Santé : Sida : une progression enrayée

La journée mondiale du Sida, ce 01/12, permet de constater que lentement, la Chine remonte la pente. Au tournant du siècle, le pays inconscient et démuni d’un système de santé sérieux, frôlait la catastrophe. Il y avait eu les collectes clandestines de sang du Henan, pour production de plasma. Au Yunnan (proche du Triangle d’or), l’héroïne servait de vecteur. A Canton et partout, la prostitution diffusait le virus, et les routiers et voyageurs commerciaux le véhiculaient.

Mais dix ans d’efforts ont permis de reprendre le contrôle. Avec 48 000 nouvelles infections et 780 000 séropositifs en 2011, dont 154 000 en phase avancée (selon un panel d’experts internationaux), la progression du sida semble stabilisée. 

Les 28 000 morts de 2011, traduisent en fait un recul de 60% de mortalité sur huit ans : résultat «prodigieux» pour M. Stirling, de l’UNAIDS, obtenu d’abord grâce à un meilleur dépistage. 67,45 millions de tests (gratuits depuis 2003) ont été conduits de janvier à octobre 2011, + 16,5%, et ont permis de détecter 61000 porteurs.

Un autre agent de lutte a été un meilleur accès au traitement antirétroviral, gratuit aussi depuis 2003, qui permet aux malades d’espérer une durée de vie normale, tout en réduisant à 4% leurs chances de le transmettre. 

La Chine avance aussi dans la prévention, à petits pas. La sexualité est encore tabou en ce pays, et la population n’est pas encore au clair sur les moyens de protection contre les MST. Ainsi, la pub du préservatif a longtemps été freinée, comme une « incitation au vice ».

Au XII. Plan, le ministère de la Santé s’est donné pour objectif une baisse de 30% des décès, de 25% des nouvelles infections, ce qui suppose de doubler le nombre de tests et de faire passer l’accès à la thérapie antirétrovirale (moins de 50% à présent) à 80% en 2015.  Ce qui suppose aussi des progrès dans la lutte contre la discrimination. Les groupes à risques (homosexuels, toxicomanes, travailleurs sexuels) préfèrent se cacher pour éviter la stigmatisation. Si identifiés, ils perdent leur emploi et leurs amis, voire leur famille. 

De ce fait, estiment les experts, 3 séropositifs sur 5 préfèrent ignorer leur état. L’Etat a sa responsabilité, en bannissant les malades de la fonction publique, tels ces trois candidats professeurs, écartés de leurs postes pour séropositivité dans l’Anhui, le Sichuan, et le Guizhou, quoiqu’ayant réussi le concours. Déboutés en justice, ils lancent (28/11) une pétition comme dernier recours. 

Un autre progrès est à faire dans la reconnaissance des ONG, seules capables de faire le lien avec les groupes à risque dont 20% seulement, selon l’UNAIDS, sont atteints par les opérations de prévention. Pour l’instant, les ONG sont paralysées par le manque de moyens, subventions, collectes de dons, ce qui suppose une dérégulation plus libérale.

L’action publique doit aussi suivre plus étroitement cette population en rapide évolution. Ainsi, le ministère constate l’apparition d’une classe de victimes presque inexistante en 2007, sextuplée depuis : les hommes sexagénaires ne supportant pas leur solitude, qui contractent le virus via des rapports tarifiés et sans protection.

Enfin, même avec ces lacunes, la Chine peut se targuer d’un succès honorable. Elle a su limiter sur son sol la diffusion du sida : elle héberge 23% de la population mondiale, mais seulement 2% des séropositifs.

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