Le Vent de la Chine Numéro 24

du 14 au 20 juin 2014

Editorial : Percée chinoise en mer de Chine du Sud : une vision à long terme

Sous Marins Chinois En ExerciceEn plaçant en mer de Chine sa plateforme de forage à 220 km du Vietnam, la Chine a lancé une « guéguerre », qui se poursuit à l’usure. 

Le 11/06, pour la 3ème fois en 1 mois, la compagnie pétrolière CNOOC, propriétaire, déplaçait à nouveau son île flottante, défendue par une armada de 120 navires (garde-côtes, cargos, chalutiers et frégates de l’APL).

De son côté, Hanoi harcèle les intrus par un essaim de petits navires. Il en résulte, dit Pékin, « 1400 abordages, tous par faute du Vietnam », lequel a quand même vu un de ses chalutiers coulé par un bâtiment chinois.
De même source, les Vietnamiens infesteraient aussi la zone, de plongeurs, filets, fûts vides… Forme de guérilla inspirée par celle des Vietminh, 40 ans en arrière, et seule défense que Hanoi puisse assurer face au Goliath chinois. 

La Chine franchit alors une autre étape en dénonçant (09/06) Hanoi et ses « calomnies » devant le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon. Elle se garde toutefois d’aller à la Cour Internationale de la Haye, comme l’ont fait les Philippines contre elle, et comme envisage de le faire le Vietnam, pour le même motif (viol de leurs eaux souveraines). Pékin semble espérer un simple vote de soutien de l’Assemblée Générale, où une majorité de pays en voie de développement lui est acquise, du fait de ses programmes d’aide.
Mais la démarche n’est pas sans risque : le jour-même, la Chine se voit invitée par Washington à remettre les pièces du dossier de sa revendication sur 4/5èmes de cette mer, aux dépends de cinq pays riverains. En un souci clair de maintenir le flou juridique, Pékin répond en priant les Etats-Unis et le groupe G7 de ne pas s’ingérer dans ce dossier qui « ne les concerne pas ». 

Il est temps, cependant, d’éclairer les objectifs à long terme de la Chine, en lançant cette action qui bouleverse les données stratégiques de la région.
Ces jours-ci, plusieurs éclairages pertinents sont publiés sur le sujet :
– Le 09/06, Richard Hu, de l’Université Chengchi (Taiwan), y voit l’application d’une stratégie des « 3 batailles », forgée en 2003 par l’armée chinoise.
Appliquée alors contre Taiwan, à présent contre le Vietnam, cette stratégie frappe sur 3 fronts à la fois : Œ l’opinion par une série de coups médiatiques (la plainte à l’ONU, l’accusation envers Hanoi de ne pas indemniser assez les industriels chinois victimes de déprédations),  le terrain psychologique (en « bannissant » le Vietnam de contrats avec les entreprises chinoises), et Ž le terrain légal, en publiant en permanence des milliers de documents qui « prouvent » sa propriété de cette mer.
– De son côté, Yun Sun, chercheur au Stimson Center (USA) précise que Xi Jinping, sans en être forcément partisan, utilise cette action pour renforcer son image d’homme fort et imposer ses réformes futures.
Il le fait aussi, dans la conviction que les Etats-Unis n’interviendront pas, et certain que les bénéfices dépasseront les coûts. Car, selon Yun Sun, toute l’offensive n’a de sens que pour créer un fait accompli, qui sera la base d’inévitables négociations, voire de rétrocession aux pays voisins de miettes de ce qu’elle aura conquis. La restauration des bonnes relations viendra plus tard.
Tout ceci semble valider une approche, digne de Machiavel : toute nouvelle puissance émergeant dans le monde crée son propre droit (de la mer), répondant à ses besoins !


Diplomatie : Inde – Chine : reprise et précautions

A peine Narendra Modi désigné 1er ministre d’Inde, suite à l’écrasante victoire de son parti nationaliste BJP, Wang Yin, ministre chinois des Affaires Etrangères, se précipitait à New-Delhi avec un message important : comme gage d’un « nouveau départ », il dit son pays maintenant prêt à régler les problèmes frontaliers, pomme de discorde depuis la guerre de 1962, perdue par l’Inde. 

À l’Ouest, Pékin revendique comme « Tibet Sud » l’entièreté de l’Etat d’Arunachal Pradesh, et l’Inde attend la restitution du Sikkim, occupé à l’Est. Selon toute vraisemblance, l’accord se ferait sur la base d’une consolidation de la ligne d’occupation actuelle—l’abandon des revendications réciproques. 

