Suivi de son secrétaire d’Etat Rex Tillerson, de son gendre Jared Kushner, et de son épouse Melania, le Président Donald Trump débarquait à Pékin le 8 novembre, en visite d’Etat, après s’être rendu au Japon et en Corée du Sud. A chaque étape, ses hôtes ont appliqué la même stratégie, surprenante pour des Occidentaux, déployant tous les fastes afin de recevoir le Président de manière plus flatteuse qu’en son propre pays. Autre surprise, sans doute due à une préparation minutieuse de la part de son équipe, D. Trump s’est montré fort présentable et a réalisé un sans-faute diplomatique, évitant toute polémique et se montrant détendu, souriant et positif.
Xi Jinping a reçu D. Trump place Tian An Men avec tapis rouge et revue militaire, puis lui a offert une cérémonie du thé dans la salle des trésors de la Cité Interdite, suivi d’un dîner privé. Pendant ce temps, ses conseillers et les 29 patrons de groupes américains se mettaient au tapis vert, annonçant dès le premier soir des affaires à hauteur de 9 milliards de dollars. Mais le lendemain, ce chiffre explosait à près de 253 milliards de dollars – du jamais vu !
Boeing fournirait 300 avions pour 37 milliards de $ à Spring, compagnie low-cost, et China Energy, financerait un projet de gaz de schiste expérimental en Virginie de l’Ouest, pour 87,7 milliards de $ .
Chantier historique : le fonds CIC, la Bank of China et Sinopec s’associent pour développer un gisement gazier en Alaska, dont les trois-quarts du gaz partiront en Chine. Il en coûtera 43 milliards de $, mais la rentabilité n’est pas l’objectif ultime. Ce sera le plus grand chantier mondial sous le cercle arctique. La Chine s’impose « 1ère puissance arctique » et elle le fait depuis le sol américain.
Qualcomm lui, veut livrer en 3 ans pour « environ » 12 milliards de $ de microprocesseurs à Oppo, Vivo et Xiaomi, fabricants de smartphones. Goldman Sachs ouvre un fonds de financement de 5 milliards de $ avec CIC pour des projets industriels bilatéraux ; DowDuPont livrera un polyuréthane résistant et léger, matière 1ère des futurs vélos partagés du groupe Mobike ; Caterpillar fournira des engins à China Energy ; Ford et GM se voient commander pour 11,7 milliards de $ en pièces et voitures ; Bell doit fournir à l’exploitant Reignwood 50 hélicoptères, en plus des 60 de la commande originale ; et JD.com, n°2 chinois du e-commerce, commande à long terme du bœuf du Montana, du porc du groupe Smithfields…
Détail important, la majeure partie de ces « affaires » en sont au stade de la déclaration d’intention – ces « essais » doivent encore être transformés. Toutefois même ainsi, ils pourraient aboutir à des centaines de milliers d’emplois aux Etats-Unis – un bilan suffisant pour faire que la population et la presse américaine commencent à regarder leur Président d’un œil différent, inversant la courbe d’impopularité qui croît depuis son intronisation il y a tout juste un an.
En contrepartie, durant ces deux jours, Xi Jinping n’a rien lâché sur ses priorités. On a pu s’en rendre compte à l’écoute des allocutions des deux Présidents. Sur la Corée du Nord, Trump a pu évoquer l’isolement intraitable qu’il rêvait d’infliger au leader Kim Jong-un afin de le forcer à renoncer à sa course à la bombe. Mais Xi lui, s’est borné à réitérer son accord sur « l’objectif », pas sur la manière.
Sur l’expansion chinoise en mer de Chine du Sud, Xi s’est borné à remarquer que l’« océan Pacifique est assez grand pour tout le monde ». Et sur la demande de Trump d’ouverture du marché chinois et d’égalité de traitements entre firmes des deux pays, la réponse de Xi s’est cantonnée dans les banalités, sans s’engager sur aucune promesses…
C’est ainsi que Trump repartit de Pékin regonflé de gloire et de contrats, mais au prix de sa liberté de manœuvre face à la Chine, sur les questions qui comptent !
1 Commentaire
anneribstein
13 novembre 2017 à 03:13Intéressant de mettre en perspective ces informations avec la perception que l’on a pu avoir depuis la France pour cette rencontre.
Merci