Le Vent de la Chine Numéro 16

du 26 avril au 2 mai 1998

Editorial : China Business Summit : un Sommet ‘modeste’

C’est un sommet de Davos, peu triomphaliste, qui s’est tenu à Pékin (20/22avril).

Si Li Lanqing, seul poids lourd à avoir honoré de sa présence ce colloque (550 hommes d’affaires chinois/étrangers), a redit son projet d’investir au moins 750 MMUSD d’ici fin ‘2000 en infrastructures, on n’a guère entendu cette fois-ci les trompettes de l’autosatisfaction.

A cela, deux raisons:

1. selon Fan Gang, danseur étoile de l’analyse économique chinoise, la Chine devrait payer (en croissance industrielle) six mois d’inaction des ministères, dans l’attente de Zhu Rongji et des restructurations.

2. Zhu vient de donner une consigne prioritaire au Conseil d’État – la modestie!

Le Sommet de Davos voulait poser la question, si la Chine devrait dévaluer, ou plutôt (ô audace, pour cette enceinte le plus souvent compassée d’admiration envers la Chine) quand !

La réponse des analystes est unanime : c’est « non » (ou en tous cas, pas avant 1999), surtout en raison des bonnes performances du commerce extérieur (encore 10 MMUSD de janvier à mars), et de l’incapacité des pays de l’Asie du Sud-Est, avec leur absence de cash, à concurrencer la Chine sur les marchés d’export.

Par contre, un triple avertissement est donné à Pékin pour les mois à venir: face aux risques de déchirure du tissu social, suite aux dizaines de M de chômeurs attendus (180M ou 28% de la pop. active) d’ici ‘2000, contre 12M aujourd’hui), face aux dettes insolvables chez les banques (7% des actifs, selon Dai Xianglong, Gouverneur de la Banque centrale (BPdC), 26 à 40% selon les analystes); et face à un risque de croissance basse d’ici 3 à 4 ans : 8%, OK, mais pas moins!

 


A la loupe : LA CHINE ‘JAUNE’, CETTE OUBLIÉE

La Chine de l’intérieur a causé de vertueux débats sur l’avenir de ses 770 M de Chinois oubliés des dieux et de la finance.

Les chiffres de la Banque asiatique de développement (BAD) sont accablants:

la côte truste 82% des JV,88% des export et croît 30% plus vite. En matière d’investissements fixes, Pékin s’est donné comme priorité d’inverser la vapeur, en faveur de l’intérieur. Mais avant d’y parvenir, et d’y associer l’étranger, que d’ornières à dégager!

J. Cohen, avocat US, aligne quelques cauchemars de l’étranger venu investir en Chine «jaune»:

– l’avion pour repartir n’existe pas le jour désiré, est plein, ou annulé/dernière minute;

– au tout récent séminaire d’investissements à Chongqing (30 millions d’âmes), avec des dizaines de firmes étrangères invitées, Maire et Secrétaire du Parti n’ont pas jugé bon d’assister. Idem, des provinces de l’intérieur reportent «à demain» le «feu vert» aux contrats JV, ou imposent des clauses illégales:«seul fait foi le texte chinois».

A l’évidence, l’Intérieur n’est pas toujours convaincu de s’ouvrir à l’étranger – peur de perdre un style de pouvoir autoritaire?

– pas de soutien  en cas de conflit, la mairie se défausse sur la Cour d’arbitrage et conseille (sic) d’«aller perdre 2 ans et 100000USD»

– les publicités d’investissements sont rébarbatives, plus pleines de règlements que de cas de JV ayant réussi chez elles.

– privées de contacts à l’étranger, ces provinces n’y vont pas, ou y perdent leur temps


Joint-venture : Feu rouge à la ‘vente directe’ américaine

• Hercules Inc. (produits chimiques, USA) signe sa 2ème JV en Chine (la 2ème à Shanghai avec «Chlor/alkali»): avec le pékinois Yanshan/ Petrochem, JV destinée à produire, à terme, 2000t de résines d’hydro carbone pour adhésifs et produits plastiques, Chine et export. Hercules a la majorité des parts dans ses 2 JV

• Globalstar, le réseau spatial de téléphone mobile (48 satellites/orbite basse) monté par Loral Space, qui entrera en activité en 1999, reçoit un nouvel actionnaire: China Telecom (HK), le bras financier des PTT chinois, entre dans son capital pour 1,6%, moyennant 37,5M USD. Clause peu banale de cet accord négocié en 1996: ce financement offre «rétroactivement» à China Telecom (HK) une plus-value de 120MUSD, plus l’exclusivité du réseau en Chine. Commentaire de B. Schwartz, PDG de Globalstar: «comme investisseur, China télécom se débrouille très bien». Il est vrai que le marché chinois de la téléphonie vaut bien une messe.

