Ouverte en 1980, la plus fière institution financière cantonaise, la Guangdong International Trust and Investment Corporation (GITIC) a été mise en faillite (annoncée le 6.10). Son capital, en décembre 1997, était de 2,8MMUSD, ses dettes actuelles(insolvables) en font la moitié. Ce peu cérémonieux exit est une sanction politique: la Guangdong International Trust and Investment Corporation (GITIC) était la bête noire de Pékin, nid à mauvaises dettes immobilières, à népotisme et dessous de table (Canton étant en Chine la plus proche de l’Asie du Sud-Est, en matière de croissance fulgurante basée sur les investissements hasardeux). Mais le couperet pékinois marque la rupture, style Zhu Rongji: elle est la 3ème "quasi-banque", très proche du Parti, à fermer en peu de mois (après Hainan Investissement corporation, et la pékinoise Venturetech).
Mais pourquoi, dans ces deux 1ers cas, n’y a -t il pas eu d’émeutes de clients grugés? C’est la leçon de l’Asie, bien apprise par Zhu : la Banque Populaire de Chine (BPdC) garantit les remboursements
[1] Aux étrangers (pour le rating des banques chinoises chez Moodies et Standard&Poor),
[2] Aux personnes privées,
[3] Aux firmes, sous toutes réserves (elles, ne descendent pas dans la rue)!
Dans l’immédiat, la surveillance de la finance cantonaise est confiée au vice gouverneur, Wang Qishan, proche de Zhu, qui n’est autre quel’ex-Président de la Banque de la Construction -un spécialiste! Sur l’affaire "GITIC", une commission d’enquête est en chasse, menée par l’énergique Mme Wu Yi, ex-patronne du Ministère de la Coopération Economique et Commerciale (MOFTEC). L’enjeu (à part le fait de se donner les armes pour affaiblir le clan "régionaliste" en incriminant les responsables locaux) est de vérifier sur le terrain, la faisabilité d’un projet de tutelle spécifique aux ITIC et aux bras d’investissement d’autres puissances, tels monopoles et Grands Entreprises d’Etat (GEE). Si le projet se réalise, la boucle du contrôle financier sera bouclée avec, pour les autres outils financiers, la Banque Populaire de Chine (BPdC) (pour les banques), la China Securities Regulatory Commission (CSRC) (pour la Bourse), et la toute récente China Insurance Regulation Commission CIRC (pour l’assurance).
Enfin, cette affaire semble annoncer, pour les ITIC, le chant du cygne: cette structure post-maoïste sous contrôle politique des villes et provinces, vieillissant mal dans une Chine mondialisée, et ayant trop souvent tendance à servir de caisse noire aux barons rouges locaux. Les ITIC étaient 400 en ’93; elles sont à présent 240. Leur endettement insolvable s’élèverait en mars ’98 à 9MMUSD (5,3% des mauvaises dettes du pays), 2/3 d’entre elles seraient endettées, dont 1/3 incapables d’assurer le service de la dette. L’État veut les ramener à une par province, soit 30 au total.
NB: avec les ITIC, une espèce apparentée devrait souffrir: celle des red chips, titres boursiers chinois (publics) sur la place de HongKong. Dans les heures suivant l’annonce de la faillite GITIC; les red chips cantonais perdaient 14,5%. Investissements "politiques" comme les ITIC, et souffrant d’une forte opacité comptable, ils apparaissent de plus en plus aux yeux des investisseurs comme… "Sans Garantie Du Gouvernement"!
Sommaire N° 32