A la loupe : Wusong, ou la déconstruction posée en (7e) art !

Faut-il le dire  indépendant, ou  non aligné?

Lu Yi-tong, auteur de Lost in Wusong, 1er long métrage, en lice au 29. Festival international de Hong Kong (22/03- 6/04) est hors-norme, revendiquant le renversement «de l’autorité et du pouvoir en général», rien de moins!

Lu a  mis beaucoup de lui-même dans ce film qui cristallise 10 ans de recherche, partant du projet de glorifier un héros millénaire, l’âme de la Chine, pour le déconstruire petit à petit, dynamitant ainsi voluptueusement son idole.

Wu Song est un Hercule simple, dont la force grandit à mesure de son ébriété, au sens inné de la justice et irrécupérable par la flatterie. Mais «M», le personnage réalisateur du film, finit par découvrir que Wu Song, 1000 ans plus tôt, s’est compromis avec le prince.«M» est un anti-héros (peut-être le 1eren Chine), Gaston Lagaffe des salles obscures. Par passion d’autodérision, Lu Yitong fait de cet être une caricature des crève-la-faim du 7e art chinois, en mal de budget et d’audience.

De toutes les autres figures de cette fable filmée, «M» va prendre des coups: son financier le censure, son actrice le déflore, lui qui voulait se faire moine après la fin du tournage (!). Même son Wu Song finit par l’assommer, juste rétribution pour avoir exigé de recruter des acteurs reflétant exactement en vie réelle, les êtres légendaires qu’ils sont supposés incarner…

En définitive, «M» est sauvé par son obstination dans sa recherche d’impossible idéal, et son humilité. Dans ce film à l’humour grinçant, c’est moins le héros « raté » que Lu Yitong épingle, que les lâchetés de son entourage : les carriéristes, les lâches, et cette tendance universelle à voter pour les gagnants et proches du manche, contre les altruistes, et ceux qui suivent une route indépendante. Seul univers épargné par le film, pour des raisons évidente : la politique—mais elle n’est pas loin !

 

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