• D’autre part, la Chine participe à un autre réseau téléphone/satellite, APMT, système destiné à couvrir les 3,1MM d’âmes de la région Asie. Projet commun avec Singapour, Thaïlande, Malaisie, Japon, et Indonésie, d’un investissement global de 650M USD. Créée semaine passée par quatre ex-ministères ou organes publics et deux GEE (China Aerospace et China Ressources), «China APMT» sera responsable du lancement du satellite géostationnaire produit par Hughes (USA). Les téléphones produits par une JV US-Chine-Singapour, fonctionneront aussi sur réseau GSM, et passeront automatiquement sur réseau APMT dès qu’ils sortiront de l’oreille GSM. Permettant ainsi un coût d’exploitation bien moindre que ceux des réseaux « Iridium » ou « Globalstar ». Ouverture en 2000, durée de vie 12 ans, nombre d’abonnés = 400000 en ‘2002, et 1M à terme.

• la Hong-Kong & Shanghai Bank vient d’ouvrir sa 8ème succursale en Chine, qui est sa 1ère dans une province de l’Intérieur, à Wuhan (Hubei). HSBC a aussi deux bureaux de représentation à Shanghai et Pékin.

• «Catastrophe» -sans doute attendue!- pour les géants US de la vente directe, Amway (80 000 revendeurs en Chine, 178MUSD de chiffre en 1997) Avon (75M USD), Mary Kay: l’interdiction immédiate de leur activité en Chine -essentiellement des ventes « directes » de produits cosmétiques et ménagers, où l’acheteur bénéficie de ristournes proportionnelles au nombre de clients supplémentaires racolés.

Amway balaie tardivement devant sa porte, proposant une révision de son système de distribution. Pékin, qui veut mettre un terme aux escroqueries générées par cette forme de commerce et par l’absence de recours du consommateur, refuse tout compromis, autre que celui d’autoriser, pour certaines de ces compagnies,  la vente de leurs produits par le commerce de détail.

 


A la loupe : QUELLE ‘PEAU NEUVE’ POUR LES BANQUES?

Comment réformer le secteur bancaire, qualifié par un expert chinois d’«un des pires, sinon le pire d’Asie »? Lors du Sommet, très écouté, le gouverneur de la Banque Centrale, Dai Xianglong a annoncé son plan :

1. doubler (à 200) le nombre des agences locales de la Banque centrale (BPdC);

2. afin de désenclaver et décourager le réflexe «province»,  replacer les 30 agences «provinciales» par 12 branches «régionales»

3. aug-menter «modérément» la masse monétaire (pour atteindre l’objectif de 8% de croissance du PNB);

4. et surtout, réduire les risques monétaires, en surveillant les coopératives de crédit, la séparation entre banque (commerciale), bourse et assurance; et en recensant les actifs des banques, pour atteindre une image (crédible) du pourcentage des dettes irrécupérables. Comme autre mesure, le Gouverneur a rappelé la recapitalisation des banques commerciales (270 MMY, pour commencer, financée par une émission de bons du trésor sur 30 ans.

Face à quoi une assemblée courtoise, mais pas forcément convaincue, a exprimé son opinion: les 270MMY seraient «notoire ment insuffisants», de même que les moyens «politiques» investis pour convertir les Banques commerciales à l’esprit privé: demande a été faite, que l’étranger ait accès au rachat de banques «même de taille moyenne »… On est loin du compte!


Argent : Everbright- un délit d’initié, de bonne foi

• «Garder les grandes, larguer les petites»: ce mot d’ordre en vigueur depuis septembre 1997 (15. Congrès), donne lieu à travers la Chine à une course effrénée entre villes et provinces, à qui se débarrassera le plus vite de ses Entreprises d’Etat petites et moyennes.

Il faut dire que ces usines (qui peuvent malgré tout «peser» jusqu’à 20 000 emplois) forment 95% du parc industriel public: vaste remue ménage, et l’offre sera supérieure à la demande !

Xuzhou (Jiangsu) a organisé une foire de 3 jours à Hong Kong.

Le Liaoning lui, fait un show itinérant, Shenzhen-Xiamen-Nanjing: au menu, 1500 PME de 1000 à 5000 salariés, mais nulle obligation de tous les reprendre. Enfin, ces «offres publiques de vente» ne marchent pas toutes: des 56 firmes offertes par Pékin depuis novembre dernier, aucune n’a été reprise.

