— ICBC (Industrial & Commercial Bank of China) se fait belle pour son entrée fin octobre, sur les places de Hong Kong et Shanghai : avec jusqu’à 21MM$ de recettes escomptées, elle devrait battre le record du monde boursier !
Pour assurer l’épargnant de sa solidité, elle complète sa palette d’investisseurs stratégiques. Outre les 3,8MM$ et près de 10% de capital apportés par Goldman Sachs (US), Allianz (Allemagne) et AmEx (US), elle recevait l’obole de la Sécurité sociale pour 2,2MM$ et 860M$ de China Life (groupe + assurance).
A présent, elle reçoit pour 560M$ de Singapour (gouvernement, et banque UOB United overseas Bank), 1,1MM$ de financiers de Hong Kong, et surtout l’apport observé de près, du Koweït (567M²) et du Qatar (162M²) pour moins de 1% du capital. Selon Bader Al-Saa, auteur koweitien de ce mouvement, il s’agit d’entrer en Chine par la finance, pour y réinvestir ailleurs, les recettes d’export pétrolier du Proche Orient, et gagner ainsi une part du marché chinois, par exemple en produits pétroliers raffinés.
NB : Il s’agit d’investissements croisés, stratégiques entre finance et énergie des deux régions du monde, suivant le modèle mis au point l’an passé entre Chine et Arabie Saoudite. A la clé, deux atouts irrésistibles : pour la Chine, la possibilité d’obtenir de ces partenaires des livraisons d’or noir garanties, et pour Koweit et Qatar, le desserrement de l’emprise financière et politique des USA.
— A quelques mois de l’attribution des licences 3G, le paysage de la téléphonie chinoise se recompose.
Comme au jeu des 7 familles, l’Etat doit créer à partir des quatre opérateurs actuels (2 de tel fixe, 2 de mobile) trois groupes, chacun offrant toute la palette des services : un groupe pour chaque norme « 3G » en lice, l’européenne WCDMA, la chinoise TD-SCDMA (dérivées du système GSM), et l’américaine CDMA2000 (issue du système CDMA). Sur ces tractations, le secret règne, voire le brouillage des pistes.
Ainsi, dans la norme américaine CDMA, Unicom s’est alliée au coréen SK Télécom (SKT) en le laissant prendre pour 6,7% de son capital (21/06), après l’achat de 800M² d’obligations Unicom. Puis il a entrepris avec SKT d’acheter en gros jusque 3M de portables Motorola ou Nokia «3G» haut de gamme, qu’ils écouleront sur leurs marchés respectifs. Mais en même temps, China Télécom, le géant du fixe, annonce des tractations pour reprendre, fin 2006, le réseau mobile, CDMA d’Unicom. Si cet achat se vérifie, Unicom perdrait le fruit de son investissement, et l’alliance avec SKT n’aurait plus de sens. Ainsi, Unicom semble aujourd’hui jouer son avenir, en présentant aux tutelles SASAC ou MII, un plan cohérent d’avenir—une tentative de fait accompli !
— Royal Dutch Shell fait une entrée réussie sur le marché des lubrifiants chinois, en achetant 75% de Tongyi (Pékin)- 1er fabricant privé. Sans coup férir, le pétrolier néerlandais hérite de 16% du marché mondial, et passe n°3 en Chine -der-rière Kunlun (filiale Petrochina) et Great Wall (de Sinopec) qui se partagent 60% du marché.
Tongyi contrôle 2000 distributeurs, 90.000 détaillants, et produit 600.000 t/an d’huiles et graisses moteur, le triple de la capacité de Shell-Chine.
Autre développement pétrolier : Pékin donne le feu vert à la construction d’un gazoduc entre le Turkménistan et Canton pour transporter 30MM m3/an, 25% de la capacité du pays. Le contrat de livraison à long terme (30 ans) a été conclu dès avril – à prix secret—peut-être 100$ les 1000m3. Le coût de l’ouvrage reste aussi dans l’ombre -4000 km à travers Kazakhstan et Xinjiang (Kashgar). Un gazoduc similaire, Kazakhstan-Urumqi, est budgétisé à 6MM$.
Mais ce projet d’une logique plus politique que commerciale, affranchit les 2 pays d’un monopole russe du transport gazier dans la région : ce qui n’a pas de prix !
Sommaire N° 31