Le Vent de la Chine Numéro 31

du 1 au 14 octobre 2006

Editorial : Hu Jintao, les mains libres 

Secrétaire du Parti à Shanghai, membre du Politbureau, Chen Liangyu est limogé (25/09): logique, après l’arrestation de deux de ses adjoints, pour le détournement de fonds de la Sécurité sociale. Les 380M$ avaient été prêtés à 10 firmes dont Fuxi (cf VdlC n°27) et Shui On (HK) – lequel s’empresse d’offrir de rembourser les 109M$ reçus, et de dénoncer l’intermédiaire, la Pudong Development Bank.

On assiste au remake de la campagne de 1995 qui avait abattu Chen Xitong, «roi» de Pékin (ami de Deng Xiaoping), l’ultime obstacle dans la course de Jiang Zemin aux pleins pouvoirs. Aujourd’hui, c’est à Chen Liangyu d’entraîner dans sa chute Jiang son patron, laissant le champ libre à son successeur Hu Jintao.

Cette victoire aura des conséquences fortes :

[1] Shanghai perdra de son autonomie – dès le 26/09, ses groupes immobiliers, inspectés par les sbires du ministère de la construction, s’effritaient en bourse.

[2] Les provinces rentreront dans le rang : 12MM$ de fonds locaux de la sécurité sociale (trop souvent détournés, comme à Shanghai, vers des projets d’infrastructure au détriment des pensionnés) seront rapatriés à Pékin, et  gérés avec les 29MM$ du fonds national.

[3] Toutes les frondes locales aux politiques centrales seront frappées : celles résistant à la lutte anti-surchauffe, à la conservation de l’énergie ou de l’environnement.

Gan Yisheng, chef de la CCDI (Central Commission for discipline inspection) – la police du Parti- assure que d’autres têtes tomberont : comme celle de Sun Luyi, chef du personnel de la mairie. Des limiers pékinois viennent d’être lancés vers 11 villes ou provinces, pour déterrer d’autres scandales du béton. Manifestement, cette campagne sévère tente de réveiller la confiance de l’opinion publique, dans la justice sociale!

Elle a ses limites, toutefois ! Chen Liangyu n’est pas arrêté, et on lui préparerait une «sortie honorable». A Pékin, dans le Hebei, ailleurs, d’autres affaires dorment, sans suite. Ne pas aller trop loin, au risque d’éveiller une coalition de hauts corrompus contre l’équipe au pouvoir !

 Cette campagne débute, pas par hasard, juste avant le Plenum du Comité Central (8-11/10),  à un an du XVII Congrès de 2007.

Le Plenum approuvera des «directives», qui pourraient passer pour le testament philosophique d’un Hu Jintao enfin affranchi de ses adversaires. Elles viseront l’«harmonie sociale», et l’«amélioration de la gestion publique ». Pas de révolution démocratique donc, rien qui dérange les privilèges acquis – sauf la lente avancée de la loi !

 

 


A la loupe : Pékin-Tokyo : l’espoir, contre toute attente!

Vu le passé mal vécu entre Chine et Japon, et leurs rivalités, aucun observateur ne donnait la moindre chance à l’arrivée de Shinzo Abe comme 1er ministre, pour dérider l’atmosphère (cf VdlC n°30). Or, surprise, les signes de main tendue se multiplient.

Renonçant à ses critiques, la presse chinoise titre : « les portes chinoises de la paix  sont ouvertes à Abe » – Wu Yi, la vice 1ère ministre ne cache pas ses espoirs. Abe accumule les lâchers de colombes,  promettant de «réparer les liens», et se déclarant prêt à rencontrer dès octobre son alter ego Wen Jiabao ou le Président Hu. Abe s’est aussi gardé de toute allusion à Yasukuni, le sanctuaire qui fâche.  

Pour autant, il conserve son image nationaliste, et s’est entouré, dans son cabinet, de faucons anti-chinois, tel Nakagawa,  n°2 de son parti PLD (Parti Démocratique Libéral), voire Taro Aso, ancien du gouvernement Koizumi, qu’il reconduit ministre des affaires étrangères.

