Santé : Le casse-tête nataliste

« Non la Chine ne manque pas de bras », affirmait aux élus Wang Pei’an, vice-ministre du Planning familial. En 2016, la population active (15-64 ans) s’élevait à 1,02 milliard. Elle baissera à partir de 2021 pour atteindre 952 millions en 2030 et 800 millions en 2050. Mais même à cette date, la cohorte chinoise dépassera toujours celle d’Europe et des Etats-Unis d’aujourd’hui – qui en compte 730 millions. Ce qu’il faut viser, selon Wang, est donc moins une « quantité » qu’une « qualité ». Santé et éducation permettront de maintenir le cap de croissance économique. Le ministre veut rassurer, car la première phase du plan n’a pas bien marché. En 2015, la Chine autorisait 2 enfants par couple, et attendait donc 4 millions de naissances supplémentaires par an. Mais en 2016, l’augmentation n’a été que de 1,31 million. On était loin du compte !

Les raisons du « manque à naître » sont multiples. Après 40 ans de restrictions rigides à un enfant par foyer, les jeunes parents ne veulent plus de bébés, préférant privilégier leurs carrières et leurs vies privées. Aussi, 60% des  mères d’un premier enfant reculent devant une seconde grossesse. Elles craignent le coût prohibitif d’un enfant en plus (en habillement, éducation, santé et nourriture), le risque d’être congédiée, et le manque de soutien, de crèche…

Li Wei, ancien maire de Jiangmen (Guangdong) pense que le carcan du planning doit disparaître au plus vite, pour des raisons sociopolitiques. Cumulé depuis tant d’années, le déficit démographique fait peser sur le pays la catastrophe d’une Chine sans jeunes pour nourrir ses vieux, « devenue vieille avant d’être devenue riche ».

Sun Xiaomei, de l’Université des femmes de Pékin, vient pourtant positiver, évoquant la situation dans les petites villes. Là, le coût de la vie est moindre, le stress moins intense. Néanmoins, Sun espère que Pékin se donnera au moins 5 ans avant de restaurer la liberté totale de natalité, car les maternités sont débordées et les pédiatres risquent le surmenage avec  100 consultations par jour. Pour faire vacciner leurs nouveau-nés, les mères doivent attendre des semaines. Huang Xihua, élu, suggère un subterfuge : abaisser à 18 ans l’âge légal du  mariage (22 ans pour les garçons, 20 pour les filles). 

Li Bin, la ministre de la Santé, réaffirme les récents engagements du Conseil d’Etat : 89.000 lits de maternité à créer sous 3 ans, des milliers de pédiatres supplémentaires à former, des congés de maternité déjà généreux des provinces, et le début d’un régime de baisses d’impôts et d’allocations… Tout ira bien —si les promesses publiques sont tenues.

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