Sport : Elixir de jeunesse pour le football chinois

Grand fan de football, Xi Jinping fait une tentative pour arracher le football chinois à 20 ans de descente aux enfers, sous l’angle des résultats internationaux et de la fréquentation-fruit d’une corruption galopante et de matchs truqués. Durant son récent voyage en Europe, il a rencontré et encouragé en France Alain Perrinnouvel entraîneur du « Onze » national, et renouvelé son souhait, en Allemagne, puis aux Pays-Bas, de voir les jeunes renouer avec le ballon rond (cf photo). C’est pour soutenir le programme mixte de la CFA (Chinese Football Association) et du ministère de l’Education, pour relancer le football dans les écoles – un plan signé Cai Zhenhua, un champion de tennis de table nommé en février à la tête de la CFA, à 53 ans.

Car le bilan est sombre. A Pékin, le désamour envers le « sport du sifflet noir » (aux arbitres vénaux) fait que fin 2013, seulement 20% des 1148 écoles et collèges étaient équipées d’un terrain de foot –  privilégiant des sports tels que le basket, ping-pong ou badminton… Plus de 1000 postes de professeurs d’éducation physique étaient à pourvoir, faute de vocation, et même du statut officiel d’enseignant. Un constat que partagent toutes les villes chinoises.

Le plan est d’assurer aux enseignants d’EPS le statut égal –en salaire, avantages sociaux, et plan de carrière. De même, d’ici 2016, toute école publique devra disposer d’au moins un terrain de mini-foot à cinq joueurs, et la CFA va introduire dans le système scolaire une ligue en 4 divisions, du primaire à l’université sera créée avec la CFA. Autre mesure forte : d’ici 2016, le football devient une matière obligatoire (théorie et entrainement) dans 5000 écoles. Enfin, à Pékin, en plus de la course et du lancer de balle, les élèves devront choisir entre le football, le volley ou le basket à l’examen du Zhongkao (中考, le brevet chinois), dès 2016.

Un tel traitement de choc devraient, selon ses auteurs, inverser l’hémorragie des jeunes joueurs licenciés, de 600.000 en 1995 à moins du tiers ces dernières années. Avec ces nouvelles mesures, les autorités espèrent en attirer 500 000 dès 2017, et 1 million en 2022. 

David Beckham Deux Jeunes Representants Xinjiang Football AssociationDavid Beckham, ancien ambassadeur de la Chinese Super League (CSL, ligue nationale), venait le 21 avril à Pékin soutenir le nouveau départ en inaugurant un fonds de 3 millions de yuans, de soutien aux vocations, avec priorité aux écoles du  Xinjiang - seule région où ce sport n’est pas frappé par la désaffection de la jeunesse.

Bien d’autres prestigieux acteurs internationaux viennent apporter leur concours. En décembre 2013, la Premier League anglaise s’engageait à conseiller la CSL, ses clubs et la CFA, à travers une série de séminaires et ateliers. En échange, la Premier League gagnait en visibilité en Chine, et renforçait son image de ligue étrangère préférée des Chinois, devant la Liga espagnole ( lien en anglais).

Evergrande Footballs SchoolDe même, le Real Madrid, 4ème club préféré en Chine, envoie plus de 20 entraineurs à l’école de Football (cf photo) créée en 2012 par l’actuel leader de la ligue chinoise, le  Guangzhou Evergrande, en partenariat avec la South China Normal University. Le Real supervise aussi le cursus « sport-études » de l’école, qui accueille 2200 garçons et 100 filles de 9 à 16 ans, moyennant un écolage de 35.000 yuans l’année. Plus grande structure de ce genre en Chine voire au monde, elle dispose de 50 terrains (30 autres construction), d’un stade, d’une piscine extérieure, de courts de tennis… En novembre 2013, l’école signait un partenariat avec l’Université Renmin à Pékin, pour disséminer d’autres écoles similaires, visant 10 000 élèves. 

Li Huitang

En septembre 2013, c’était au club du Guangzhou R&F (n°5 au Championnat), de créer son école pour 500 millions de yuans, avec le Chelsea FC, à Meizhou, à 380km de Canton, sélectionnant 140 élèves de 8 à 12 ans. Le choix de cette ville est guidé par l’histoire : c’est là-bas, en 1873 que le football aurait été introduit en Chine par des missionnaires allemands. Ayant vu grandir quelques meilleurs joueurs chinois du XXème siècle, dont le légendaire Li Huitang (cf photo), Meizhou reçut en 1956 le titre de « capitale du foot » de la Commission Nationale des Sports. Plus tard, la ville perdit de son rayonnement… Ce qui n’empêche au ballon rond d’y demeurer son sport préféré, avec plus de 170 terrains et 2000 équipes. Le Guangzhou R&F compte sur cette pépinière pour dénicher des talents !

Enfin, ne ratons pas le 2 août prochain à Pékin, le Trophée des Champions, organisé par la Ligue française de Football Professionnel pour la première fois en Asie. Il sera disputé par le PSG (en tournée asiatique cet été, pour notamment inaugurer une académie à Singapour) et le club breton EA Guingamp. L’équivalent italien du Trophée le talonnera le 23 août – déjà organisé 3 fois en Chine – et le Trophée espagnol est également sur les rangs. Autant de clubs et de Trophées grandioses, pour donner aux équipes chinoises l’émulation et les modèles nécessaires pour déployer un football à la hauteur de puissances asiatiques comme la Corée ou Japon. 

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