A la loupe : Chine Nouvelle reprend son bien

Chine Nouvelle (Xinhua), l’agence de presse nationale interdit soudain (10/9) aux agences mondiales de diffuser leurs services en Chine, et rétablit son  monopole écorné 10 ans plus tôt : depuis les années ’90, AFP, Reuters, AFX, Interfax ou Bloomberg vendaient leurs produits à quelques gros clients tels banques ou assurances, pour un marché évalué à 100M$.

Raison alléguée au coup de barre : un risque d’atteinte à «la sécurité», «la stabilité» voire «l’honneur» du pays. Désormais, ils doivent soumettre leur prose à Xinhua, qui donnera ou non le feu vert, pour une vente indirecte, uniquement via un agent Xinhua.

Sans délai, Union Européenne et USA ont dénoncé ce nouveau litige, qui porte sur une valeur fondamentale. Bizarrement, l’annonce arrive durant un voyage européen du 1er ministre Wen Jiabao, qui le força à se justifier face à ses homologues, lors de ses étapes à Londres et à Berlin. Discipliné, Wen défendit la mesure, qui « ne change rien à la politique d’ouverture »…

Sur le fond, on voit une convergence d’intérêts entre Xinhua (qui espère reprendre l’essentiel de ce marché lucratif et en vive croissance) et l’Etat qui poursuit son recadrage des media. Avant l’été, un projet de loi proposait de mettre à l’amende toute information non validée, sur les calamités. Août voyait se conclure trois procès de journalistes ou dissident, avec peines de prison, pour divulgation d’information. Enfin le 12/9, les tribunaux étaient astreints à déléguer (sous peine de poursuite!) leurs informations à des porte-parole.

La reprise en main coïncide avec la 3ème année du Président Hu Jintao, par ailleurs en pleine campagne de reprise du fief shanghaïen à Jiang Zemin (VdlC n°27, 28). Elle intervient deux ans avant les Jeux Olympiques, comme pour assécher à l’avance toute source de dissidence.

NB : La crise de Xinhua éclaire une contradiction structurelle, chez cette institution à la fois juge et partie de son secteur. Pour autant, son offensive n’éteint pas la raison qui permit aux étrangères de percer en Chine dix ans plus tôt : plus que le lobbysme, ce fut la demande du marché en info indépendante. Ce qui explique la précision par la tutelle en dernière minute (14/9): le droit pour Xinhua de réguler ses concurrents, est « transitoire », un ministère va bientôt prendre le relais!

 

 

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