La Chine ne craint plus de s’exprimer sur l’économie planétaire – ni de donner des points à ses acteurs. On avait vu Pékin, le mois dernier, tancer gentiment le gouvernement Keizo Oguchi pour la timidité de son "paquet" de relance de la Bourse de Tokyo. Semaine passée, c’était au US Fed. Reserve de subir la critique, suite à sa baisse des taux d’intérêts "beaucoup trop faible" (0,25%), "autant vouloir éteindre un feu d’étoupe avec une tasse d’eau".
Pékin réserve ses louanges au Fonds Monétaire International (FMI), pour sa "prudence" face à la déréglementation des mouvements des capitaux, et "invite" Washington à débloquer 18MMUSD nécessaires à la suite de ses opérations (surtout pour la défense des monnaies asiatiques). Autant de petits pas vers l’établissement de la Chine, comme agent essentiel du jeu économique mondial.
Le 5 octobre à New York, la Chine a paraphé la Convention des NU sur les droits civils et politiques de l’Homme. Sans en signer le protocole, qui impose la fin de la peine de mort. Reste à ratifier – comme pour l’autre document, sur les droits économiques, signé en 1997. Au même moment (hasard?), le Président Jiang laisse filtrer qu’il demeure fidèle au principe fondamental de la dictature du Prolétariat, et que le régime compte maintenir le monopole politique du Parti. La contradiction n’est qu’apparente. Cette stratégie de gouvernement, d’inspiration Deng’ienne, consistant à miser sur plusieurs tableaux à la fois, sans jamais rien exclure- et sauvegarder la priorité essentielle, la stabilité, tout en laissant du temps au temps.
Une campagne policière de 2 mois débute ce jeudi à Pékin, visant à éliminer (détruire ou vider) l’habitat loué ou construit illégalement par les travailleurs migrants. Ils débarquent dans Pékin à 857 000/jour (42 000 de plus qu’en 1994), ils sont 2,9M permanents dans la capitale, et 50% des arrestations pour crimes, se font dans leurs rangs. Le fond du problème (insolvable, pour Pékin?), étant de savoir comment endiguer la vague… Les autorités espèrent parvenir à une croissance "0" d’ici à 2000.
Ouverture ce lundi du III. Plénum du Comité Central avec, au programme, la reprise d’une vieille idée de Jiang: comment inverser la courbe de disparition de dizaines de milliers de cellules du PC aux villages, tout en redonnant à ces derniers du tonus économique. Il apparaît que les causes des deux phénomènes sont en partie les mêmes, l’exode rural. Pékin croît pouvoir faire resurgir l’influence du Parti Communiste Chinois (PCC) dans les campagnes, en formant, payant et détachant des milliers de "groupes de travail" aux champs. Si dans les villes, la prospérité est issue du marché, à la campagne, le pouvoir n’abandonne pas son rêve d’un progrès, par le socialisme.
Sommaire N° 32