Le Vent de la Chine Numéro 32

du 11 au 17 octobre 1998

Editorial : Economie chinoise – fièvre d’adolescence

Dans son jeune squelette et ses muscles poussés trop vite, l’économie chinoise donne cet automne plusieurs signes d’une fièvre de croissance:

[1] Hausses de prix: depuis que Jiang Zemin, cet été, a dénoncé, c’était nouveau! Les profits honteux de l’Armée populaire de Libération (APL) (son industrie hors taxes et de contrefaçon, sa contrebande), les douanes ont serré la vis sur les pièces importées, engendrant des hausses de 30% dans l’informa- tique. Jouent aussi, le frein temporaire aux transports par fer, du Sud vers le Nord (suite aux crues), et surtout les ententes sur les prix, encouragées par la State Economic and Trade Commission  (Comm.d’Etat à l’Eco et au commerce) SETC: "discipline de prix", "prix indicatifs" dans l’auto, la TV, le verre plat, les (tieniu) tracteurs.

Certes, ces secteurs ont beaucoup perdu dans la guerre des prix (240MUSD de pertes dans les tracteurs, 144 dans les matériaux de construction, etc….), et on comprend le choix de Zhu Rongji, de stopper avant tout l’hémorragie financière. Mais entente signifie aussi cartel, et en l’absence de loi d’accompagnement, la presse dénonce (signe d’une polémique interne) l’imposition par les cartels, de taxes salées à des firmes, pour le seul crime d’avoir vendu avec profit, mais moins cher que les prix du "club".

Politique agréable à court terme, mais qui tue tout attrait à la quête de la compétitivité (contredisant la stratégie de "réforme dégraissage" des Entreprises d’Etat., initiée par le même Zhu), et dont le coût se paiera après l’entrée à l’OMC.

Ce qui explique, au passage, l’angoisse croissante de la Commission Européenne (Sir Leon Brittan), face à l’absence de date fixée pour le prochain round de négociations multilatérales :"Y a-t-il au sommet, à Pékin, une volonté politique suffisante pour poursuivre à toute vapeur? Rien n’apparaît moins sûr"!

[2] Spéculation sur le RMB : à la veille du long week-end de la fête nationale et du  (zhongjiu, fête de mi-automne), toutes les grandes Entreprises d’Etat se sont vu imposer par l’Administration d’Etat des devises étrangères (contrôle des changes) (SAFE) de rapatrier leurs avoirs à l’étranger.

Justifiés par la garantie des exports et les achats de matières premières, ces privilèges constituent aussi de très substantiels paradis fiscaux et grandes murailles contre une dévaluation du RMB. Dans le même temps, au moins un groupe géant, Baoshan (Shanghai) voyait ses comptes bancaires bloqués vendredi 2. Et lundi 5, à la réouverture des guichets, la Banque Populaire de Chine (BPdC) se sentait obligée de réitérer sa promesse adamantine de ne pas dévaluer.

Tout ceci suggérant que les Grandes Entreprises d’Etat (GEE) ne partagent pas la foi officielle dans la stabilité du Yuan, ni dans la réalisation de l’objectif de croissance. Pas plus que le Fonds Monétaire International (FMI), qui annonce pour cette année une hausse du Produit National Brut (PNB) de 5,5% -loin des 8% prédits par Pékin. 

[3] La morosité déteint sur les investissements étrangers: selon le sondage d’A.T. Kear-ney auprès de 70 groupes (229 projets), 38% des outils en propriété à 100% sont "dans le rouge", et 58% des Joint-Ventures. Les plus avantagées sont les firmes de services, 50% de bénéficiaires pour 25% opérant à perte. Les groupes industriels comportent 38% de bénéficiaires, et 38% d’endettés.

[4] La bonne nouvelle du jour, étant dans les 1ers signes de reprise, suite aux investissements massifs de l’État dans l’infrastructure, aiguillonnés par l’effet de la reconstruction post-inondations. Aciéries de Shaoshan (Shenzhen), aluminium du Yunnan,ciment Huaxin (Shanghai),labos pharmaceutiques de Nankin affichent en août des chiffres bons ou record, et le marché, malgré le chômage qui monte, continue à s’étendre (100% pour les TV grand écran au 1er  trimestre, 300% pour les climatiseurs). Preuve qu’en Chine comme ailleurs, la crise n’est pas là pour tout le monde, et que le ressort de la croissance n’est pas brisé!

