur fait dépasser leurs hésitations face à tel rachat sur un terrain légal non balisé.

Opération plus risquée encore, quand ces reprises sont des actifs faillis et que le vendeur est une structure de défaisance. Orient, une de ces firmes de recyclage des débiteurs des 4 grandes banques, annonce pour juin/juillet, la vente de 200M² de ces actifs situés à Qingdao et Jinan (Shandong). Ces actifs appartenaient jusqu’en 2004 à Cinda, autre SDD, qui les a cédés à Orient : ceci permet, par le jeu des règlements, de les brader à 12,3% de leur valeur faciale, et non 18,5%, taux minimum chez Cinda. Et encore, précise l’annonce, « on pourra négocier »…

On comprend l’effort fait par Pékin : la vente d’actifs faillis n’attire plus que 5 intéressés par lot en moyenne, contre 20 aux débuts du système. 230MM$ de telles dettes continuent à rouiller, dans l’attente de toujours moins de probables repreneurs ! 

 

 

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