Ce rameau d’olivier de Pékin recouvre pour lui une vieille demande, mais avec une nouvelle motivation. En effet, sa pénétration en mer de Chine l’isole en Asie, en conflit direct avec Japon, Philippines et Vietnam, et les autres pays de l’ASEAN n’en pensant guère moins.

Modi lui aussi, a de forts intérêts à un tel accord : la paix et la stabilité avec son voisin lui permettraient de lancer (avec l’aide de ce dernier, déjà offerte d’ailleurs) un programme d’autoroutes, de TGV, de fermes solaires ou éoliennes, de ports… Il pourrait mettre entre parenthèses les soucis sécuritaires pour tout investir dans la croissance, qui depuis 2 ans, se traîne en dessous de 5%. Aussi, le rapprochement promet d’être fort et rapide : les deux chefs d’Etat échangeront des visites avant décembre 2014

Etrangement, au même moment, Modi donne son feu vert à un réseau de routes militaires de haute montagne, à moins de 100 km de la ligne de démarcation, entre 3000 et 6000 m d’ altitude – projet bloqué depuis des années par l’ancien cabinet. Il renforce 132 garnisons (le long des 2600 km de frontières) et signe la création de 54 autres. Et en mer d’Andaman, il débloque un autre projet gelé depuis des années, d’une oreille géante dans les îles Nicobar, afin d’écouter la station de communication chinoise, installée dans les îles Coco (Birmanie). 

Tout cela n’est pas contradictoire. L’Inde de Modi souhaite la libre circulation des hommes et des biens avec la Chine – flux touristiques et échanges de biens électroniques, d’équipements… Mais entre les deux géants, le passé récent est chargé, et la campagne chinoise en mer de Chine, incite Modi à prendre ses précautions.


Economie : Conjoncture : le retour au galop de l’investissement public !

En mai 2014, l’économie chinoise s’est arrachée à la panne qui la bloquait depuis janvier. 

L’exportation a repris de 7%, le surplus commercial a presque doublé à 35,9 milliards de $. L’inflation a remonté de 2,5%, traduisant une vraie demande et écartant le spectre de la déflation. L’indice des directeurs d’achats industriels (PMI), baromètre d’optimisme des patrons, remonte, atteignant 49,4 en mai—signe de consolidation mais il reste négatif, sous de la barre des 50. Ce sont surtout les services qui redémarrent, à 55,5, comme l’export à 53,2 – meilleur score en 22 mois. 

Seul indice encore faible : l’immobilier (qui pèse 15% de l’économie et soutient 40 secteurs) dont la hausse s’effrite, voire passe au rouge (Xiamen, -6,4%). Là, il y a réel problème quand on sait (selon une étude de l’Université du Sud-Ouest) que 49 millions de logements (22% du total) sont vendus mais sans locataires, et que 3,5 millions restent invendus. 

C’est une des raisons à la chute du PIB de 7,7% (fin 2013) à 7,4% en mai 2014. On attend un PIB de 7,3% pour l’année 2014 – le plus faible en 24 ans. 

Le bilan eût été pire sans un fort coup de pouce du Conseil d’Etat : en mai, il a investi pour 209 milliards de $ en soutien à la consommation, soit +25% et bien plus que ses 9,6% de hausse de janvier à avril. 

Au 17/06, pour les prêts à la consommation, il libère pour deux tiers des banques, 0,5% de leurs fonds de réserve. Cumulés aux mesures de mai, ce sont 90 millions de $ que Li Keqiang a débloqué : montant modeste, mais destiné surtout aux banques municipales et rurales, maximisant ainsi l’effet. Pékin a aussi ouvert en mai 80 projets d’infrastructures faisant appel à l’investissement privé, dont 54 dans les énergies, avec 117 milliards d’euros d’apport public. 

Autres mesures 

– En faveur des exportateurs, la Banque Centrale fait baisser le yuan de 3% par rapport au $. ‚ 

– Par deux fois, Li Keqiang tonne contre les cadres gelant leurs budgets, les menaçant de les confisquer en 2015, s’ils n’étaient pas déboursés en fin du mois. 