 


Joint-venture : Bientôt, antidumping dans la fibre synthéthique

• Le ver à soie, délicatesse rare et prisée en Chine, figure normalement au "menu" des industries alimentaires. Il est plus rare par contre, qu’un étranger se risque à investir dans cette insolite transformation : Symking, champion de l’alimentation diététique américaine, ouvre une JV à Shenyang (Liaoning), Mecque incontestée du ver à soie (85% de la production chinoise).

Symking promet, par son savoir faire, de mieux préserver la valeur protéique, forme et couleur de l’insecte (mâle!), dont l’usage modéré préviendrait tumeurs, sénescence, préserverait le système immunitaire et assurerait l’apport nécessaire en zinc, fer, calcium et phosphore. US Canlong chips, le nouveau produit, sera réservé au marché intérieur, de coloribus gustibusque non disputandum.

• Lentement mais sûrement, les supermarchés Carrefour s’étendent : grâce à un prêt de la Bank of Communications (BdComm), la 9ème  unité ouvrira d’ici quelques semaines à Zhuhai (ville soeur de Macao), suivie de cinq autres d’ici décembre. D’ici là, Carrefour disposera de 100000m² de surface de vente, force de frappe commerciale de 2,4MM USD/an : digne manière de fêter en Chine le 35. Anniversaire du groupe, ce mois d’octobre!

• Après la visite de T.Blair, la londonienne Standard Chartered (500 bureaux, 26000 emplois dans le monde) annonce son octroi imminent (après 5 ans d’attente) d’une licence à Pékin. Elle aura alors 8 agences en Chine, lors de son 140ème de présence sur ce terrain.

• La crise aura accéléré ce mouvement, de toute manière inéluctable. Après les droits anti-dumping sur les presses d’imprimerie (juillet), la Chine passe aux choses sérieuses en annonçant des droits identiques sur les fibres synthétiques, que toute l’Asie, Corée en tête, fourgue chez elle en cassant les prix : 873000t introduites entre janvier/juin, presque 40% de sa production intérieure, tendance constante depuis 18 mois. Les 118 premiers producteurs chinois ont en stock plus d’un mois d’invendus.

 


A la loupe : Tony BLAIR en CHINE ‘new bottle, old ale’!

Le Royaume-Uni travailliste de Tony Blair comme la Chine de Jiang Zemin voulaient un nouveau départ pour des relations érodées par 10 ans de méfiance (Tian An men, et Hong Kong obligent): le Royaume-Uni. a fait un gros effort pour donner de lui l’image d’un pays rajeuni, performant et non-conventionnel. Dans ses valises, T. Blair apportait une palette d’expositions dont une vestimentaire (osée, inspirée du Viagra); une troupe de théâtre d’avant-garde et une (fausse) audience d’un tribunal londonien, passionnément suivie par les juristes chinois présents, y compris les 12 jurés, qui ont  très flegmatiquement acquitté leur accusé pour insuffisance de preuves.

Même effort de séduction en politique: Tony Blair a été aussi louangeur pour ses hôtes, que discret sur les thèmes risquant de les indisposer.

Résultats : la signature, après Russie, Allemagne, France et USA, d’un partenariat global, une invitation de Jiang à Londres en 1999, et la création d’un forum (politique) R.U./Chine, dirigé côté britannique par le leader d’opposition M. Heseltine. La seule "audace" ayant consisté à réclamer après Bill Clinton et Lionel Jospin, une rencontre sans conditions entre Jiang Zemin et le Dalai Lama.

Le total des contrats signés, pour 800M USD, est modeste (comparable à celui remporté fin sept. par L. Jospin) : 9/10ème revenant à un seul contrat, pour le second projet énergétique BOT concédé à l’étran-ger, la centrale de Changsha (Hunan), 770Mw, qui va à British National Power, avec 20% des fonds, contribution du gouvernement provincial. 46MUSD étant le pas de porte de  Smithkline-UK pour son entrée dans une JV Smithkline-US de vaccins à Tianjin; 24MUSD iront dans deux projets d’adduction d’eau à Guiyang (Guizhou), tandis que 5M seront le montant investis par deux universités (Surrey, et Qinghua), dans la production de micro-satellites (1ère mise sur orbite, fin ’99). Enfin, la Bourse de Shanghai et celle de Londres signent une lettre d’intention, prélude au passage à la City (c’est une 1ère européenne) de 4 firmes chinoises.

