Editorial : Plenum du PCC—un chant du cygne « culturel » de Hu ?

Le Plenum du Comité Central est au coeur des débats, à Pékin du 15 au 18/10. Réunion de routine, mais importante, vu l’échéance, à juste 12 mois de l’adoubement de Xi Jinping à la tête d’une équipe de 5ème génération.

Pour ce 6èmePlenum du XVII. Congrès des 370 caciques du PCC, on aurait pu attendre une bataille pour le futur Comité Permanent, entre les blocs de Xi Jinping, de Hu Jintao et de Jiang Zemin qui, quoique malade, fait un come-back.

Avec des noms tels Li Keqiang (futur 1er ministre), Yu Zhengsheng (Secrétaire du Parti à Shanghai), Zhang Gaoli(Secrétaire du PCC à Tianjin), Li Yuanchao (chef de l’Organisation du PCC), Liu Yunshan (chef de la Propagande), Meng Jianzhu (patron de la police), Liu Yandong (seule femme au Conseil d’Etat), Hu Chunhua (Secrétaire du PCC de Mongolie intérieure), favori pour devenir successeur de… Xi Jinping en 2022, Bo Xilai, le flamboyant Secrétaire du PCC de Chongqing, ou encore Wang Qishan, tsar de l’économie…

Mais au moins officiellement, rien de cela n’est à l’agenda, qui se concentre sur un sujet anodin -au moins en apparence : «maîtriser les tendances nouvelles du développement culturel et les nouvelles attentes des citoyens… en matière de vie spirituelle et culturelle». Il s’agit donc de culture, et de ce que le PCC adore par dessus tout : faire son examen de conscience. Après 30 ans de croissance, les leaders s’interrogent sur le type de société qu’ils aimeraient léguer à leurs enfants.

Bien sûr, il s’agit moins de démocratie, que d’argent. D’ici 2016 sous le XII. Plan, Li Changchun, boss de la propagande veut faire de la culture un «pilier stratégique» dégageant 150 MM²/an (5% du PIB). Depuis 10 ans, par fusion de media (journaux, TV, internet), des groupes se forment, aux milliers de créateurs qui conçoivent (ou copient) tous les produits multimédia imaginables, pour le marché local, puis avec l’ambition de les exporter.

Mais pour réussir, il faut de la liberté de création, c’est à dire le recul de la censure, sujet de ce Plenum. Pour la 1ère fois, la dérégulation est réclamée par les membres du Parti eux-mêmes. Car la censure lèse leurs intérêts- étant actionnaires de ces groupes… Quant aux journalistes, ils deviennent toujours moins contrôlables, et après l’accident ferroviaire de l’été, ont ignoré la censure, publiant sur six colonnes, des clichés interdits du TGV suspendu dans le vide.

Par contre le Plenum veut s’en prendre aux microblogs, maillon faible de la censure, facilitant des meetings sans que la police puisse réagir. Il espère les museler par un enregistrement obligatoire des bloggeurs sous nom réel. Mais est-ce faisable, quand le pays compte déjà 600 millions détenteurs de mobiles, dont deux tiers de microbloggeurs, après seulement deux ans d’existence ? La démarche semble à vrai dire désespérée – comme une dernière chance de contenir une brèche, sur un barrage en train de céder.

Autre temps fort : la visite d’Etat de l’ex-et futur Président de Russie, Vladimir Poutine.

Les 11-12/10, il signa 16 accords contrats pour 7,1 milliards de $ et régla le différend sur le prix du pétrole, dont la Russie livre depuis janvier 300.000 barils/jour. Mais il ne régla pas la dispute sur le prix du gaz, dont Moscou espère livrer 68 milliards de m3/an durant 30 ans (soit 2% du PIB russe).

La visite fut précédée par deux incidents étranges, provoqués soit par maladresse, soit délibérément.

Moscou révéla la détention depuis un an d’un espion chinois qui tentait de voler des plans de missiles. Et surtout, après avoir voté avec Pékin à l’ONU le véto protégeant la Syrie, Medvedev, l’actuel Président se retourna, critiquant le dictateur B. al-Assad et invitant l’opposition syrienne à Moscou. De ce fait, la Chine se retrouvait seule, dans le rôle inconfortable du «chevalier noir». Pire, c’était la seconde fois—Moscou ayant déjà lâché en juin Kadhafi, et le partenaire chinois.

Pour conclure, cette mission ambigüe, se conclut sur l’impression d’une Russie partagée, sur la représentation qu’elle se fait du géant voisin oriental : allié, ou rival ? En effet, c’est quand même la Chine que Poutine a choisie comme but de son 1er voyage «pré-présidentiel». Lui réservant ainsi les meilleurs espoirs de renforcer l’alliance «stratégique» -pour saper ensemble le colosse yankee aux pieds d’argile.

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