– Début juin, le Conseil d’Etat publie un plan « expérimental » autorisant 10 entités parmi les plus riches et les plus endettées (telles Pékin, Zhejiang ou Shandong) à émettre des obligations directes. Les modalités (tels les quotas) restent à définir, mais c’est la deuxième année qu’un tel plan est émis, contredisant la promesse souvent réitérée par Li Keqiang de réformer la taxation pour doter les provinciaux de ressources plus saines et moins toxiques… 

En fait, Li Keqiang, après avoir fait de la dérégulation son cheval de bataille, semble commencer à faire du stimulus sans le dire : son dernier mot d’ordre est : « Non à la croissance aveugle, Oui à une croissance « raisonnable ! »

Face à l’apparente volte-face, Banque mondiale et Fonds monétaire international (FMI) froncent les sourcils, priant Pékin de tenir bon.
Pour ces institutions, le régime d’austérité, pour cette économie à forte surcapacité, est bénéfique. Afin d’aider les provinces à réduire leurs investissements spéculatifs ou protectionnistes, le FMI voudrait voir Li Keqiang rogner l’objectif de PIB annuel, des 7,5% annoncés au Parlement en mars, à 7%. 

Cela dit, le souci du Premier ministre s’entend bien, face à une économie bloquée depuis janvier, aux faillites de PME, aux lourdes pertes des consortia publics, et aux administrations gardant leurs budgets non dépensés afin de s’éviter des accusations de corruption. 

Si la baisse se poursuivait jusqu’à 2017, fin de sa première législature, Li Keqiang ferait face à la meute des mécontents, et risquerait de rater sa nomination à un second mandat. Depuis la Révolution culturelle, il serait alors le premier chef de l’exécutif à n’avoir pas tenu l’objectif de croissance promis (7,5% de PIB)… 

Dernier point, marginal en Chine mais qui concerne davantage le lecteur. La morosité des derniers mois a déteint—c’était à prévoir—sur les firmes expatriées de la Chambre de Commerce Européenne : en 2013, elles sont 57% sur 550, prêtes à poursuivre l’investissement en Chine, contre 86% en 2012. 46% feignent de croire que « la Chine, c’est fini ». Les vieilles récriminations ressortent : le protectionnisme larvé et l’application discrétionnaire des lois et règlements leur ont fait perdre l’an dernier 21,3 milliards d’euros de parts de marché. 

Tout ceci devrait être un signal d’alarme pour le tandem au pouvoir. Son programme de 2012, de dérégulation et de croissance plus faible pour assurer l’avenir, garde sa pertinence, mais n’a pas abouti. La Chine continue à consommer plus qu’elle ne produit. 

La preuve : l’investissement social public continue à croître deux fois plus vite que le PIB, mais son rendement a disparu. Face aux 0,87$ qu’il rapportait par dollar investi en 2007, il n’en génère plus en 2013 plus que 0,10$ ! Autrement dit, Xi Jinping et Li Keqiang n’ont plus un temps infini devant eux, pour réagir.


Sport : La Chine, fan du Mondial de Football – par procuration !

Le vendredi 13 juin, malgré l’heure très matinale (4h), 18.99 millions de Chinois (selon CSM Media Research) suivirent à la télévision l’inauguration et le match d’ouverture (Brésil-Croatie : 3-1) de la « Copa do Mundo » de football, à l’Arena Corinthians de Saõ Paolo au Brésil

Cette année encore, le «11» chinois ne figurait pas parmi les 32 équipes en lice, et la Chine se languit de figurer parmi cette élite mondiale du ballon rond. Or, depuis 30 ans, tous les efforts de l’Etat (y compris l’appel à des entraîneurs étrangers) ont échoué à assurer la qualification, sauf en 2002 où l’équipe nationale disparaissait sans gloire dès le 1er tour. En juin 2014, sur 207 pays, la Chine se classe à la 103ème place. Pourtant, l’amour du football est là, indiscutable, comme en témoigne Christian Karembeu, ambassadeur de la Fifa et champion du Monde ‘98, lors de son passage en mai à Pékin, observant stupéfait ces milliers de fans survoltés, venus saluer le Trophée que la Fifa faisait voyager à travers 90 pays. 

Être quand même de la partie—par procuration

Le Brésil, au niveau de vie élevé, se situe à plus de 20h de vol de la Chine, avec escale, et les supporters capables de dépenser minimum 50.000¥ pour leur voyage (jusqu’à 775.000¥, selon le package), sont bien moins nombreux que lors du Mondial 2010, en Afrique du Sud. Comme pour adoucir l’amertume, le 8 juin, Dilma Roussef, Présidente du Brésil, souhaitait la bienvenue « à la Chine entière » via le Quotidien du Peuple.

