A la loupe : Chine — H²0 mon amour

Pékin accueillit le 5e Forum mondial de l’eau (10-14/9) au moment où dans le Hunan, 80.000 riverains de la Xinqiang voyaient leurs robinets coupés suite aux rejets à l’arsenic (205m3 tous les mois)… Sur ordre de Pékin, les deux usines coupables (chimie, métaux non-ferreux) furent fermées, les patrons coffrés!

Hélas, ce type d’accident est «banal», arrivant tous les trois jours, du fait du positionnement de la plupart des usines chimiques sur les cours d’eau -10.000 usines sur le Yangtzé, 4000 sur le Fleuve Jaune… Aussi ce Congrès était l’occasion symbolique d’un appel au secours aux 2000 experts et industriels du monde, pour l’aider à nettoyer le miasme délétère !

Le mal est bien connu : l’eau chinoise est rare (7% de la ressource, pour 23% de l’humanité), mal répartie entre un sud abondant et un nord aride, et gaspillée par une tradition de gratuité socialiste, «eau-sans-valeur».  Aussi 90% des cours sont gravement pollués par 20 MMm3 d’effluents/an, et 300M de paysans privés d’eau potable ou d’irrigation vivent aux franges de la misère, dans un état de santé précaire.

Depuis 5 ans, les étrangers sont bienvenus : parmi les 400 villes en manque, le Français Veolia Water va reprendre 2 à 3 réseaux/an et dépanner ainsi 3 à 6M d’âmes. Suez (France) vient d’obtenir la concession de Changshu (Jiangsu), évaluée à 1MM² sur 30 ans.

Pour rattraper son retard, l’Etat chinois compte payer 125MM$ d’ici 2011, dont 41MM$ en centrales de retraitement, d’autres en réfection des réseaux, pour réduire les pertes. Il lui faudra 30 ans, pour porter l’eau à son vrai prix sans causer -trop- d’émeutes.

 Jusqu’à 3% du débit du Yangtzé sera détourné vers le Fleuve Jaune, moyennant 3 canaux pharaoniques et 60MM$ (voire 100MM$) de frais.

Mais pour la 1ère fois, les scientifiques du Sichuan récusent le projet, « plus risqué que le barrage des Trois Gorges.

A terme», disent-ils, «pomper 17MMm3/an d’un plateau tibétain dont les glaciers fondent n’est pas soutenable».

NB : C’est le vieux conflit chinois entre savants et technocrates, pour planifier l’infrastructure. Les savants voient les risques, et les technocrates, la chance de passer directement à la technologie la plus neuve, hériter d’une filière payée par l’étranger! 

 

 

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