Mais ça marche : installer des « durs » à ses côtés, donne le signal. Le nouveau patron du Soleil Levant veut bien faire des concessions, mais pas dans la faiblesse et l’opinion le crédite de 67% de confian-ce, lui donnant les moyens de négocier. Petit signe, un 1er meeting entre Shotaro Yachi et Dai Bing-guo, vice ministres des 2 pays , le 23/09, s’est bien passé, dans une prudence polie -c’est un début !

 

L’avis du VdlC : Le duo Pékin-Tokyo est complexe. Tous deux visent le leadership régional, la Chine en tant qu’ «ancêtre ayant-droit » (au nom des 30% du PIB mondial qu’elle assurait au début du XIX.s. ), le Japon comme «surdoué, n°2 du commerce mondial». Pour raison de face, en 60 ans, Tokyo n’a pas su présenter une repentance à la hauteur de ses crimes d’autrefois. Pékin exploite cette faiblesse pour bloquer à Tokyo la voie du Conseil de sécurité de l’ONU. Véritables provocations, les visites à répétition de Koizumi au sanctuaire de Yasukuni ont multiplié les contentieux. A présent, les deux gouvernements ont conscience que leur extraordinaire complémentarité économique, ne les dispense pas de créer aussi un dialogue politique —à commencer par une vision commune de leur passé commun !

 

 


Joint-venture : Téléphonie – l’avenir d’Unicom dans la balance

—   ICBC (Industrial & Commercial Bank of China) se fait belle pour son entrée fin octobre, sur les places de Hong Kong  et Shanghai : avec jusqu’à 21MM$ de recettes escomptées, elle devrait battre le record du monde boursier !

Pour assurer l’épargnant de sa solidité, elle complète sa palette d’investisseurs stratégiques. Outre les 3,8MM$ et près de 10% de capital apportés par Goldman Sachs (US), Allianz (Allemagne) et AmEx (US), elle recevait l’obole de la Sécurité sociale pour 2,2MM$ et 860M$ de China Life (groupe + assurance).

A présent, elle reçoit pour 560M$ de Singapour (gouvernement, et banque UOB United overseas Bank), 1,1MM$ de financiers de Hong Kong, et surtout l’apport observé de près, du Koweït (567M²) et du Qatar (162M²) pour moins de 1% du capital. Selon Bader Al-Saa, auteur koweitien de ce mouvement, il s’agit d’entrer en Chine par la finance, pour y réinvestir ailleurs, les recettes d’export pétrolier du Proche Orient, et gagner ainsi une part du marché chinois, par exemple en produits pétroliers raffinés.

NB : Il s’agit d’investissements croisés, stratégiques entre finance et énergie des deux régions du monde, suivant le modèle mis au point l’an passé entre Chine et Arabie Saoudite. A la clé, deux atouts irrésistibles : pour la Chine, la possibilité d’obtenir de ces partenaires des livraisons d’or noir garanties, et pour Koweit et Qatar, le desserrement de l’emprise financière et politique des USA.

—  A quelques mois de l’attribution des licences 3G, le paysage de la téléphonie chinoise se recompose.

Comme au jeu des 7 familles, l’Etat doit créer à partir des quatre opérateurs actuels (2 de tel fixe, 2 de mobile) trois groupes, chacun offrant toute la palette des services : un groupe pour chaque norme « 3G » en lice, l’européenne WCDMA, la chinoise TD-SCDMA (dérivées du système GSM), et l’américaine CDMA2000 (issue du système CDMA). Sur ces tractations, le secret règne, voire le brouillage des pistes.

Ainsi, dans la norme américaine CDMA, Unicom s’est alliée au coréen SK Télécom (SKT) en le laissant prendre pour 6,7% de son capital (21/06), après l’achat de 800M² d’obligations Unicom. Puis il a entrepris avec SKT d’acheter en gros  jusque 3M de portables Motorola ou Nokia «3G» haut de gamme, qu’ils écouleront sur leurs marchés respectifs. Mais en même temps, China Télécom, le géant du fixe, annonce des tractations pour reprendre, fin 2006, le réseau mobile, CDMA d’Unicom. Si cet achat se vérifie, Unicom perdrait le fruit de son investissement, et l’alliance avec SKT n’aurait plus de sens. Ainsi, Unicom semble aujourd’hui jouer son avenir, en présentant aux tutelles SASAC ou MII, un plan cohérent d’avenir—une tentative de fait accompli !

