Célébrée depuis le fond des âges à travers toute l’Asie, le Zhongqiu (pleine lune de mi-automne) se meurt rapidement, avec son incontournable compagnon, le yuebing, gâteau de lune : cette année, les pékinois n’ont consommé que 3000t de ces gourmandises, la moitié du chiffre de 1996. La presse met cette désaffection sur le compte de l’infiltration (sic) des modes de vies de l’Occident. Mais selon ce sondage, les choses ne sont pas si simples: pour 27% des citadins, cette fête du passé, et les autres ( qingming, fête des ancêtres; chunjie fête du printemps…), ne sont guère plus que des congés.
Pour 21%, un bon moment pour le shopping; et pour 23%, l’occasion de se faire bien voir des chefs, en leur faisant des cadeaux… L’affaire est claire: plus que des étrangers, c’est de l’absence de références, que vient l’érosion des traditions, des 10 ans de terreur sans école, de la Révolution "Culturelle", et de son succès partiel dans le projet intransigeant de "du passé, faire table rase"!
«Ermont», film célèbre, dépeint une paysanne qui, pour acheter une TV grand écran (« comme le chef du village »), fait commerce de son sang. Cette pratique très courante, est interdite depuis le 1er oct. Il était temps : en Chine, 20% du sang des banques, provient de dons, 40% du sang est collecté obligatoirement, et 40% vient… de la rue.
Sur ce dernier stock, 30 à 90% teste positif à l’hépatite B -ou pire! Ainsi, l’hôpital de Nantong est en procès contre mme Wang Huajie, qui, transfusée, fut contaminée par ce mal, et argumente qu’il ne devrait pas payer d’amende (sic), puisqu’il n’a pas de pouvoir de contrôle sur la banque du sang. Désormais, les free lance de la vente du sang devront se recycler, et les stocks illégaux détruits: une banque clandestine a été découverte le 26 septembre près de Nanyang, (Henan) chez un paysan (immédiatement arrêté avec 11 autres suspects): 3000 poches de sérum ont été saisis, 1,5t de sang humain.
La confusion de presse touchait à sa fin, les joueurs prenaient la douche, les journalistes rebouchaient leurs stylos, quand Wang Jianlin, Président du club de foot de Dalian Wanda, sortit sa bombe: "Wanda est à reprendre, le groupe Wanda se retire du foot, pour toujours". Pourtant, Wanda était, depuis plusieurs années, champion de Chine, et avec l’équipe, sont à reprendre pour 3MY d’infrastructures (dont 3 terrains, un hôtel 4 étoiles); en payant ou a céder gratuitement à quiconque acceptant de conserver le nom)…
A l’origine de cette grosse colère, un match truqué de demi-finale, le 27 septembre, et surtout une allégation de triche systématique de joueurs, d’arbitres et de dirigeants de la fédération China Football Association (CFA). Wanda Group estime le fonctionnement général du ballon rond en Chine "trop corrompu pour lui permettre de rattraper son retard technique face aux leaders mondiaux». Ici, se lit entre les lignes, l’humiliation essuyée au printemps dernier, après la non qualification pour la Coupe du monde, là où Japon et Corée avaient réussi. Suite au scandale Wanda, Ma Ke Jiang, Président de la China Football Association (CFA), faisait cette semaine appel aux clubs pour qu’ils terminent leur saison. Qu’on se rassure, cette affaire ne remettra pas en cause la passion chinoise pour le foot, un des rares prétextes tolérés par le régime pour sortir bruyamment, le soir dans les rues, à des dizaines de milliers. Elle pourrait toutefois aider à remettre sur ses rails un sport poussé trop vite (la Fédération n’existe que depuis 1994), et menacé par la gangrène de l’argent.
Sommaire N° 32