Diplomatie : Iran, drôle de drame

L’Iran, financier du régime syrien, était pour la Chine un atout. Avec le Président M. Ahmadinejad, présent à Pékin, Hu tenta de voir quelle stratégie proposer, qui sauverait la Chine de la débâcle en cette affaire mal engagée, sans priver Téhéran de son instrument d’influence sur la région – Irak, Palestine et Liban compris. Dans la même stratégie « accommodante », Hu et Poutine tentèrent d’inciter Ahmadinejad à mettre en sourdine ses provocations en matière nucléaire.

Cependant, entre la Chine et le régime des mollahs, rien n’est simple.

Début 2012 avait vu une forte baisse des livraisons de pétrole iranien en Chine, à cause d’un différend sur le prix. En avril, les ventes atteignaient 390.000b/j soit 24% de moins qu’en 2011 (moyenne mensuelle), mais 48% de plus qu’en mars.

Le 01/06, un barrage contracté en Iran par Sinohydro pour le groupe Farab, d’1,5GW pour 2 milliards de $, fut annulé par Téhéran pour protester contre une rupture chinoise des conditions de financement. Tout cela suggérant que l’union sacrée entre ces pays, est avant tout tactique : les conflits et incompréhensions sont occultés, mais bel et bien là. Cette alliance opportuniste, n’est pas un bloc.

L’épine au pied de l’Afghanistan

La Chine voit venir un réel problème, avec le départ des troupes de l’OTAN de l’Afghanistan l’an prochain.

Elle y avait investi 3,5milliards de $ dans une mine et des routes pour l’exploiter. Mais ceux qui la protégeaient des pillards et des Talibans étaient bien l’US Army. Or une fois les militaires occidentaux repartis, la Chine est mal placée pour aider l’Afghanistan, d’où peuvent pourtant partir des vagues d’instabilité islamiste vers son Xinjiang voisin. Pékin, qui depuis 2002, n’a offert que 242 millions de $ d’aides à ce pays, n’a pas d’expérience en matière de guérilla hors frontière. Elle vient d’annoncer qu’elle n’alimenterait pas un fonds de 4,1 milliards de $ de sécurité civile pour aider le Président H. Karzai à résister aux coups de boutoirs des Talibans qui resserrent sur Kaboul leur pression en tenaille.

Aussi, intimidé par la tâche immense de pacifier un tel pays, ce à quoi ont échoué toutes les puissances précédentes (Royaume-Uni, Russie, USA), Hu prétend se reposer sur la SCO, en en faisant une « forteresse de sécurité et de stabilité » qui rejaillisse sur l’Afghanistan, après 2014. Avec Karzai le 02/06, il annonçait un « partenariat stratégique » entre les deux pays, et des programmes d’infrastructures, de centrales thermiques ou hydroélectriques, et de formation de techniciens. En fin de compte, comme l’avoue l’expert Zhang Li, de l’université du Sichuan, « ce départ de l’Ouest cause (à la Chine) plus de problèmes que d’opportunités ».

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