Conclusion : cette visite investit, en coûteux gadgets, pour remettre, vis-à-vis de la Chine, moyennant de fortes concessions, silences et litotes (plus ou moins les mêmes que J. Chirac en mai ’97) le R.U. sur pied d’égalité avec ses partenaires européens et d’Outre-Atlantique. Au plan économique par contre, la continuité est – totale -par la force des choses. Tant il est vrai que Blair est à la tête du premier pays investisseur européen en Chine, avec 15MMUSD contractés (1/3 déjà payés), sur un total de 2000 JV. Pour Londres comme pour Paris, Pékin vaut bien une messe!

 


Argent : Haro sur les ‘ économies locales’

• Les buveurs du Céleste empire font des infidélités à leur invention plurimillénaire, le thé, au profit du café:le Yunnan,jeune berceau caféier, va tripler en 3 ans, à 17000ha les surfaces actuellement plantées, atteignant ainsi une capacité de production de 15000t. Ce qui lui permettra de satisfaire la demande des deux multinationales au coude à coude en Chine, Nestlé et Maxwell, qui ont chacun signé un contrat d’achat de 5000t/an d’ici 2000.

• Signe de crise, apparaissent dans la presse des symptômes, ordinairement cachés, d’économies parallèles au détriment de celle nationale. Autour du futur barrage des Trois Gorges fonctionneront, à brève échéance 15 mini centrales thermiques de 10000Kw, polluantes et de faible rapport énergétique. Elles sont néanmoins plus profitables, aux pouvoirs locaux, que des projets industriels, assortis des risques du marché: pour s’imposer au consommateur, il suffit de le prendre en otage, en déconnectant le réseau national, pour l’extension duquel Pékin a déjà dépensé, dans la région, 120 MUSD. Face à ce «droit féodal», il n’est rien que le pouvoir central puisse faire, sinon se plaindre auprès du public, par presse interposée (et encore, pas celle locale, la plus directement concernée).

• En mettant la dernière main à l’ouverture de deux mines de ferrochrome, le Tibet confirme sa position d’important fournisseur minéralier national: situé à 4100m d’altitude, le gisement de Lopusa est le plus riche du pays -avec une capacité annuelle estimée à 120000t. Pékin a investi 13,5 MUSD. En 1997, le Toit du Monde avait déjà vu l’entrée en exploitation de la mine de cuivre de Yulong(20 000t/an de cuivre pur).

• 1er  groupe sidérurgique du pays, Baoshan (9Mt/an) s’apprête à annoncer sa fusion avec Shanghai Metallurgical Holding (7Mt), dans le futur Shanghai Steel. En attendant, il vient de prendre le contrôle (60%) à Yichang (Sichuan), d’un groupe d’aciéries spécialisées l’une en feuillard, l’autre en tôles laminées.

 


Pol : Signé , le traité ONU des Droits de l’Homme!

• La Chine ne craint plus de s’exprimer sur l’économie planétaire – ni de donner des points à ses acteurs. On avait vu Pékin, le mois dernier, tancer gentiment le gouvernement Keizo Oguchi pour la timidité de son "paquet" de relance de la Bourse de Tokyo. Semaine passée, c’était au US Fed. Reserve de subir la critique, suite à sa baisse des taux d’intérêts "beaucoup trop faible" (0,25%), "autant vouloir éteindre un feu d’étoupe avec une tasse d’eau".

 Pékin réserve ses louanges au Fonds Monétaire International (FMI), pour sa "prudence" face à la déréglementation des mouvements des capitaux, et "invite" Washington à débloquer 18MMUSD nécessaires à la suite de ses opérations (surtout pour la défense des monnaies asiatiques). Autant de petits pas vers l’établissement de la Chine, comme agent essentiel du jeu économique mondial.

• Le 5 octobre à New York, la Chine a paraphé la Convention des NU sur les droits civils et politiques de l’Homme. Sans en signer le protocole, qui impose la fin de la peine de mort. Reste à ratifier – comme pour l’autre document, sur les droits économiques, signé en 1997. Au même moment (hasard?), le Président Jiang laisse filtrer qu’il demeure fidèle au principe fondamental de la dictature du Prolétariat, et que le régime compte maintenir le monopole politique du Parti. La contradiction n’est qu’apparente. Cette stratégie de gouvernement, d’inspiration Deng’ienne, consistant à miser sur plusieurs tableaux à la fois, sans jamais rien exclure- et sauvegarder la priorité essentielle, la stabilité, tout en laissant du temps au temps.

