A l’instar des silos remplis ras bord, le système d’achat des céréales craque. Crise d’inadéquation croissante d’un marché basé sur des idéaux et cadres dépassés. Contraints d’acheter à prix imposés, les Offices du grain s’endettent, revendant à 30% moins cher qu’il y a trois ans. Au rythme du premier trimestre, les pertes dépasseraient 100 MMY, double de 1997, quintuple de 1996.
Aussi Zhu Rongji vient-il de convoquer une téléconférence, pour rappeler les règles: défense aux provinces d’imposer des taxes locales à l’achat du grain, ou de détourner ces fonds (pratique courante). Obligation aux OG de revendre avec profit (à prix librement fixé). Ils devraient être efficaces comme des grandes surfaces… tout en restant publics!
L’enjeu est tout sauf académique. Il touche à la capacité du pays à se nourrir hantise du régime. Justement, selon Shu Geng, professeur sino-américain, la Chine pourrait perdre d’ici à 2030, 100Mt de grain (récolte en 1997 : 580Mt), sous l’effet de la perte des sols arables (en constructions) et des intempéries de plus en plus sévères.
Notons enfin une étonnante contradiction: durant la Téléconférence, Zhu a réaffirmé l’interdiction du secteur privé comme acheteur direct. Mais le lendemain, une réforme est annoncée, ouvrant la porte à des opérateurs « autorisés, plutôt qu’aux pouvoirs locaux’, et autorisant le paysan « à ne produire que ce qu’il peut vendre »: pragmatisme tardif ?
Sommaire N° 22