Trois raisons évoquées par la presse : les dirigeants freinent la vente, par peur que ne se découvre alors des irrégularités comptables, le « Bureau de cession » n’est pas très à la page, et les ministères, jusqu’à présent, ne veulent pas s’en mêler (quoique ces ventes soient directement concernées par la réforme des droits de propriété)

• Quand la consommation baisse, l’alimentaire tient bon: Beijing Enterprise, un des poids lourds nationaux du secteur, annonce pour 1997 un profit net de 426M USD (48%), sans compter 150M de plus value boursière et 210M des émissions de titres «Bière Yanjing» (parts «A», pour le marché intérieur). Cette année, les profits du groupe devraient progresser de 19% (et 8% en 1999), tirés par ses 3 «locomotives»: Yanjing, Mc Donald, et BISC (commutateurs électriques).

• Afin de faire face à la crise menaçant les chantiers navals chinois, Shanghai investit dans un chantier pour bâtiments à haute valeur ajoutée: capacité en «gros tonnage», 300 000DTW au lieu des 100 000t son maximum actuel, et en méthaniers (GPL et GNL). Invest. total: 7MMY, dont 4,4MY pour le chantier (Cie par actions, financée par Baosteel, Shanghai Electric et China shipping Industry) et 2,6MMY pour une usine de moteurs diesel. NB: c’est de Shanghai-même que partira un très ambitieux réseau gazier, avec pour finalité 1ère la production d’électricité «propre», et pour matière 1ère le GNL du Moyen Orient. Infrastructure d’un coût total de 7MMUSD, actuellement en négociation avec l’étranger.

• China Everbright, compagnie de droit Hongkongais, présente ses excuses à l’autorité boursière de HK, pour une "entorse de bonne foi" aux règlements -en fait, un délit d’initié. Un jour avant l’annonce de la création de la Banque Everbright en juin 1996, comportant l’émission d’actions et le rachat de 20% du capital pour 2,4MM HKD, le groupe chinois avait secrètement offert à ses 6 directeurs, un droit de préemption sur 5,7% du stock, soit 50M de parts, au prix « plancher ».

Peut être suite à une intervention des chiens de garde  Hongkongais, les directeurs ont intégralement rendu les options ou remboursé les actions, intérêts inclus. Bon prince, le Stock Exchange a conclu qu’il n’en demanderait pas davantage. NB : Everbright Ltd est sous contrôle direct du Conseil d’Etat, sous la férule de Zhu Xiaohua, un protégé de Zhu Rongji.

 

 


Pol : un ‘bureau de maintien de la stabilité sociale’

• Si chaque jour en Chine apporte son lot de manifestations, celle de la semaine passée, à Pékin, constitue une nouveauté absolue : devant la mairie, une vraie manifestation de Chinois, et d’étrangers!

Et pourtant, la police n’est pas intervenue : ces petits investisseurs se plaignant de fraude et non respect de leur contrat immobilier. Alors qu’ils auraient dû prendre dès août 1996 possession de leurs appartements dans le (projet de) complexe Sunshine Plaza, au Nord de Pékin, ceux ci n’ont jamais été terminés. Une plainte déposée en 1997 (Cour Intermédiaire) a été rejetée, l’affaire est en appel. Chinois comme étrangers (japonais, américains, italiens…) ayant tous perdu  des centaines de milliers de USD d’arrhes, recourent à ces moyens en désespoir de cause. A l’origine du problème, selon certains : Chen Xitong, l’ex-maire déchu.

• Le Vatican avait fait un « coup » d’une rare subtilité, en invitant officiellement deux évêques non officiels, Mathias Duan et Joseph Xu, à participer au synode « Asie » en cours jusqu’à mi-mai.

Ces deux ecclésiastiques de la région de Chongqing, nommés par le Pape avant la libération de 1949, étant tolérés par Pékin en raison de leur grand âge. Mais trop, c’est trop : le Bureau des affaires religieuses du Conseil d’Etat a vite signalé que les deux invités n’obtiendraient « hélas, probablement pas leur visa ». Deux raisons invoquées : l’absence de relations diplomatiques, et le grand âge des intéressés!

• Antonio Guterres,  Premier Ministre portugais, était avec 130 hommes d’affaires lusitaniens, cinq jours en Chine, entre Pékin, Shanghai, Suzhou et Chongqing, après avoir franchi la frontière à Macao. Gutierres, qui a recontré Zhu Rongji, avait deux missions : mettre la dernière main au retour, désormais proche, de Macao à la Chine (20 décembre 1999), et améliorer les échanges entre les deux pays (300MUSD).