Dans ces conditions, avec stoïcisme, les fans chinois du ballon rond vont assister à la Coupe par procuration : en portant des maillots et écharpes aux couleurs des équipes nationales(achetés sur internet), et en suivant les matches dans les bars, entre minuit et 6h du matin. 

Mais comment concilier cela avec le travail ? Rares ont la chance d’avoir un patron compréhensif, comme celui d’UCWeb, de Canton, qui offre 3 jours d’absence, et tous les vendredi, un barbecue doublé d’un open bar et d’un écran géant. Sur internet cependant, pour 100 à 300 ¥, on peut trouver des faux certificats de congés maladie avec tampon rouge et toutes les apparences de légalité. Les hôpitaux soi-disant émetteurs offrent aux patrons la vérification, pourvu qu’ils se déplacent. 

Le nombre de téléspectateurs est ahurissant : en 2010 déjà, la Chine était n°1 mondial avec une moyenne de 17,5 millions par match. Pour cette Coupe du Monde, la CCTV a dépêché 100 reporters et cameramen, pour ses 4 chaînes qui diffuseront les matchs.

Pour suivre les retransmissions, scores et commentaires de journalistes sportifs, sur internet et les réseaux sociaux, les experts prévoient, d’ici la finale du 13 juillet au Stade Maracana de Rio, une participation record à 530 millions d’internautes. Tencent, seul, (« WeChat ») envoie 50 journalistes, et tout média confondu, pas moins de 500 envoyés spéciaux chinois seront sur place. 

Metro Pekin Ligne 4 Mondial PortugalTémoin de ce désir de participer, quoiqu’à distance, le métro de Pékin avait rebaptisé chaque station de sa ligne 4 du nom d’une équipe nationale (cf photo)… A la dernière minute, le plan a été abandonné par crainte de confusion des voyageurs ! 

Comment financer tout cela ? 

Une partie de ces frais sera évidemment supportée par la publicité. Tmall, portail de galeries marchandes en ligne, a déboursé 23 millions de $ pour sponsoriser le classement, et Nike, 46 millions de $, pour être cité par la CCTV. Les industriels engrangent les recettes des fournitures du Mondial, en gadgets made in China : la perruque de nylon multicolore, la « caxirola », tambour-casserole dont 2 millions ont été exportés, les drapeaux nationaux dont 400.00 ont été imprimés, les poupées « Faleco » (le tatou mascotte de la Copa).  Yingli a équipé en panneaux solaires les stades de Pernambouc (Recife) et de Maracana (Rio), et est le seul groupe Chinois sponsor officiel. 

La Chine de l’ombre sera aussi hyperactive, gérant sur internet les paris clandestins, réputés atteindre des milliards de dollars à travers le monde.
D’ailleurs, un animal-oracle avait été désigné : copiant Paul le poulpe allemand (qui prédisait souvent avec succès les résultats en 2010 et qui finit à la casserole), trois bébés pandas devaient prédire chaque issue de match en broutant dans tel ou tel bac leur ration de bambou. Le projet a été abandonné à la dernière minute—pas question de ternir l’image de cet animal sacré, ni d’inciter les paris clandestins !

Le foot, invention chinoise ? 

La ville de Zibo (Shandong) prétend, musée du foot à l’appui, être le lieu où naquit le ballon rond dans l’Antiquité, au Royaume de Qi, avant Jésus-Christ. Sous le nom de « cuju », le football aurait ensuite essaimé sur le reste de la planète via l’Egypte antique, la Grèce, puis la Gaule, avant d’échouer en Angleterre. Bizarrement, cette prétention douteuse est soutenue par Sepp Blatter, le Président de la Fifa, un homme « très populaire dans le Shandong » (assure Mme Zhu Shuju, vice-directrice du musée), déclenchant ainsi la vive protestation des Britanniques, très à cheval sur leur paternité de ce sport mondial. Ebenezer Cobb Morley qui, en 1863 à Barnes (Angleterre), avait édicté les règles du sport sur gazon, s’en retourne dans sa tombe !


