Petit Peuple : coup de STRESS, pas de SRAS!

— Au volant de son bus n°44  (14/09, Pékin), le chauffeur baillait, inconscient que derrière lui Melle Li l’apostrophait à mi-voix. Constatant son manège, la receveuse lui dit d’arrêter:changeant alors de stratégie, Li exigea de descendre- en plein 2d périphérique!

Et quand tomba la réplique immanquable (“Attendez l’arrêt!”), la fille cria soudain à la cantonade sa tirade préméditée : “J’ai le SARS, laissez moi sortir”… La réaction fut dramatique. Tous les 30 passagers refluèrent à l’arrière. Disjonctée, la demoiselle hurlait  “j’ai 39°de fièvre!”, tout en effeuillant son livre par la fenêtre. Sur le bas-côté pourtant, le docteur qui l’examina fut clair : aucun symptôme de pneumonie atypique ne hantait MelleLi ! Entre fureur et soulagement, les usagers en furent quittes pour la peur, Xu jing yi chang, (虚惊异常). A tout hasard, l’équipage et l’affabulatrice furent conduits au bloc, et le bus soumis à double douche au créosote. Reste, sur le comportement de Li, une brume de questions. Sa crise criait l’angoisse collective cachée d’un retour du virus. Un manque de tendresse et de connivence avait peut-être, à Melle Li, fait perdre les pédales. Mais telle aliénation est rare en Chine, où entre inconnus, l’on se parle plus qu’en Occident. Peut-être l’affaire du bus 44 exprime t’elle le déracinement abyssal, la mondialisation anonyme – la mort annoncée de la grande famille?

 

 

 

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