Uranium, la Chine assure l’avenir
Après avoir lancé son programme de réserves stratégiques de pétrole, la Chine prépare celles d’uranium, sous l’égide de la COSTIND, autorité industrielle de défense nationale.
Mesure prudente vu son ambition de construire 35 réacteurs d’ici 2020, soit trois par an, la moitié du nouveau parc mondial. Elle veut ainsi quintupler sa génération électrique atomique à 40GW (4% de son total), tout en satisfaisant ses besoins secrets en uranium militaire.
Mais les réserves mondiales, objet de convoitises, ont vu leur prix doubler en 6 mois et plus que décupler depuis 2002. Aussi, ce n’est que « prudemment » que Pékin compte prospecter au Xinjiang (bassin de Yili), en Mongolie Intérieure (bassin de l’Ordos). Pour fonder ses réserves stratégiques, le fournisseur n°1 sera l’Australie (40% des réserves mondiales), suite au traité signé en avril 2006 (ratifié par Canberra en janvier). L’Australie pourrait céder 2500t/an à Pékin, soient 500M$ au tarif actuel de 113$/livre, et ce n’est pas fini !
ONU—la bataille du réchauffement global débute
Actuel Président du Conseil de Sécurité, le Royaume-Uni a convoqué ce dernier, pour la 1ère fois de son histoire, le 17/04, pour un débat d’urgence sur le réchauffement global, intitulé « Energie, sécurité et climat ».
La ministre Margaret Beckett voulait faire réagir le monde sur les risques sécuritaires liés au changement climatique, sous la forme de catastrophes, voire de guerres pour le contrôle des ressources en eau ou énergie. Mme Beckett était soutenue par les pays de l’Union Européenne, le Japon et Ban Ki-moon, le Secrétaire Général. C’était sans compter la longue liste des Etats hostiles à ce débat, avec comme fer de lance, la Chine.
Parlant au nom « des PVD », l’ambassadeur Liu Zhenmin eut tôt fait d’affirmer que cette instance n’était ni compétente, ni adéquate pour mener ce débat. L’obstruction chinoise pouvait en partie se lire comme l’expression d’une volonté de préserver l’Organisation, « outil qu’il faut maintenir pour l’avenir », et donc bloquer un débat « intempestif » et sans issue possible. Des pays moins développés comme l’Indonésie, l’Afrique du Sud et le Pakistan (ce dernier, au nom du Groupe des 77, c’est-à-dire de 132 PVD) firent bloc contre un « empiètement croissant du Conseil sur les prérogatives de l’Assemblée Générale ». Querelle institutionnelle et aussi manoeuvre dilatoire de Pékin, Moscou et Washington, pour retarder tout engagement de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La véritable enceinte pour tel débat, étant le sommet de « Kyoto-II » en décembre 2007, à Bali.
Droits de l’homme : le boomerang nord-américain
Deux affaires chinoises de droit de l’homme entraînent une réaction le même jour (19/04) en Amérique du Nord.
Au Canada, le ministre des affaires étrangères Peter McKay dénonce le verdict de perpétuité, infligé pour terrorisme au dissident ouigour Huseyin Celil, naturalisé canadien depuis 2005. Evadé des geôles chinoises en 2000, réfugié avec sa femme au pays à la feuille d’érable, Huseyin s’était fait réarrêter en mars 2006 en Ouzbékistan, qui l’avait extradé dans le cadre du traité de coopération de Shanghai. Ottawa déplore de n’avoir pu rendre visite à son ressortissant, ni l’assister, ni assister à son procès, Pékin ne recon-naissant pas sa nouvelle citoyenneté.
NB : Ce verdict précède de 10 jours, sans grand hasard possible, la visite de McKay à Pékin : occasion pour le régime, qui n’a aucun intérêt à laisser envenimer les choses, d’offrir un deal…
Aux Etats-Unis, Wang Xiaoning, en prison, condamné à 10 ans en 2003 pour dissidence sur internet, accuse Yahoo! devant la cour fédérale de San Francisco d’avoir fourni à la justice les données permettant de l’incriminer. Se plaçant sous la protection de la Loi de protection des victimes de torture de 1991, assisté de son épouse Yu Ling, il réclame redressement. La plainte est peu certaine d’aboutir. Mais elle ne donne rien de bon pour l’image de Yahoo!, aussi accusé d’avoir dénoncé trois autres dissidents, dont le journaliste Shi Tao en 2004.
Chine, centre mondial du «blanchiment» du bois?
Secteur vieux de 15 ans à peine, le meuble chinois remporte un immense succès, avec 30% de hausse/an, une production de 340M de pièces en 2005, dont 60% exportés (14MM$)- 50% vers les USA. Revers de la médaille : la Chine coupe à blanc les forêts de Russie, Papouasie, Indonésie, Malaisie. Ce qui vaut au secteur semaine passée, deux critiques sérieuses de l’étranger.
Le 17/04, Greenpeace accusait la Chine d’abriter un trafic de « blanchiment » des bois durs tropicaux comme le marbau, espèce qui aura entièrement disparu sous 35 ans, « et beaucoup plus vite, avec la contrebande », producteurs et exportateurs chinois étant incapables de certifier l’origine du bois. La Chine dément, défend le sérieux de ses règlements et son respect de ceux des pays originaires. Mais le même jour, la CCI -l’instance de défense de l’économie américaine entame une enquête sur ces accusations, sur demande des suite à plainte de ses producteurs forestiers, dénonçant l’illégalité de 30% de l’import de bois dur et la perte d’1MM$/an en export raflé par la concurrence déloyale… Cette procédure qui pourrait déboucher sur un verdict de tarif anti-dumping et/ou de quota, est la troisième action protectionniste de Washington contre la Chine, en 15 jours (voir VdlC numéros 14 et 15).
Sommaire N° 16