Comme chaque année, le Président Xi Jinping a présenté ses vœux à la nation lors d’un discours retransmis à la télévision. Depuis son bureau de Zhongnanhai, le n°1 chinois s’est montré confiant dans l’avenir : « après avoir traversé la tempête, l’économie chinoise est plus résiliente et dynamique qu’auparavant », a-t-il lancé.
La réalité est plus nuancée : la croissance du pays ne cesse de ralentir et il devient urgent pour le gouvernement de trouver un moyen de stimuler l’économie. Pour cela, le dirigeant compte beaucoup sur les véhicules électriques, les batteries et les panneaux photovoltaïques, qui ont tous trois eu droit de cité dans l’allocution de Xi.
Dépeignant la Chine comme une grande nation d’innovation, le leader a également listé les avancées technologiques chinoises qui ont marqué 2023, que ce soit dans l’espace, avec les missions Shenzhou, ou dans les profondeurs de l’océan, avec le submersible Fendouzhe. Le Secrétaire général du Parti s’est également réjouit du lancement commercial du moyen-courrier C919, concurrent de l’Airbus A320. Son constructeur, Comac, envisage d’ailleurs de déposer une demande de certification auprès des autorités européennes en 2024.
Il n’a pas non plus échappé au leader que les marques chinoises gagnent en popularité sur le marché domestique, comme à l’international (BYD, Shein, Temu sont les grands gagnants de 2023) et que les smartphones chinois se vendent comme des petits pains (notamment le dernier modèle de chez Huawei, pied de nez aux restrictions technologiques américaines).
Xi Jinping a également tenu à souligner les différents événements organisés par la Chine en 2023, tels que les Jeux Asiatiques de Hangzhou, le sommet Chine-Asie Centrale à Xi’an ou encore le Forum « Belt & Road » (BRI) à Pékin, manière de présenter son pays comme un acteur incontournable sur la scène internationale.
Pourtant, le dirigeant n’a pas daigné mentionner directement les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, se contentant d’évoquer « certaines régions du monde en proie à la guerre ».
De même, le Président s’est montré beaucoup moins prolixe sur les difficultés économiques rencontrées par ses compatriotes et par les entreprises chinoises, affirmant seulement sur un ton ému « qu’ils occupaient toutes ses pensées ».
Sans être doué de télépathie, on peut aussi deviner que le scrutin présidentiel à Taïwan occupait l’esprit du dirigeant chinois lorsqu’il rappela la « nécessité historique de réunifier la patrie ». Il ne pourra pourtant pas compter sur l’aide de Taipei pour cela car c’est William Lai, candidat du Parti démocratique progressiste (DPP) qualifié de « fauteur de troubles » par Pékin, qui a remporté ces élections le 13 janvier. Il faut donc s’attendre à ce que les tensions perdurent entre Pékin et Taipei cette année, avec davantage de manœuvres militaires dans le détroit, de mesures pour isoler Taipei et d’implication de Washington. Cependant, un conflit armé paraît improbable à court terme.
Toujours ce mois-ci, le 27 janvier, Paris et Pékin célébreront le 60ème anniversaire – chiffre hautement symbolique en Chine – de leurs relations diplomatiques. Une visite de Xi Jinping en France, nation organisatrice des Jeux Olympiques de 2024, a également été évoquée. 2024 sera aussi l’année franco-chinoise du tourisme culturel, inaugurée lors du festival des glaces de Harbin avec des sculptures grandeur nature de Notre-Dame de Paris et du Temple du Ciel (cf photo). A cette occasion, une série d’évènements culturels et artistiques seront organisés un peu partout en Chine. Retrouvez le programme complet ici.
Quelques jours plus tard, le 10 février, le monde chinois célèbrera le passage à l’année du Dragon, signe de bonne fortune, propice à la croissance et la prospérité, disent les astrologues.
Justement, on attend toujours la tenue du 3ème Plenum du Comité Central, réunion politique qui définit traditionnellement les grandes lignes économiques des prochaines années. Elle n’a étrangement pas eu lieu en début d’hiver 2023. Certains suggèrent alors qu’elle pourrait se tenir avant l’ouverture des « Deux Assemblées » parlementaires début mars. L’annonce du successeur de Qin Gang, ministre des Affaires étrangères, limogé pour de mystérieuses raisons quatre mois après sa nomination, est particulièrement attendue. Si Liu Jianchao fait figure de favori, Pékin pourrait bien nous réserver des surprises, à l’image de la récente nomination de l’amiral Dong Jun au ministère de la Défense. Autre date-clé de 2024 : la célébration du 75ème anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine le 1er octobre.
Au plan diplomatique, Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères par intérim, a déjà annoncé se préparer au 9ème forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC), qui se tiendra à Pékin d’ici la fin de l’année.
Autre échéance attendue en cours d’année : celle des conclusions de la Commission européenne suite à l’ouverture en septembre 2023 d’une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine. Pékin a d’ores et déjà dénoncé le « protectionnisme » de l’Union Européenne et ouvert une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées du Vieux Continent. D’autres rebondissements sont à attendre.
Enfin, s’il n’y avait qu’une seule date à retenir en 2024, ce serait sans doute le 5 novembre, date à laquelle sera désigné le 47ème Président des Etats-Unis. A ce jour, tout laisse penser que les deux finalistes de l’élection présidentielle précédente se retrouveront à nouveau pour un face-à-face. Si Joe Biden s’est montré davantage enclin à gérer la rivalité qui anime les deux grandes puissances et à éviter la confrontation, Donald Trump apporterait certainement son lot d’incertitudes aux relations bilatérales. Malgré cela, il y a un consensus parmi les analystes pour dire que Pékin préférerait voir le milliardaire revenir à la Maison Blanche. Mais les Chinois savent bien que l’avenir est imprévisible !
1 Commentaire
severy
16 janvier 2024 à 21:32Selon des analystes, Pékin préférerait le retour de Trump… Ce mégalomane est imprévisible, ce que n’aime pas le régime chinois. Il ne faut donc jurer de rien.