• Une campagne policière de 2 mois débute ce jeudi à Pékin, visant à éliminer (détruire ou vider) l’habitat loué ou construit illégalement par les travailleurs migrants. Ils débarquent dans Pékin à 857 000/jour (42 000 de plus qu’en 1994), ils sont 2,9M permanents dans la capitale, et 50% des arrestations pour crimes, se font dans leurs rangs. Le fond du problème (insolvable, pour Pékin?), étant de savoir comment endiguer la vague… Les autorités espèrent parvenir à une croissance "0" d’ici à 2000.  

• Ouverture ce lundi du III. Plénum du Comité Central avec, au programme, la reprise d’une vieille idée de Jiang: comment inverser la courbe de disparition de dizaines de milliers de cellules du PC aux villages, tout en redonnant à ces derniers du tonus économique. Il apparaît que les causes des deux phénomènes sont en partie les mêmes, l’exode rural. Pékin croît pouvoir faire resurgir l’influence du Parti Communiste Chinois (PCC) dans les campagnes, en formant, payant et détachant des milliers de "groupes de travail" aux champs. Si dans les villes, la prospérité est issue du marché, à la campagne, le pouvoir n’abandonne pas son rêve d’un progrès, par le socialisme.


Temps fort : MORT DES ITIC, et fin d’une époque!

Ouverte en 1980, la plus fière institution financière cantonaise, la Guangdong International Trust and Investment Corporation (GITIC) a été mise en faillite (annoncée le 6.10). Son capital, en décembre 1997, était de 2,8MMUSD, ses dettes actuelles(insolvables) en font la moitié. Ce peu cérémonieux exit est une sanction politique: la Guangdong International Trust and Investment Corporation (GITIC) était la bête noire de Pékin, nid à mauvaises dettes immobilières, à népotisme et dessous de table (Canton étant en Chine la plus proche de l’Asie du Sud-Est, en matière de croissance fulgurante basée sur les investissements hasardeux). Mais le couperet pékinois marque la rupture, style Zhu Rongji: elle est la 3ème  "quasi-banque", très proche du Parti, à fermer en peu de mois (après Hainan Investissement corporation, et la pékinoise Venturetech).

Mais pourquoi, dans ces deux 1ers cas, n’y a -t il pas eu d’émeutes de clients grugés? C’est la leçon de l’Asie, bien apprise par Zhu : la Banque Populaire de Chine (BPdC) garantit les remboursements

[1] Aux étrangers (pour le rating des banques chinoises chez Moodies et Standard&Poor),

[2] Aux personnes privées,

[3] Aux firmes, sous toutes réserves (elles, ne descendent pas dans la rue)!

Dans l’immédiat, la surveillance de la finance cantonaise est confiée au vice gouverneur, Wang Qishan, proche de Zhu, qui n’est autre quel’ex-Président de la Banque de la Construction -un spécialiste! Sur l’affaire "GITIC", une commission d’enquête est en chasse, menée par l’énergique Mme Wu Yi, ex-patronne du Ministère de la Coopération Economique et Commerciale (MOFTEC). L’enjeu (à part le fait de se donner les armes pour affaiblir le clan "régionaliste" en incriminant les responsables locaux) est de vérifier sur le terrain, la faisabilité d’un projet de tutelle spécifique aux ITIC et aux bras d’investissement d’autres puissances, tels monopoles et Grands Entreprises d’Etat (GEE). Si le projet se réalise, la boucle du contrôle financier sera bouclée avec, pour les autres outils financiers, la Banque Populaire de Chine (BPdC) (pour les banques), la China Securities Regulatory Commission (CSRC) (pour la Bourse), et la toute récente China Insurance Regulation Commission CIRC (pour l’assurance).

Enfin, cette affaire semble annoncer, pour les ITIC, le chant du cygne: cette structure post-maoïste sous contrôle politique des villes et provinces, vieillissant mal dans une Chine mondialisée, et ayant trop souvent tendance à servir de caisse noire aux barons rouges locaux. Les ITIC étaient 400 en ’93; elles sont à présent 240. Leur endettement insolvable s’élèverait en mars ’98 à 9MMUSD (5,3% des mauvaises dettes du pays), 2/3 d’entre elles seraient endettées, dont 1/3 incapables d’assurer le service de la dette. L’État veut les ramener à une par province, soit 30 au total.

NB: avec les ITIC, une espèce apparentée devrait souffrir: celle des red chips, titres boursiers chinois (publics) sur la place de HongKong. Dans les heures suivant l’annonce de la faillite GITIC; les red chips cantonais perdaient 14,5%. Investissements "politiques" comme les ITIC, et souffrant d’une forte opacité comptable, ils apparaissent de plus en plus aux yeux des investisseurs comme… "Sans Garantie Du Gouvernement"!

