Pol : un ‘bureau de maintien de la stabilité sociale’

• Si chaque jour en Chine apporte son lot de manifestations, celle de la semaine passée, à Pékin, constitue une nouveauté absolue : devant la mairie, une vraie manifestation de Chinois, et d’étrangers!

Et pourtant, la police n’est pas intervenue : ces petits investisseurs se plaignant de fraude et non respect de leur contrat immobilier. Alors qu’ils auraient dû prendre dès août 1996 possession de leurs appartements dans le (projet de) complexe Sunshine Plaza, au Nord de Pékin, ceux ci n’ont jamais été terminés. Une plainte déposée en 1997 (Cour Intermédiaire) a été rejetée, l’affaire est en appel. Chinois comme étrangers (japonais, américains, italiens…) ayant tous perdu  des centaines de milliers de USD d’arrhes, recourent à ces moyens en désespoir de cause. A l’origine du problème, selon certains : Chen Xitong, l’ex-maire déchu.

• Le Vatican avait fait un « coup » d’une rare subtilité, en invitant officiellement deux évêques non officiels, Mathias Duan et Joseph Xu, à participer au synode « Asie » en cours jusqu’à mi-mai.

Ces deux ecclésiastiques de la région de Chongqing, nommés par le Pape avant la libération de 1949, étant tolérés par Pékin en raison de leur grand âge. Mais trop, c’est trop : le Bureau des affaires religieuses du Conseil d’Etat a vite signalé que les deux invités n’obtiendraient « hélas, probablement pas leur visa ». Deux raisons invoquées : l’absence de relations diplomatiques, et le grand âge des intéressés!

• Antonio Guterres,  Premier Ministre portugais, était avec 130 hommes d’affaires lusitaniens, cinq jours en Chine, entre Pékin, Shanghai, Suzhou et Chongqing, après avoir franchi la frontière à Macao. Gutierres, qui a recontré Zhu Rongji, avait deux missions : mettre la dernière main au retour, désormais proche, de Macao à la Chine (20 décembre 1999), et améliorer les échanges entre les deux pays (300MUSD).

• Les ministres et vice-ministres "licenciés" le mois dernier ne vont pas rester longtemps au chômage : vingt d’entre eux entament immédiatement, à l’université Qinghua, un séminaire ultra rapide (2 mois), qui fera d’eux des «inspecteurs en Grandes Entreprises d’Etat». Suite à quoi chacun, chargé de 5 grandes entreprises d’Etat (GEE), devra vérifier l’état de leurs finances et actifs, évaluer leur productivité et celle de cadres, avant de rédiger un rapport secret, destiné (en principe) directement à la Comm. d’État pour l’économie et le commerce, sans être montré aux directeurs.

Zhu lance ainsi la 1ère manche du match pour l’avenir des GEE : celle consistant à obtenir des données fiables. Handicap : les inspecteurs néophytes risquent de trouver face à eux des personnages influents, souvent au même rang qu’eux dans le parti, et n’ayant rien à perdre.

• Face à la presse américaine jeudi 23, à peine libéré pour «raison de santé», Wang Dan, dissident n°21 du pays, a fait appel en faveur de ses frères d’infortune demeurés en prison. Deux jours après son départ pour Detroit, Wang Tingjin, autre intellectuel, avait été condamné à 2 ans de camp de travail. Wang Dan a néanmoins exprimé sa considération pour Zhu Rongji, "distinct des autres chinois", qui peut "faire des choses bien pour la Chine" mais dont "la route sera très difficile".

• La mise en place d’un Bureau de maintien de la stabilité sociale, directement sous contrôle du Comité Central, exprime l’attention extrême du pouvoir face au nouveau danger lié à la multiplication des manifestations pour cause économique. Ce bureau assurera la coordination entre police, Ministère de la Sécurité publique, police armée, départements de la propagande et de l’idéologie, syndicat, Ministère de la Sécurité Sociale et des minorités ethniques. Tout en gé-rant les crises locales (en payant ponctuellement salaires et pensions), cette instance tentera aussi de débusquer les «mouvements politiques clandestins» et «l’ennemi extérieur». Car le Parti sait mieux que personne sur quel terrain de misère sociale, peut prospérer l’agitation.

• Après 3 ans de dangereux black out, les deux «frères ennemis» de la Chine se reparlent: accord jeudi 23 pour la venue à Pékin, cette année, du Psdt de la SEF Koo Chen-fu.

De son côté Tang Shubei, vice-Président de l’ARATS, (l’Association pour les Relations au Travers du Détroit de Taiwan)  a accepté l’invitation du chef de la délégation taiwanaise Jan Jyh-horng pour se rendre à Taiwan.

Deux jours de discussions  ont donc ramené les relations à leur niveau d’avant la rupture, provoquée par la visite "privée" du Président taiwanais Lee Teng-hui aux USA en 1995.

Autre signe de rapprochement: l’état-major de la Banque de Chine (BdC) se rendra le 8 mai à Taiwan à l’invitation de Sinopac, Chinatrust, ICBC, et Chang-Hwa (récemment privatisée) pour tenter de rétablir des liens bancaires directs -rouvrir le robinet des crédits taiwanais.

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