• Les ministres et vice-ministres "licenciés" le mois dernier ne vont pas rester longtemps au chômage : vingt d’entre eux entament immédiatement, à l’université Qinghua, un séminaire ultra rapide (2 mois), qui fera d’eux des «inspecteurs en Grandes Entreprises d’Etat». Suite à quoi chacun, chargé de 5 grandes entreprises d’Etat (GEE), devra vérifier l’état de leurs finances et actifs, évaluer leur productivité et celle de cadres, avant de rédiger un rapport secret, destiné (en principe) directement à la Comm. d’État pour l’économie et le commerce, sans être montré aux directeurs.

Zhu lance ainsi la 1ère manche du match pour l’avenir des GEE : celle consistant à obtenir des données fiables. Handicap : les inspecteurs néophytes risquent de trouver face à eux des personnages influents, souvent au même rang qu’eux dans le parti, et n’ayant rien à perdre.

• Face à la presse américaine jeudi 23, à peine libéré pour «raison de santé», Wang Dan, dissident n°21 du pays, a fait appel en faveur de ses frères d’infortune demeurés en prison. Deux jours après son départ pour Detroit, Wang Tingjin, autre intellectuel, avait été condamné à 2 ans de camp de travail. Wang Dan a néanmoins exprimé sa considération pour Zhu Rongji, "distinct des autres chinois", qui peut "faire des choses bien pour la Chine" mais dont "la route sera très difficile".

• La mise en place d’un Bureau de maintien de la stabilité sociale, directement sous contrôle du Comité Central, exprime l’attention extrême du pouvoir face au nouveau danger lié à la multiplication des manifestations pour cause économique. Ce bureau assurera la coordination entre police, Ministère de la Sécurité publique, police armée, départements de la propagande et de l’idéologie, syndicat, Ministère de la Sécurité Sociale et des minorités ethniques. Tout en gé-rant les crises locales (en payant ponctuellement salaires et pensions), cette instance tentera aussi de débusquer les «mouvements politiques clandestins» et «l’ennemi extérieur». Car le Parti sait mieux que personne sur quel terrain de misère sociale, peut prospérer l’agitation.

• Après 3 ans de dangereux black out, les deux «frères ennemis» de la Chine se reparlent: accord jeudi 23 pour la venue à Pékin, cette année, du Psdt de la SEF Koo Chen-fu.

De son côté Tang Shubei, vice-Président de l’ARATS, (l’Association pour les Relations au Travers du Détroit de Taiwan)  a accepté l’invitation du chef de la délégation taiwanaise Jan Jyh-horng pour se rendre à Taiwan.

Deux jours de discussions  ont donc ramené les relations à leur niveau d’avant la rupture, provoquée par la visite "privée" du Président taiwanais Lee Teng-hui aux USA en 1995.

Autre signe de rapprochement: l’état-major de la Banque de Chine (BdC) se rendra le 8 mai à Taiwan à l’invitation de Sinopac, Chinatrust, ICBC, et Chang-Hwa (récemment privatisée) pour tenter de rétablir des liens bancaires directs -rouvrir le robinet des crédits taiwanais.


Temps fort : UN SECTEUR PILOTE : LE FRET AÉRIEN

Un des secteurs à la croissance la plus vive: le fret aérien, qui passera de 1,35 Mt en 1997 à 2Mt en 2000. Mais il reste très en retard (1/°°° de tous trafics, contre 2% dans le monde), surtout face à l’Asie.

Raison: son protectionnisme.

En valeur, 12%du fret vers les USA emprunte la voie des airs, contre 80% à Singapour.

Pour les experts, ce frein à lui seul expliquerait le retard de croissance de la Chine de l’intérieur: selon FedEx, en 1995, Wuhan, Chongqing, Chengdu ont reçu ensemble 1MMUSD d’investissement étranger-1/3 de Shanghai, qui elle, dispose d’un bon pivot (hub) de correspondances internationales. Idem, Hubei et Sichuan empochaient en 1995 chacun 2% des ex-ports nationaux, contre 40% à Canton.

La Chine a 20 avions-cargo, et (grâce aux avions non fret, 70% du trafic) une capacité de 3590t. Elle «rachète» 700t/ semaine aux transporteurs sud-coréens (vers l’Europe et les USA), et «revend» à l’étranger, en 1997, 27000t de fret.

