Pol : Réseau d’espionnage démantelé

— En oct. 2003 à Bangkok, en marge du sommet de l’APEC, avec son homologue chilien Ricardo Escobar, le Président Hu Jintao lançait discrètement une étude sur un accord bilatéral de libre-échange (ALE).

Le 23/4 à Santiago, le vice 1er Min chinois Hui Liangyu annonçait avec le ministre des Affaires étrangères l’ouverture des négociations pour novembre 2004. Agenda et discussions sont déjà assez avancées, pour que l’on sache qu’il s’agira pour la Chine, de son 1er ALE à entrer en fonction.

Mais pourquoi avec le Chili, pays lointain et presque inconnu?

Les échanges (3.53 MM$ en 2003) et leur croissance boulimique (x6 depuis 1999) n’expliquent pas tout. Le Chili détient cuivre et pâte à papier, dont Pékin manquera toujours plus. Il est moins aligné sur les US que le Mexique, et moins puissant que le Brésil : dans les blocs régionaux, Pékin cultive l’alliance avec les n°2 (tels, en Europe, Belgique ou Suisse), base possible pour pénétrer des pays plus réticents. Surtout, le Chili dispose de 12 ans d’expérience d’accords ALE, que Pékin est anxieuse d’obtenir. Santiago a déjà conclu 25 ALE, qui lui ont fait quintupler ses échanges avec Mexico et lui feront gagner 2% de croissance, et 11.000 emplois.

C’est ainsi que la Chine trahit ses préférences en diplomatie commerciale: si possible, le bilatéral plutôt que les blocs. C’est-à-dire, pour parler clair, l’inverse de ses principes de géopolitique, basés sur la coopération entre blocs !

 

—Les 83MM² d’investissement taiwanais sur le continent et l’assouplissement des règles entre rivages du détroit de Taiwan (voir ci-dessous) ne peuvent occulter la guerre froide qui continue depuis 1949. Témoin ce verdict qui coûte la vie à Liu Guangzhi, Commandant de l’académie aérienne de Nankin (membre de l’ANP), à un de ses proches et à 20 autres officiers d’élite, de lourdes peines. C’est, selon Jiang Zemin (n°1 de la CMC) la plus grave affaire d’espionnage de l’histoire de la R.P. Chine. Le procès a été expéditif, suite à l’arrestation en mars d’au moins 3 taupes insulaires dont le colonel (nationaliste) Li Yun-pu, infiltré en Chine sous couvert d’une position de PDG d’un groupe high tech. Le réseau obtint des données sur des domaines aussi divers que la base navale de Ningbo (Zhejiang), la base de missiles Leping dans le Jiangxi, le déploiement des chasseurs bombardiers russes Su-27 et Su-30. Dans le style barbouzes, Pékin n’est pas de reste : aux USA, son agente Katrina Leung obtint 20 ans durant, sur l’oreiller, les soupirs de 2 agents du FBI. Procès en cours!

 

— Tandis que sous l’oeil perçant de Pékin, 1000 assesseurs scrutent un à un les bulletins des élections taiwanaises, les liaisons maritimes directes entre les deux Chine se renforcent sans fanfare. Jusqu’alors, les navires quittant Taiwan faisaient escale à Fuzhou et Xiamen (Fujian). Depuis mars, ce privilège est élargi à Ningbo, Shanghai et Shenzhen. Les cargos partant de Chine pouvaient s’arrêter à Kaohshiung : ils ont désormais aussi Keelung et Taichung. Quoique les bâtiments ne puissent que charger mais non décharger chez “ceux d’en face”, les armateurs de tous pays se pressent pour occuper les lignes : qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour s’assurer des futures parts de marché !

 

— Le VdlC évoquait en mars (n°13) Liu Liang, manoeuvre qui avait quasi-gagné une BMW et 120.000¥ à  la Loterie nat’le des sports de Xi’ an, avant que l’on ne découvre que son billet était truqué.

La justice chinoise, meule lente, a trouvé un coupable : Yang Yongming, 1er sous-traitant local, chargé d’écouler 2M² de billets /an. Avec 2 complices, Yang avait contrefait 4 billets gagnants. Une erreur de manipulation fit atterrir un des faux dans la main de Liu… Dès ‘2000, Yang avait survécu à un 1er soupçon de fraude – “on” l’avait soutenu, moyennant bakchich, probablement. Si la province décide cette fois de ne pas étouffer l’affaire, au risque de briser d’ autres destins, c’est qu’elle fait un tort intense à cette activité très lucrative : rêvant de fortune, le Chinois moyen achète l’an dernier pour 2MM² (+18%), rien qu’à la loterie des sports – une des innombrables sur ce marché.

En chiffre total, c’est le 9ème rang mondial, avec 4,5MM² en ’02. Le malaise est loin de se cantonner à Xi’an : de tels scandales de loterie éclatent régulièrement dans toute la Chine, le dernier en février, à Pékin. Le problème de fond, tient à l’absence de loi pour encadrer l’activité : encore une chose à régler avant l’arrivée des JO de 2008!

 

 

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