 


Petit Peuple : Zhongjiu /nuit sans gâteau de lune

• Célébrée depuis le fond des âges à travers toute l’Asie, le Zhongqiu (pleine lune de mi-automne) se meurt rapidement, avec son incontournable compagnon, le  yuebing, gâteau de lune : cette année, les pékinois n’ont consommé que 3000t de ces gourmandises, la moitié du chiffre de 1996. La presse met cette désaffection sur le compte de l’infiltration (sic) des modes de vies de l’Occident. Mais selon ce sondage, les choses ne sont pas si simples: pour 27% des citadins, cette fête du passé, et les autres ( qingming, fête des ancêtres; chunjie fête du printemps…), ne sont guère plus que des congés.

Pour 21%, un bon moment pour le shopping; et pour 23%, l’occasion de se faire bien voir des chefs, en leur faisant des cadeaux… L’affaire est claire: plus que des étrangers, c’est de l’absence de références, que vient l’érosion des traditions, des 10 ans de terreur sans école, de la Révolution "Culturelle", et de son succès partiel dans le projet intransigeant de "du passé, faire table rase"!

• «Ermont», film célèbre, dépeint une paysanne qui, pour acheter une TV grand écran (« comme le chef du village »), fait commerce de son sang. Cette pratique très courante, est interdite depuis le 1er oct. Il était temps : en Chine, 20% du sang des banques, provient de dons, 40% du sang est collecté obligatoirement, et 40% vient… de la rue.

Sur ce dernier stock, 30 à 90% teste positif à l’hépatite B -ou pire! Ainsi, l’hôpital de Nantong est en procès contre mme Wang Huajie, qui, transfusée, fut contaminée par ce mal, et argumente qu’il ne devrait pas payer d’amende (sic), puisqu’il n’a pas de pouvoir de contrôle sur la banque du sang. Désormais, les free lance de la vente du sang devront se recycler, et les stocks illégaux détruits: une banque clandestine a été découverte le 26 septembre près de Nanyang, (Henan) chez un paysan (immédiatement  arrêté avec 11 autres suspects): 3000 poches de sérum ont été saisis, 1,5t de sang humain.

• La confusion de presse touchait à sa fin, les joueurs prenaient la douche, les journalistes rebouchaient leurs stylos, quand Wang Jianlin, Président du club de foot de Dalian Wanda, sortit sa bombe: "Wanda est à reprendre, le groupe Wanda se retire du foot, pour toujours". Pourtant, Wanda était, depuis plusieurs années, champion de Chine, et avec l’équipe, sont à reprendre pour 3MY d’infrastructures (dont 3 terrains, un hôtel 4 étoiles); en payant ou a céder gratuitement à quiconque acceptant de conserver le nom)…

A l’origine de cette grosse colère, un match truqué de demi-finale, le 27 septembre, et surtout une allégation de triche systématique de joueurs, d’arbitres et de dirigeants de la fédération China Football Association (CFA). Wanda Group estime le fonctionnement général du ballon rond en Chine "trop corrompu pour lui permettre de rattraper son retard technique face aux leaders mondiaux». Ici, se lit entre les lignes, l’humiliation essuyée au printemps dernier, après la non qualification pour la Coupe du monde, là où Japon et Corée avaient réussi. Suite au scandale Wanda, Ma Ke Jiang, Président de la China Football Association (CFA), faisait cette semaine appel aux clubs pour qu’ils terminent leur saison. Qu’on se rassure, cette affaire ne remettra pas en cause la passion chinoise pour le foot, un des rares prétextes tolérés par le régime pour sortir bruyamment, le soir dans les rues, à des dizaines de milliers. Elle pourrait toutefois aider à remettre sur ses rails un sport poussé trop vite (la Fédération n’existe que depuis 1994), et menacé par la gangrène de l’argent.


Rendez-vous : Salons et foires – feu d’artifice

• Foule dense de foires programmées cette semaine: du Thé à Hangzhou, Zhejiang (9-14 octobre), de Ningbo, Zhejiang (12-18), de Changsha, Hunan (17-20) des machines agricoles à Jinan, Shandong (12-15), du métier textile à Pékin (13-17), sans oublier les "grosses Bertha" du genre, les foires de Shanghai (14-17) et de Canton (15-30)

• Pékin, 14-18 octobre: visite du conseiller fédéral  helvétique Adolf Ogi (min. de la défense)