 —  Royal Dutch Shell fait une entrée réussie sur le marché des lubrifiants chinois, en achetant 75% de Tongyi (Pékin)- 1er fabricant privé. Sans coup férir, le pétrolier néerlandais hérite de 16% du marché mondial, et passe n°3 en Chine -der-rière Kunlun (filiale Petrochina) et Great Wall (de Sinopec) qui se partagent 60% du marché.

Tongyi contrôle 2000 distributeurs, 90.000 détaillants, et produit 600.000 t/an d’huiles et graisses moteur, le triple de la capacité de Shell-Chine.

Autre développement pétrolier : Pékin donne le feu vert à la construction d’un gazoduc entre le Turkménistan et Canton pour transporter 30MM m3/an, 25% de la capacité du pays. Le contrat de livraison à long terme (30 ans) a été conclu dès avril – à prix secret—peut-être 100$ les 1000m3. Le coût de l’ouvrage reste aussi dans l’ombre -4000 km à travers Kazakhstan et Xinjiang (Kashgar). Un gazoduc similaire, Kazakhstan-Urumqi, est budgétisé à 6MM$.

Mais ce projet d’une logique plus politique que commerciale, affranchit les 2 pays d’un monopole russe du transport gazier dans la région : ce qui n’a pas de prix !

 

 

 


A la loupe : Pour Xugong, Carlyle tente son deuxième essai

Bloqué depuis 12 mois dans sa reprise de Xugong, le plus grand constructeur local de chariots élévateurs (propriété ville de Xugong), Carlyle, le fonds de placement californien, tente un second essai.

L’affaire achoppe à l’obstruction du rival Sany, du même secteur, qui voit, suite à ce rachat, un dangereux influx de gestionnaires/ingénieurs américains, offrant à Xugong une compétitivité imbattable. Sany accusait un prix trop bas (375M$ pour 85% des parts du groupe en faillite), et offrait « 30% de plus». Sany brandissait aussi l’argument d’un Xugong, «fleuron stratégique inaliénable». Après quoi, le ministère du commerce avait refusé l’agrément. Le 23/08, un exceptionnel meeting à 6 ministères avait échoué à dénouer le dossier.

Seul progrès : l’autorité finale sur l’agrément avait été transférée à la SASAC, tutelle plus centrale -meilleure chance de neutralité.

Carlyle fait alors une nouvelle concession majeure: il veut bien se contenter de 50% des parts. Mais sur la valorisation, il reste intraitable : question de face, et aussi de business. Car si la remise à niveau de Xu-gong se fait à prix moins favorable, c’est l’apport des crédits qui sera compromis, Carlyle ayant décidé d’acheter Xugong en crédit hypothécaire.

Cette affaire Carlyle -Xugong est capitale, car elle est la 1ère reprise par l’étranger d’une grande entreprise d’Etat faillie mais sauvable, et son issue donnera le ton aux 10aines d’autres en gestation.

Tel SEB, qui a conclu avec Supor, n°1 chinois de la marmite à pression, une reprise de 59% pour 240M². SEB espère «avant déc.» le feu vert central. Il est bloqué par un lobbying de concurrents, mais les actionnaires de Supor ont voté le deal à 90%.

Tel encore Volvo, qui vise 70% de Lingong, groupe de machines-outils (28/09).

Dans ces affaires, les objecteurs sont les concurrents menacés par la fusion (pourtant irréversible) de leur secteur, et aussi les niveaux intermédiaires de l’appareil, pour cause de patriotisme exacerbé. Mais vu les progrès si rapides de cette mutation industrielle, aucun doute que cette « fièvre de croissance » sera passagère – l’Etat souhaitant intervenir de moins en moins dans la vie de ses ex-groupes publics!

 

 


Argent : Guangdong – un State Power Grid bien tranquille

— A l’heure du pétrole à 60$/baril,  Shenhua  multiplie les investissements destinés à lui substituer le charbon, dont la Chine est riche, et dont il est 1er producteur national.

