Editorial : Hu Jintao en Arabie Saoudite: le temps des autres alliances!

Le Président Hu Jintao n’a pas tardé à retourner au roi d’Arabie Saoudite sa visite de janvier 2006: les 22-24 avril à Riyadh, il confirmait la priorité stratégique de leurs échanges.  La venue d’Abdullah à Pékin avait suggéré une coopération d’envergure. Elle se précise aujourd’hui.

Riyadh remplirait une réserve stratégique de pétrole  sur la côte Est chinoise. Elle pourrait être sous propriété saoudienne, la Chine ne payant que ce qu’elle consomme, en cas de crise. Ce pétrole s’ajoutera aux 17% de ses imports en 2005, fournis par l’Arabie Saoudite (1er fournisseur) pour 14MM$. Moyennant quoi Aramco va signer son 2d projet de raffinerie avec Sinopec, cette fois à Qingdao —le 1er dans le Fujian, en 2005 avec Sinopec et Exxon, portait sur 3,6MM$. De même, la Sabic, 1er consortium non pétrolier du Proche-Orient (qui livre à la Chine l’an passé pour 2MM$ de produits, engrais notamment), prépare une JV pétrochimique en Chine, pour 5,2MM$.

Au total, ce sont  plus de 10MM$ que paiera la Chine sur ces trois chantiers : moyennant l’offre d’ or noir à conditions hors commerce, l’Arabie Saoudite reçoit une part royale du marché chinois de la pétrochimie!

NB : Une « telle réserve stratégique en dépôt» d’un pays chez un autre, serait une 1ère mondiale. Elle soulagerait Pékin qui retarde depuis deux ans son projet de réserve, tandis que ses importations au 1er trimeste ont augmenté de 25% à 37Mt, pour un coût en hausse de 75% !

Comme en Algérie (voir ci-contre), une telle frénésie de contrats lourds exprime le souci de diversifier ses alliances.

Or, politiquement aussi, Arabie Saoudite et Chine ont beaucoup à s’offrir! Hu a offert aux élus saoudiens un plan pour « contribuer à la paix » du Proche-Orient – notamment pour l’Irak, et la Palestine. Initiative qui suppose le soutien  du monde arabe, et tendrait à évincer l’influence américaine. Chine et Arabie Saoudite veulent aussi échanger en défense, armement, et Riyadh enverrait ses imams et ses dollars au Xinjiang, lui faire oublier ses tentations séparatiste et intégriste de Ben Laden.

Surprenante alliance qui s’esquisse ainsi, entre la puissance émergente de l’Extrême-Orient et le pôle du monde islamique et de l’or noir. Elle n’est pas en soi déstabilisante pour l’Ouest car l’avenir reste ouvert. Mais couplée au réchauffement  en cours entre Pékin et Moscou, elle ne pourra que préoccuper l Amérique de George W. Bush.

A l’avenir celle-ci va devoir vérifier si les relations qu’elle bâtit  avec le monde arabe, Pékin et Moscou sont assez amples, cordiales et égalitaires pour éviter des rapprochements dangereux, voire, une alliance contre elle !

 

 

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