Santé : H7N9—le nouveau virus frappe à la porte

La Chine vit ses premières semaines de grippe aviaire comme une « drôle de guerre ». La discrétion du combat en cours ne doit pas faire illusion sur l’enjeu potentiellement dévastateur. 

Ce sont bien deux « armées » qui se battent : les scientifiques d’un côté, le virus de l’autre, tous en aveugles dans le noir ! 

Avec 102 malades et 20 décès (au 21/04), ce virus H7N9 a déjà dépassé le H5N1 qui frappait la Chine en 2005, avant d’atteindre d’autres régions du monde. Il le bat aussi en diffusion : parti du delta du Yangtzé, il est à présent dans 7 provinces de la côte et s’avance vers l’intérieur. Selon certains chercheurs, pour se propager à travers la Chine, le virus serait transporté par des oiseaux migrateurs

Ce virus était bien connu, mais comme aviaire, non transmissible à l’homme. Aussi près d’un mois après son apparition, on ignore encore l’espèce d’oiseau ayant abrité sa mutation. On sait qu’il y a eu recombinaison de gènes, à partir de 3 souches virales (retrouvées sur les patients) : elle a permis au H7N9 son passage des oiseaux aux mammifères (dont l’homme), attesté par le fait qu’une majorité des malades proviennent d’un milieu maniant de la volaille… L’habitat a aussi joué son rôle, avec un climat plutôt chaud, humide, à très forte concentration humaine et d’animaux d’élevage. 

La mutation se poursuit à présent dans le corps humain : par échange d’autres gènes, le H7N9 cherche la faille lui permettant le passage direct d’homme à homme beaucoup plus performant que celui depuis l’oiseau. S’il réussit, ce sera la pandémie, susceptible de frapper des dizaines de millions de cas. Perspective inquiétante, mais qu’on se rassure, depuis la grippe « espagnole » de 1918 (50 millions de morts), l’humanité a fait des progrès décisifs dans la maîtrise de ce type de fléau. 

Par rapport aux épidémies de SRAS (2003) et H5N1 (2005), coexistent de bonnes et mauvaises nouvelles: 
– Suite à une recherche active à Pékin (16/04), sur 20 proches d’une fillette contaminée, le H7N9 a été détecté chez un garçonnet, qui ne présentait aucun symptôme. Chez les animaux de même, on trouve le virus sans signes de fièvre ou de douleur. Ce qui signifie que le mal peut se « cacher » plus longtemps sans être repéré, retardant le soin et prolongeant les chances de propagation. Autre souci : 40% des malades n’ont aucun lien connu avec l’univers de la volaille… 

– Mais on prend aussi acte du comportement exemplaire de l’administration centrale de santé, sous l’angle de la transparence des données et de la coopération mondiale – contrairement à son attitude face au SRAS en 2003, où elle avait nié le fléau. De ce fait, quoique inquiète, la population ne cède pas à la panique. 

L’OMS communique que 1000 proches des malades ont été mis en isolement, et leurs habitats interdits. Par centaines de milliers, poulets et canards ont été abattus. Des chaînes telles KFC souffrent, voyant leurs restaurants vides. Partout dans le monde, des équipes cultivent des souches, recherchent l’origine du virus, son vaccin. Huit chercheurs internationaux dont 4 de l’OMS sont en chemin. Entre la Chine et le monde, jamais, la coopération médicale n’a été si étroite, ni le sentiment d’une communauté de destin si fort. 

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