Shenhua mène de front 8 projets, afin de distiller 30Mt de houille/an d’ici 2020. Cis à Baotou (Mongolie Intérieure), Yulin (Shaanxi) et dans le Ningxia, les trois principaux centres recevront sous cinq ans pour 5MM$ d’équipements, pour produire méthanol, éthylène, propylène, voire PVC, en ajoutant à la filière une source locale de sel bon marché.

Mais cette bonanza de la carbochimie fait froncer de l’oeil la NDRC (National Development and Reform Commission) qui, dès juillet, imposait le gel des permis sur ce type d’investissement, tous comptes faits assez risqués. Peu de mines ou de provinces n’ont résisté à la tentation de monter qui sa chaîne de cokéfaction, de gazéification, ou liquéfaction de la houille. Sans que le marché ni les technologies ne soient assurés. Or si Shenhua, avec son poids, n’a aucun mal à trouver la technologie, avec des partenaires tels Sasol (Afrique du Sud), Shell, Lurgi (Allemagne) ou Dow Chemical (US), il n’en va pas de même pour la plupart des petits acteurs qui s’exposent à l’avenir, à de lourdes déconvenues…

— Pour la Guangdong Development Bank (GDB), la mairie de Canton confirme l’imminence de la  reprise en préparant la cession d’une partie de ses 70% du Southern Power Grid (SPG), réseau de distribution électrique des 5 provinces méridionales. Il en céderait pour 3MM², afin d’épurer les 3.5MM² de dettes de la GDB. Le repreneur sera un consortium sous la SASAC, tutelle des grandes entreprises d’Etat. On parle de groupes financiers (banques, assurances), voire de la State Grid Corporation, rival et grand frère de la SPG qui tient le reste du pays. Dans ce cas, ce serait un pas vers l’intégration complète du réseau, ce qui est l’objectif à long terme.

NB : avec 168.000 employés, le SPG est un de ces groupes d’Etat aussi puissant que discret, et très profitable—comme toutes les affaires d’énergie. En 2005, avec 32MM$ d’actifs et 367M$ de profits (+59%), il était la 316ème fortune mondiale. Aujourd’hui, il prépare pour 2007 son entrée en bourse de Hong Kong : 3MM$ attendus – moins que le State Grid qui s’inscrira en 2008, pour 5MM$.

 

 


Pol : Henry Paulson,et le Yuan accordéon

— Des traces de chrome dans certaines crèmes de visage SK-II, causèrent leur retrait du marché chinois (22/9). Très vite, le remboursement offert par Procter et Gamble causa à Shanghai la mise à sac de plusieurs boutiques. Ce débordement n’était pas étranger au lieu de production de SK-II, le Japon.

Au même moment se produisaient six cas d’empoisonnements dans des cantines scolaires, en six jours, dans les provinces du Heilongjiang, Hubei, Shaanxi, Shanxi et Sichuan, contraignant des milliers de jeunes à l’hospitalisation -causant au moins un mort. Un incident fréquent, dû à l’emploi de substances avariées et à l’absence d’hygiène.  

NB : ici, pas de révolte. Protester contre une firme étrangère, est moins dangereux que contre une autorité locale.

— Tout se passe comme si Henry Paulson, secrétaire américain au Trésor (ex-patron de Goldman Sachs), était venu à Pékin (20-22/9) pour aider la Chine à mettre en échec le projet de loi des sénateurs Charle Schumer et Lindsey Graham: une taxe américaine de 27,5% sur les exports chinois, sauf si la Chine réévaluait substantiellement le Yuan. Le Président Bush n’était pas favorable à cette loi qui aurait causé une crise bilatérale grave.

Fin stratège Paulson obtint à Pékin une hausse momentanée du yuan, de 0,08%, faible, mais suffisante pour contraindre les élus à retirer leur projet, arguant que cette hausse était leur mérite. Or, dans les 48h suivantes (le 29/9), le RMB rebaisse soudain de 0,13% : la BPdC – la Banque centrale – justifiant le geste par la volonté de frustrer les spéculateurs de leur profit attendu…

Outre-Atlantique, deux sénateurs grugés jurent mais un peu tard, qu’on ne les y prendra plus !   

