Editorial : TCL-Thomson : un géant mutant de la TV apparaît !

L’accord (3/11) entre TCL, n°2 chinois du téléviseur (18% du marché, aussi présent en téléphone portables et PC) et du français Thomson a étonné industriels et boursiers du monde. Cette fusion d’actifs euro-chinois est en effet une 1ère  mondiale, à ce niveau d’investissement.

Depuis 1997, Zhu Rongji, 1er ministre, cherchait à imposer, en tous secteurs, des restructurations nationales, pour prévenir les fusions extérieures. Mais les barrières commerciales entre provinces avaient fait dérailler ce processus en une guerre des prix effrénée, pour une production surabondante et peu sophistiquée. Sur ce marché sans profit, seuls 3 ou 4 grands tels Konka, Changhong et TCL parvenaient à créer leur centre de R&D maison.

Cette fusion sino-étrangère change les règles du jeu mondial.

TCL (Shenzhen, frontière hongkongaise) apporte ses usines ultramodernes (ses 20.000 ouvriers), et Thomson 9.000 actifs dont 1.100 ingénieurs, pour une synergie de rêve, associant bas coûts de production, technologie de pointe et base sur 3 continents (marché total : 100M de postes TV/an) : Thomson en Europe, TCL en Chine et RCA aux USA (marque de Thomson qui  y est n°1 avec 13% du marché).

Le résultat sera une capacité annuelle de production de 18 M de téléviseurs, et 4 M de lecteurs de DVD. Avec de tels volumes, TCL-Thomson sera n°1, à égalité avec Sony et Philips.

Cette fusion est l’aboutissement d’années de tâtonnements entre groupes industriels et l’Etat chinois, en quête de la bonne formule. En 1998,  Pékin avait discrètement interdit la reprise à 50% par Philips de Changhong, le n°1 (Chengdu, Sichuan). En 2000, Philips avait cédé à 2 groupes chinois sa (petite) division  de GSM (2 chaînes à Shenzhen, un centre de R&D en France). Puis TCL rachetait Schneider Technol., groupe allemand en difficulté, s’ouvrant ainsi la porte du marché de l’Union Européenne.

Si Pékin autorise à présent cette fusion en grand, c’est que :

1. TCL aura 67% des parts et Thomson, 33%. Après 18 mois, le Français rendra ses parts dans la JV, contre une part directe dans la maison mère : le deal lui permet aussi de colmater ses pertes (93M$ au 1er semestre), au prix de sa sortie sous 18 mois du secteur du téléviseur, sauf dans certaines niches haut de gamme!

2. la fusion est facilitée par un  principe politique, prêté à l’équipe de Hu Jintao, de ne plus interférer dans la gestion des groupes industriels

Enfin, cette fusion sino-étrangère est le révélateur indiscutable d’une maturation de l’industrie chinoise. Aujourd’hui, des groupes nationaux commencent à investir hors du pays : c’est une étape de croissance logique, résultant de l’extraordinaire poussée de sève de l’économie chinoise!

 

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