C’est par ses actions les moins prévisibles, que la Chine offre ses clés les plus précieuses. Comme la libération d’Ai Weiwei la nuit du 22/06, après plus de 80 jours de prison pékinoise.
Après ce signal d’exaspération du régime, on s’attendait à un traitement dur, comme pour Liu Xiaobo, le Nobel de la Paix, condamné à 11 ans. Ai WeiWei est élargi parce qu’il aurait reconnu ses « crimes » fiscaux, et promis de rembourser. Il aurait aussi eu une «bonne attitude». Mais cette « liberté » est assortie de conditions strictes, comme celle de réserve vis-à-vis de la presse, durant « au moins un an » – même sur Twitter, où il avait 80.000 fans, auxquels il confiait ses critiques du système socialiste…
Pékin semble avoir décidé que la leçon à son «enfant terrible», avait porté. Pour quelles raisons ?
Pour éviter un prochain prix Nobel en 2012 ? Pour que Wen Jiabao ait meilleur accueil à Berlin et à Londres (24-28/06) ? Plus plausiblement, car ce régime, tout en se donnant l’apparence d’un blindage conservateur, est en fait plus pragmatique et moins uni (cf Edito Vdlc 24)). En l’occurrence, sa libération a bénéficié d’une majorité au Comité Permanent—pour relâcher la pression et commencer à chercher à redorer son image, au risque de se déjuger.
NB : cet indice de clémence atypique par les temps qui courent, est confirmé par la libération (23/06) de Xu Zerong, politologue Hongkongais, condamné en 2001 pour divulgation de secrets d’État à 13 ans, dont trois graciés.
Sommaire N° 24