 


Temps fort : Hong Kong, Taiwan : deux manières d’évoluer, sous l’oeil de la Chine

Anson Chan, ex-n°2 du gouvernement Hongkongais de 1993 à 2001, allait-elle se porter rivale de Donald Tsang, comme chef de l’exécutif en 2007 ?

Ces deux personnages ont beaucoup en commun : leur popularité, intégrité, formation à l’anglaise, et leur passage au cabinet de Chris Patten, dernier gouverneur britannique.

Réaliste, Chan renonce : Tsang a la confiance de Pékin, et  pas elle! Pour autant, elle ne désarme pas. Elle avertit l’opinion contre le pouvoir fort réclamé par Tsang -elle craint qu’il ne l’utilise pour éroder les libertés de la RAS (la région administrative spéciale). Chan prépare sa version d’une réforme politique pour Hong Kong, incluant un échéancier pour l’introduction du suffrage universel. Ainsi, à défaut d’administrer sa métropole, Anson Chan veut lui servir de lien entre les différentes tendances, pour établir un projet politique réalisable, acceptable par Pékin !

A Taiwan, la pression monte contre le Président Chen Shui-bian (DPP indépendantiste), accusé de corruption.

Au Yuan Législatif (Parlement), une seconde motion tombe le 26/9, pour le destituer : mission sans espoir, faute de disposer de 66% des voix -mais la critique intense, constante pourrait le contraindre à se retirer! Chen Shui-bian rêve de reprendre l’avantage en changeant dans la constitution le nom de l’île en République de Taiwan -projet tout aussi illusoire, vu l’isolement de son auteur, et le rejet par G.W. Bush !

Pendant ce temps, Pékin fait le mort : ayant appris  (en 1996) que toute pression de sa part, galvanise les insulaires contre elle. Quelqu’en soit le dénouement, cette crise est gérée par les institutions : leçon de démocratie, toujours étonnante, sous l’ombre du puissant voisin !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Petit Peuple : Nanning – noces sauvées par filature

A Nanning (Guangxi), la belle Li fait l’envie de ses amies : à 25 ans, elle a envoûté Sun, 43 ans, un de ces nouveaux princes du commerce qui change en or tout ce qu’il touche des doigts. La voilà fiancée, douairière de son empire.

Mais alors que s’approche le mariage, montent les questions qui vrillent. Il craint qu’elle ne l’épouse que pour son argent. Elle craint d’être plaquée, comme sa dernière épouse, 5 ans avant ! Beaucoup de non-dits, donc, et la tension monte sur des détails – en apparence. Le 28/8, au bureau, elle osa le contredire devant le personnel : il répliqua d’un sonore soufflet. Suite à quoi, Li s’en fut en courant !

A peine disparue, il se rongea les sangs. Fûtée, elle le laissa mariner 8 jours, avant de l’appeler en coup de vent, puis de raccrocher au milieu d’une phrase. L’appel provenait de Nankin, à 1500km : Sun sauta dans un avion, et s’assura, avant le décollage, les services de XB007, l’agence de filature locale. Ainsi secondé, il ne fallut que 24h de planque pour la repérer dans une rue, au bras d’un pépé ridé. Débarquée sans un sou à la gare, elle avait croisé l’inconnu décati qui l’avait invitée, logée : depuis, il la servait telle une reine, espérant la garder. Mais entre un richard bronzé et un vieillard pauvre, il n’y avait pas à hésiter : elle avait «laissé le mouton pour le boeuf»(亡羊得牛, wang yang de niu) !

La suite était question de face. Elle ne pouvait quitter « comme çà » son bienfaiteur, et à revenir toute seule, elle perdait la face. Tandis qu’avec un petit coup de fil pour le mettre sur la liste, elle était sure que son héros viendrait la tirer du mauvais pas !

Il y eut encore à régler l’affaire du grand père, qui ne voulait la lâcher, et hurlait au kidnapping : une bonne explication avec la police eut tôt fait de dissiper les illusions de l’amoureux déçu, conscient de devoir retourner à sa solitude. Quant à Sun et Li, rabibochés, ils étaient prêts à retourner au bercail, ayant franchi l’épreuve du feu, à temps pour les noces du 1er octobre !