Editorial : Le chant du cygne du textile européen, cheap

Après les mois d’ explosion de l’export textile chinois vers l’Union Européenne (OMC oblige!), Bruxelles lance la clause de sauvegarde, qui devrait rétablir sous 60 jours (avant le référendum français du 29/5!), des quotas pour 9 produits jusqu’en  2008 :  en 3 mois, les prix européens s’étaient effondrés de 47%!

L’incurie provient des 2 bords.

En Europe, les producteurs n’ont pas su profiter des 10 ans de transition pour s’adapter (c’est le reproche du Secrétaire général de l’OMC!).

En Chine, faute de marché unique (protection provinciale!), des milliers d’usines survivent de l’export, à perte !

Face à  l’enquête, Pékin réagit: « Pour acheter un Airbus, il nous faut vous vendre 20M de chemises », dit le 25/4, un diplomate. Bo Xilai, ministre du commerce s’oppose « résolument » au retour aux quotas:

« la base des échanges euro-chinois est en cause » ! Réponse qui rappelle celle faite (25/4) aux US, suite à leur attaque du ¥ surévalué, cause selon eux de leur déficit bilatéral: «Mettez d’abord votre maison en ordre, avant d’accuser votre voisin »!

Sous l’angle du droit, la Chine a de solides arguments. Elle a payé sa contrepartie, en ouverture de son marché (coupe des droits douaniers, révision de 2000 règlements/lois).

L’action de l’UE arrive en même temps que d’autres, US, Australie : « tir groupé » qui suppose une concertation discrète, mais efficace. Face à telle attaque multipolaire, toute rétorsion chinoise sera risquée, sauf à parvenir à convaincre un seul (US par ex.), à quitter la coalition. Dans cette crise, le doigté est de rigueur : l’Européen Peter Mandelson parle d’amitié, concertation, refuse toute mesure unilatérale, et fait le gros dos, face aux 13 Etats-membres réclamant une «réaction plus urgente » !

Mais Pékin sait qu’elle ne franchira pas la tempête sans larguer du lest. Pragmatique, elle s’y prépare déjà pour éviter les rétorsions.

Deux concessions sont envisagées – du bout des lèvres :

– la taxe à l’export chinoise, 2 à 3%, serait portée à un niveau « conséquent », dissuasif, et

– un ¥ réévalué (+3% ?) suite aux pressions US.

Offerte par la Chine, une telle solution «raisonnable» lui permettrait d’espérer une levée rapide de l’embargo sur ses achats d’armes, et d’ alléger la pression sur la réévaluation du Yuan ( ¥).

Enfin, les emplois menacés seraient 7000, en France en 2005 : face aux contrats en jeu (TGVAirbus, nucléaire) en Chine, on se demande si les capitales européennes tiennent tant que cela à voir se réinstaurer leurs barrières douanières contre les T-shirts made in China – si leur geste, et celui de Bruxelles ne sont pas plutôt un honorifique baroud d’honneur, ou si la démarche ne viserait pas plutôt le référendum hexagonal !

 

 

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