A la loupe : Chen Shui-bian, l’incertain bras de fer !

La rive Est du détroit de Taiwan vit (20/5) la fin de semaines de scandale : au terme d’une victoire trouble et courte, Chen Shui-bian, indépendantiste haï par Pékin, fut réélu Président de l’île. Le recomptage des voix produisit 39.000 contestations. La Haute-Cour de Taipei tranchera plus tard, mais sans doute, les carottes sont cuites!

Face à 200.000 concitoyens, Chen fit un discours très suivi par Pékin. Comme prévu, le message fut conciliant : « notre société n’a pas atteint un consensus sur les thèmes de souveraineté, de territoire, de réunification»: ils seront donc tenus à l’écart de la réforme constitutionnelle de 2006!  

Le 17/5, Pékin avait émis un «avertissement sévère»: toute remise en cause du modus vivendi causerait la guerre, «même si cela devait isoler la Chine, voire saborder ses Jeux Olympiques de 2008 ». Huit jours avant, le 1er ministre Wen Jiabao avait annoncé un projet de loi de réunification. A Pékin, un porte-parole précisait: «Peu nous chaut qui est élu, seul nous intéresse, s’il accepte le principe d’une Chine unique!» Autant d’expressions très directes de l’impatience grandissante envers Taiwan – il est bien fini, l’état de grâce!

Face à la Chine, Chen joua donc la décrispation, évoquant les « ancêtres communs », souhaitant de « meilleures relations » – sans pour autant dire aucun des mots-clés espérés en face.

Au vu des résultats, il semble gagnant: sans déclencher la crise, il a obtenu:

1.  sa réélection, sur un programme plus qu’autonomiste,

2.  la tenue d’un référendum (bravant Pékin),

3.  une quasi-victoire à ce dernier (en cinq ans, son parti le DPP est  passé de 35 à 50% des votes),

4.  la réaffirmation du soutien US, y-compris par une mission du porte-avions Kitty Hawk dans la région, et

5.  le principe de cette constitution!

Gagnant donc, Chen, mais moyennant un compromis géant : dans ce futur cadre législatif, il renonce d’avance à tout ajout inacceptable à Pékin. En face, cependant, le ton très dur, le ton très dur, de la part d’un sommet de l’appareil jusqu’alors modéré, semble  traduire un consensus : discuter avec Chen est inutile. Vu sous cet angle, la victoire du tribun indépendantiste apparaît fragile, et chère payée !

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