La Chine manque de matériel spécialisé (camions frigo, palettes-«air» etc.), ses règlements de douane sont à l’ancienne, son personnel et ses procédures sont imprévisibles. Enfin (surtout), la Chine n’a pas de réseaux à l’étranger. Suggestion de l’allemand H.E. Mahncke : renoncer à imposer des JV aux convoyeurs étran-gers (irréalisables), les laisser intégrer leurs réseaux mondiaux en Chine, créer leurs «hubs» -répondre maintenant à la demande mondiale en fret chinois, et donner l’exemple aux Cies locales. Fait remarquable: les hôtes chinois du panel (dont un directeur  à la CAAC) n’ont pas dit ‘non’!


Petit Peuple : Trois époques, trois descentes!

• «Trois ‘on dit’ font courir un tigre en rue», dit le proverbe (signifiant que la rumeur, suffisamment répétée, finit par être crue de tous).

Toutefois dans les montagnes de Lingshan, à 50 km à l’ouest de Pékin, la réalité dépasse le proverbe, puisque des empreintes de léopard y ont été relevées, et que les villageois se plaignent de voir leur sommeil troublé par les hurlements des loups. Ce «retour à la nature», étant imputé aux efforts  de protection de la nature, notamment de reforestation.

• Partout dans la rue, le métro, et même certains hebdomadaires, se rencontre cette boutade, esprit du temps, qui exprime du petit peuple ses inquiétudes – et son éveil : Mao invitait le peuple à   xiafang (descendre aux champs, se mettre à disposition du prolétariat rural), Deng Xiaoping à xiahai (descendre à la mer », en se mettant à son compte). A présent, Jiang Zemin invite les masses à xiagang (quitter leur emploi, pour cause de licenciement).

• Zhu Rongji a demandé de «développer un enseignement moderne, adapté aux nouvelles réalités du marché» : à Canton, un institut a traduit la consigne, en ouvrant un cycle d’études sur 8 ans, intitulé "Construction et Géomancie", consacré aux études d’architecture, sous l’angle du fengshui, science des forces vitales « du vent et de l’eau ».

Les parents préféreraient du plus «solide». Mais professeurs et étudiants n’ont aucun doute : le fengshui sera un atout dans leur carrière : à HK, pas une tour ne se construit, sans consultation préalable du maître géomancien.

• Shenyang  (Liaoning) suit Hefei (Anhui), dans cette intéressante innovation en matière de taxation : les filles des salons de karaoké qui, dans ces deux villes, passent pour compter en dizaines de milliers, sont considérées comme «travailleuses» à part entière, et taxées, sur un revenu correspondant à des prestations que la morale réprouve. Pratique avantageuse pour le trésor municipal, mais aussi pour ces demoiselles, qui en retirent un début de statut.

• Fort de sa patente n° ZL96 2 16244.2, le Henanais Zhang Zhangping affirme dur comme fer que Motorola lui a piraté deux de ses modèles de clavier, dans ses combinés n°308 et 328. Fort embarrassé, le groupe américain dément : la patente de Zhang serait invalide -affaire en cours.

• A Pékin, 2 sections nord de l’enceinte de la Cité Interdite, datant de l’époque Ming (14.17 siècle) viennent d’être excavées sur le site de la future avenue Ping’an, partie des 9 kms de la 2ème enceinte concentrique, interdite d’accès au petit peuple, résidence de corps de gardes et de scribes impériaux.

•  Toujours plus haut… Sanya, la station balnéaire de Hainan, conjure le mauvais sort en érigeant le plus haut Bouddha du monde, 108m, 14 de plus que la statue de la Liberté. Un avatar féminin du Botisatthva, plus précisément : la déesse Guangyin, protectrice des marins et des femmes enceintes. Le chantier, qui durera 15 mois, sera financé par les fortunés fidèles, qui paieront chacun 8000 Y pour une statuette miniature portant leur nom, ensuite intégrée à la construction. Il y aura de la place pour 100 000 mécènes -le financement attendu, représentant le double du budget nécessaire.

 

 


Rendez-vous : Football : Girondins – Guo’An, à Pékin

20 mai,  à Pékin : venue des champions du ballon rond, les Girondins de Bordeaux, opposés (au Stade des Travailleurs) au club pékinois Guo’an. Billets disponibles au restaurant «Petit Paris» après le 10 mai. Autre rencontre amicale en préparation, en province.

• 22, 29 avril, début mai, Pékin: visites en rafale de hauts émissaires américains, préparant le sommet Clinton/Jiang : C. Barshefsky (Représentante du Commerce), M. Albright  (Secrétaire d’Etat), et un émissaire «produits agricoles ».

• 2-5 mai, Pékin : cérémonies du centenaire de l’Université (Beida) de Pékin -la plus ancienne et prestigieuse du pays, en présence des recteurs des meilleures universités d’Europe.