Editorial : Sauvetage bien ordonné commence par soi-même!

Le 12/11, le Conseil d’Etat a arrêté son plan de relance, prenant le monde entier de surprise voire d’admiration, y compris le monde chinois des affaires. Un plan pourtant fidèle à son style de pouvoir. Volontariste, il vise une rapidité-éclair d’exécution et une croissance future basée sur la face cachée de sa société – les oubliés du progrès, les pauvres et les paysans.

Prise de risque: les professionnels espéraient une aide de l’Etat de 1,5% du PIB de 2007 : Pékin en octroie plus du décuple, 586MM$, dont 146MM$ en crédits neufs. Une rallonge qui s’explique par le constat par le 1er ministre Wen Jiabao, d’une crise « bien plus grave que prévue ». Wen opte donc pour un remède bien plus fort que celui des USA, en proportion des PIB respectifs: 17,8% pour la Chine, 5,1% pour les USA. Mais peut-on déverser des fortunes sur le pays, sans alimenter ipso facto la fraude? Pékin parie que «oui», car les structures d’accueil existent, avec les plans sociaux et environnementaux déployés par le tandem Hu Jintao – Wen Jiabao depuis 2003 et l’assainissement de l’administration provinciale -le transfert de la gestion financière, du niveau de base à celui du canton, plus capable, plus contrôlable.

Marché intérieur : avec ses 1900MM$ de réserves, la Chine est le pays le mieux armé pour organiser la contre offensive. Elle vient donc de faire connaître une shopping list de projets, à commencer par 146MM$ sur trois ans pour la protection de l’environnement. Elle veut améliorer l’accès à l’eau potable et le recyclage des déchets en milieu rural, et la lutte anti-smog dans des bassins industriels tel le Delta des Perles. D’ici 2011, 132MM$ iront dans quatre millions d’appartements à loyer modéré (3,5M d’emplois créés). D’autres efforts énormes iront à l’énergie (10 centrales nucléaires au moins sous deux ans, dont six « AP1000 » de Westinghouse), et en chemins de fer : 88MM$ en 2009, créant 6M d’emplois, tout en utilisant 200Mt d’acier et 120Mt de ciment.

Au plan financier, Pékin supprime toute entrave au crédit, octroie 17,6MM$ de grâce de TVA et une hausse (3ème depuis l’été) des primes à l’export, au bénéfice de 28% des produits : pour assurer la survie des 42M de PME. De multiples aides aux groupes sociaux faibles voient le jour : c’est une alternative au renfort massif de la couverture sociale, auquel Pékin ne se sent pas prêt, en période d’incertitude sur les rentrées fiscales.

Vitesse: elle est essentielle pour rendre aux chômeurs un pouvoir d’achat et couper court aux pertes d’emplois. Grâce à l’étroit contact entre ses cadres et patrons, la Chine sait exécuter vite ses décisions: les crédits du plan devront partir à court terme, tels ces 14,65MM$ devant être dépensés par 11 ministères, avant février 2009, ou ces 40 chantiers d’aéroports à engager sous un an.

En concevant ce plan, la NDRC (National Development and Reform Commission) savait qu’elle pouvait compter sur deux autres atouts : l’influx actuel d’Investissement Direct Etranger(+35% cette année) et l’épargne privée, alimentant un marché intérieur au potentiel à peine entamé (22% de hausse en octobre)… De tout ceci, elle attend la création de dizaines de millions d’emplois, une relance de la demande en matières 1ères, et au moins 9% de croissance d’ici fin 2009, qui pourrait lui permettre de servir de locomotive à l’économie mondiale. En ce cas, elle pourrait compter sur une influence nouvelle, un leadership inédit sur le reste du monde

 

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