Temps fort : Avenir : des politiques liées à une majorité

Dans son rapport d’exercice (15/10), faute de majorité, Hu Jintao a été obligé de composer. Il en résulte un discours reprenant les thèmes chers à tous les bords, gardant toutes les portes ouvertes, sans engagement… ni rupture ! 

Aux libéraux, il murmure quelques réformettes, telles ces élections des assemblées de base (sans pouvoir nominatif ni budgétaire), ou celles des cadres par les enceintes de base du Parti : c’est la démocratie «de base», ou «interne».

A l’armée (APL), à ses protégés du monde rural, il promet des crédits. A tous, il annonce la « moyenne aisance » et la « démocratie complète » d’ici 2020, quand le PIB aura quadruplé depuis 2000. Cet âge d’or est donc accéléré de 30 ans, par rapport aux promesses tant de Deng Xiaoping dans les années ’80, que de Zhu Rongji en 2002, qui prophétisaient le rattrapage de l’Occident pour 2050.

Hu dévoile son grand message: le «pouvoir doux», thème présent dans ses discours depuis cinq mois. Le concept regroupe les bonnes manières face à l’étranger, plus de «gentillesse» des cadres, capables d’entendre les «émotions» des masses. Il doit aussi être une affirmation culturelle en Chine et dans le monde, par l’art et l’enseignement —les instituts Confucius par exemple. Hu veut changer l’image du pays, lui donner la conscience adulte d’une puissance mondiale, assumant sans complexe ses responsabilités.

Mais à ce beau programme que de freins et pesanteurs!

[1] le refus des lobbies industriels d’une limitation des rejets de CO²,  contre le réchauffement global (Kyoto2) ;

[2] les opposants à tout ce qui fait le dialogue social (liberté de presse, d’ONG etc),

[3] le maintien « pour 10.000 ans » des privilèges des cadres. Ici, le maintien au Comité Permanent d’un apparatchik compromis, porte un coup dans la rue, à la crédibilité de la campagne contre la corruption. Même si deux autres cadres un peu moins hauts, viennent d’être mis en examen – Chen Tonghai, ex-boss de Sinopec, et Kang Huijun, l’ex- «seigneur de Pudong »…                                              

NB : Au Congrès, s’exprime une sensibilité politique nouvelle avec l’apparition de l’étranger, que l’appareil regarde, tout en s’en sachant regardé, voire interpellé. Il apparaît via le thème dominant de l’écologie, et à travers ce désir de « soft power », volonté de prendre sa place dans le club des nations. Comme si la Chine prenait conscience d’un problème global grave, qui s’exprimait symboliquement à travers la température minimale moyenne à Pékin lors du Congrès : 11°, soit 5° de trop ! 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire