Petit Peuple : Laoshan – la vie nouvelle de deux jeunes de la haute (2ème partie)

Résumé de la 1ère partie : En haut de leur montagne de Laoshan, à une heure de Qingdao (Shandong), Tang Guanhua et Zhen Xing, les jeunes écolos, avaient un peu perdu la face, devant leurs amis venus leur rendre visite. Leur « laboratoire d’autosubsistance » sentait vraiment trop la misère et n’avait pas impressionné cette jeunesse habituée au luxe de la ville.

A peine les amis repartis, Zhen Xing eut avec son compagnon une conversation de fond : « Tang, prétendre devant nos amis changer la vie, tout en leur montrant une existence pitoyable, c’est comme si nous cherchions à « charmer la vache en lui jouant du luth  » (对牛谈琴,duì niú tán qín). Si nous voulons nous sortir de cette affaire la tête haute, il faut que l’on gagne un peu d’argent, de quoi nous équiper » ! Tang dut alors se rendre aux arguments de Zhen, et reconnaître qu’il avait pêché par excès de zèle en voulant rejeter tout d’un coup leur mode de vie passée, sans transition ni concession. 

Ils se donnèrent alors un nouvel objectif : se créer une source de revenus stables en produisant avec les moyens du bord toute une gamme de produits artisanaux. Achetant la laine et le coton au marché du village, Zhen se mit à confectionner des pantoufles au dessin taoïste, des vestes au design de la dynastie Tang, qu’ils placèrent à Qingdao dans des boutiques pour bobo branchés, en même temps que des coupelles de fleurs de sel collectées dans les salines voisines, des petites cuillères taillées dans les branches d’arbres et même, curieusement, des interrupteurs électriques en bois (cf photo).

Pp Petit ArtisanatIls limitaient au maximum les sorties en ville, avec sa pollution et ses dangereuses tentations à épuiser leurs faibles ressources. 

Un jour de 2012, ils furent bien obligés d’y aller en urgence, au premier hôpital pour vacciner une Zhen en pleurs, qui venait d’être mordue par un chien vagabond. 

Une autre fois au printemps 2013, de retour du marché, ils passèrent au bureau de la population pour se marier – un autre couple, qui sautait le pas ce même jour, leur servit de témoins.

Du coup, avec les profits de leur artisanat, ils vivaient mieux et s’équipèrent. Ils se plongèrent dans des manuels d’architecture, pour s’initier aux matériaux isolants de récupération : leurs murs bientôt se couvrirent de couches de bouteilles plastique vides et de roseaux séchés (cf photo), comme isolant thermique les protégeant de la rigueur des saisons.

Grâce à internet, ils purent se documenter, trouver des plans et consulter des forums. De la sorte, ils produisirent des éoliennes de plus en plus performantes, un purificateur d’eau et toutes sortes de systèmes pour mieux vivre, et s’affranchir de la dépendance à la ville. 

Aussi, une fois les deux ans révolus, quand les amis retournèrent les voir, Tang et Zhen tinrent leur revanche, longuement préparée. Leurs maisons étaient embellies et décorées, donnant envie d’y vivre. Le potager agrandi était impeccablement tenu. Sous le soleil, les tomates, les poivrons rutilaient, protégés des pestes par des traitements bio comme la bouillie d’orties. 

Les éoliennes et panneaux solaires avaient remplacé la dynamo des premiers jours. Le prochain projet était la production de soie, à partir des cocons sauvages que Zhen récoltait dans les arbres autour de leur domaine. Pour accueillir les vers, avant qu’ils ne dévident leur fil et créent leur cocon, Tang et Zhen installaient les claies dans une grande pièce chauffée, et repéraient les mûriers dont les feuilles serviraient à leur alimentation. Enfin dans leur isolement, nos tourtereaux se sont lancé leur dernier challenge : celui de léguer à d’autres leur expérience, qu’elle suscite des vocation, au lieu de retomber dans l’oubli. 

Sur ordinateur, Tang est revenu à son premier métier de la publicité : il crée des animations, dévoile ses techniques de survie autonome. Quand le portail interactif sera prêt, il le postera sur son site, « www.anotherland.com ». Ils veulent voir d’autres aventuriers les rejoindre, élargir la communauté, les ateliers et brassages d’idées, dans l’espoir de changer la Chine, son modèle de croissance et son habitat. Vaste programme ! Mais il est rassurant de savoir qu’une certaine jeunesse chinoise, insatisfaite de son monde trop matérialiste, prépare la relève…

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