Petit Peuple : Laoshan – la vie nouvelle de deux jeunes de la haute (2ème partie)

Résumé de la 1ère partie : En haut de leur montagne de Laoshan, à une heure de Qingdao (Shandong), Tang Guanhua et Zhen Xing, les jeunes écolos, avaient un peu perdu la face, devant leurs amis venus leur rendre visite. Leur « laboratoire d’autosubsistance » sentait vraiment trop la misère et n’avait pas impressionné cette jeunesse habituée au luxe de la ville.

A peine les amis repartis, Zhen Xing eut avec son compagnon une conversation de fond : « Tang, prétendre devant nos amis changer la vie, tout en leur montrant une existence pitoyable, c’est comme si nous cherchions à « charmer la vache en lui jouant du luth  » (对牛谈琴,duì niú tán qín). Si nous voulons nous sortir de cette affaire la tête haute, il faut que l’on gagne un peu d’argent, de quoi nous équiper » ! Tang dut alors se rendre aux arguments de Zhen, et reconnaître qu’il avait pêché par excès de zèle en voulant rejeter tout d’un coup leur mode de vie passée, sans transition ni concession. 

Ils se donnèrent alors un nouvel objectif : se créer une source de revenus stables en produisant avec les moyens du bord toute une gamme de produits artisanaux. Achetant la laine et le coton au marché du village, Zhen se mit à confectionner des pantoufles au dessin taoïste, des vestes au design de la dynastie Tang, qu’ils placèrent à Qingdao dans des boutiques pour bobo branchés, en même temps que des coupelles de fleurs de sel collectées dans les salines voisines, des petites cuillères taillées dans les branches d’arbres et même, curieusement, des interrupteurs électriques en bois (cf photo).

Pp Petit ArtisanatIls limitaient au maximum les sorties en ville, avec sa pollution et ses dangereuses tentations à épuiser leurs faibles ressources. 

Un jour de 2012, ils furent bien obligés d’y aller en urgence, au premier hôpital pour vacciner une Zhen en pleurs, qui venait d’être mordue par un chien vagabond. 

Une autre fois au printemps 2013, de retour du marché, ils passèrent au bureau de la population pour se marier – un autre couple, qui sautait le pas ce même jour, leur servit de témoins.

Du coup, avec les profits de leur artisanat, ils vivaient mieux et s’équipèrent. Ils se plongèrent dans des manuels d’architecture, pour s’initier aux matériaux isolants de récupération : leurs murs bientôt se couvrirent de couches de bouteilles plastique vides et de roseaux séchés (cf photo), comme isolant thermique les protégeant de la rigueur des saisons.

Grâce à internet, ils purent se documenter, trouver des plans et consulter des forums. De la sorte, ils produisirent des éoliennes de plus en plus performantes, un purificateur d’eau et toutes sortes de systèmes pour mieux vivre, et s’affranchir de la dépendance à la ville. 

Aussi, une fois les deux ans révolus, quand les amis retournèrent les voir, Tang et Zhen tinrent leur revanche, longuement préparée. Leurs maisons étaient embellies et décorées, donnant envie d’y vivre. Le potager agrandi était impeccablement tenu. Sous le soleil, les tomates, les poivrons rutilaient, protégés des pestes par des traitements bio comme la bouillie d’orties. 

Les éoliennes et panneaux solaires avaient remplacé la dynamo des premiers jours. Le prochain projet était la production de soie, à partir des cocons sauvages que Zhen récoltait dans les arbres autour de leur domaine. Pour accueillir les vers, avant qu’ils ne dévident leur fil et créent leur cocon, Tang et Zhen installaient les claies dans une grande pièce chauffée, et repéraient les mûriers dont les feuilles serviraient à leur alimentation. Enfin dans leur isolement, nos tourtereaux se sont lancé leur dernier challenge : celui de léguer à d’autres leur expérience, qu’elle suscite des vocation, au lieu de retomber dans l’oubli. 

Sur ordinateur, Tang est revenu à son premier métier de la publicité : il crée des animations, dévoile ses techniques de survie autonome. Quand le portail interactif sera prêt, il le postera sur son site, « www.anotherland.com ». Ils veulent voir d’autres aventuriers les rejoindre, élargir la communauté, les ateliers et brassages d’idées, dans l’espoir de changer la Chine, son modèle de croissance et son habitat. Vaste programme ! Mais il est rassurant de savoir qu’une certaine jeunesse chinoise, insatisfaite de son monde trop matérialiste, prépare la relève…


Chiffres de la semaine : 1299 yuans le Brazuka, 100 millions sont « endommagés »

C’est l’usine de « YaYork Plastic Products » à Shenzhen, partenaire de Adidas depuis 1997, qui produit (avec une autre usine pakistanaise) le Brazuca, ballon officiel de la Coupe du Monde ! Il est vendu à 1299 yuans l’unité (environ 150 €). 

Lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud de 2010, il s’était vendu 13 millions de ballons officiels.

100 millions d’accros aux jeux vidéos

Une étude conduite par deux firmes chinoises (Enfodesk & Eguan) estime à 100 millions le nombre de Chinois ayant le cerveau « endommagé » par…. les jeux vidéos ! 

Accros Aux Jeux Videos

En fait, ce terme employé dans l’étude correspondrait plutôt aux joueurs accros et qui auraient développés une dépendance irrationnelle aux consoles et autres jeux sur ordinateur. Le profil type de l’accro est un homme  (30% de plus que les femmes) et vivrait pluôt dans une province du Nord-Est de la Chine (avec 29,7% des joueurs dépendants).

En combinant questionnaires, interviews et autres tests sur le terrain, l’étude rapporte que 67,5% des répondants connaissent dans leur entourage quelqu’un d’accro aux jeux vidéos. De manière étonnante, seulement 0.02% ne se considéraient comme appartenant à cette catégorie…Le virtuel inciterait-il à vivre dans le déni ?


Rendez-vous : Semaine du 16 au 22 juin 2014 – Fête de la musique
Semaine du 16 au 22 juin 2014 – Fête de la musique

18-22 juin, partout en Chine : la Fête de la Musique !

– A Pékin, du 18 au 21 juin : Pékin s’appropriera à nouveau cette tradition française qui date de 1982 pour célébrer la musique avec des concerts gratuits à partir de midi et jusqu’à très tard la nuit. La grande nouveauté de cette 3ème édition est l’ouverture des festivités avec un concert en plein air à Dos Kolegas suivi de performances live dans les bars du quartier de Gulou. 

L’échange culturel est à l’honneur, mettant en scène des artistes chinois et étrangers, ainsi que des têtes d’affiches comme les artistes français Mein Sohn William, Clotilde Rullaud ou encore Zhang San et des groupes chinois comme Steely Heart, Ajinai et Glow Curve.  Sont également prévus : IAM, Deluxe, Blick Bassy…

Retrouvez tous les détails des concerts dans plus de 30 lieux de Pékin sur le site web et sur les applications Apple et Android.

– A Shanghai, du 21 au 22 juin : 5ème édition et cinquantaine de lieux participants. Pendant trois jours, musique classique, jazz, rock, électro-pop, folk, DJ seront au rendez-vous aux quatre coins de Shanghai.  IAM et Deluxe seront mis à l’honneur lors du concert d’ouverture le 21 juin au 800 Show. Les groupes Plastic Chocolate, Far East Lion , Tian , Candy Shop feront également partis du show ! 

– A Wuhan du 20 au 22 juin : 8ème édition, deux soirées sur les berges, et une troisième journée dans un parc (avec Deluxe, Mein Sohn William, Beasty, Eléphant)

– A Chengdu, le 20 juin : grande soirée de concerts gratuits (Nicolas Cante, Naïve New Beaters)

– A Shunde Daliang, du 21 au 22 juin : seconde édition, au Parc Shunfeng Sha, à 45min en métro de Canton (avec notamment, Rozz, Beasty, IAM, Naïve New Beaters)

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Rdv16-20 juin, Shanghai ITMA : Asia + CIME, Salon international du textile et des machines textiles

17-19 juin, Shanghai : Air Cargo China / Transport Logistic China, Conférences et Expositions sur le fret aérien et la logistique 

17-19 juin, Shanghai : Metro China Expo, Salon et Conférence sur le transport par rail urbain et régional

17-19 juin, Shanghai : PCIM, Salon sur les énergies renouvelables et la gestion de l’énergie

17-20 juin, Pékin : Asian Attractions Expo, Salon et Conférence sur l’industrie des parcs d’attractions et de loisirs

18-22 juin, Pékin : CIMES, Salon international de la machine-outil et des outils

19-22 juin, Dalian : Dalian Boat Show, Salon nautique international de Dalian

21-23 juin, Nankin : Hospital Build & Infrastructure China, Salon des hôpitaux et de l’infrastructure de santé