Pol : Arc-en-ciel sur l’archipel des Spratleys

— Faisant fi du plan anti-surchauffe, le prix au logement a augmenté de 14,4% en 2004.

Pas question pour autant de toucher à la monnaie nationale, ce qui ferait le bonheur du spéculateur. Aussi la BPdC, la banque centrale, le 17/3, hausse les taux des prêts immobiliers long terme à 5,51%, et veut limiter les prêts à 30% du prix. Le but est d’alourdir le financement des promoteurs pour les forcer à baisser leurs prix, afin de récupérer plus vite leur mise.

Mais Wang Guoguang, chercheur à la CASS, l’académie des sciences sociales, s’inscrit en faux contre la thèse d’une bulle immobilière : la hausse des prix ne traduirait qu’une offre insuffisante Pour lui, la Chine, après un demi-siècle passé sans construire, nécessite 1MMm3/an de logis nouveaux. Mais de 1999 à 2003, elle n’a avancé qu’au rythme de 0,6MMm2/an, laissant un déficit de 40%, quoique la demande soit solvable : à 200MM$ /an, le pouvoir d’achat immobilier des Chinois serait de 2,62 fois supérieur aux ventes de 2003!

NB : Parallèlement, pour forcer les banques à prêter aux PME, la BPdC coupe sa rémunération de leurs réserves, de 1,62% à 0,99%.

— Décrispation des relations avec les Etats-Unis.

Le 17/3, la Chine expulse vers les US Rebiya Kadeer, la millionnaire ouighoure défenseur des femmes musulmanes, condamnée en l’an 2000, à 8 ans de prison pour soutien au séparatisme. Parmi les prisonniers d’opinion, le nom de Kadeer était un des plus connus à l’Ouest. Washington renonce alors à déposer comme chaque année auprès de la Commission des Droits de l’Homme à Genève, son projet de résolution critique envers la Chine… Echange de bons procédés!

Autre détente avec Hanoi (cf ci-dessous), et surtout avec Moscou : le 1er Ministre Wen Jiabao pense que la Chine recevra une part du pétrole du pipeline sibérien, ce qui n’était pas le cas le mois passé, et les 2 armées préparent leurs premiers exercices conjoints. Voici donc 3 détentes simultanées, au moment même où  se charge le ciel à l’Ouest : le hasard fait bien les choses!

— Entre pays riverains de mer de Chine du Sud, les revendications sur l’archipel des Spratley empoisonnent les relations, aiguisées par l’espoir d’amples réserves de pétrole, jusqu’à 17MMt (contre 13 au Koweït, par ex.).

Or, le 14/3, un accord apparaît, qui pourrait constituer le modèle de règlement d’avenir. Chine, Philippines et Vietnam signent ensemble un protocole d’études sismiques communes en trois ans, sur 14.000km² autour de la centaine d’îlots et atolls. Depuis novembre 2002, l’ensemble des candidats s’étaient liés par un “code de conduite”, pour ne rien faire sans l’accord des autres.

Mais en avril, Cnooc et la compagnie nationale philippine signaient ensemble séparément, faisant montrer des dents à Hanoi. Le mal est réparé, par l’inclusion dans le deal de Petrovietnam. A condition que les autres parties prenantes (Malaisie, Brunei, Taiwan) n’objectent pas, s’entend !

— Le 14/3, un coup de théâtre est étouffé : Zhang Enzhao quitte sa place de Président de la China Construction Bank, (CCB) sans motif officiel et pour “convenance personnelle”.

Toutefois, la rumeur ajoute qu’une enquête court, sous l’accusation de corruption. Décidément, le poste porte la guigne : avant lui en 2002, Wang Xuebing, l’ex-Président avait écopé de 12 ans de cachot, et en février 2005, la branche du Jilin de  la CCB avait vu 8M$ s’envoler. Pourtant la CCB “assainie”, doit  affronter sous quelques mois, la bourse de HK (mais pas celle de New York, qui n’en veut pas) en quête de 10MM$ d’épargne…

Aux grands maux, les grands remèdes : Guo Shuqing, N°2 de la BPdC, la Banque centrale, et patron de la SAFE, l’Administration d’Etat des devises étrangères, doit reprendre la baguette de chef d’orchestre, en tant que Secrétaire du Parti. Ce cadre jeune, au pedigree jusqu’ici sans tache, formé à l’Ouest (diplômé d’Oxford) tentera de ravaler la façade.

 

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