Petit Peuple : Comment Zhang déplaça la montagne

Au tribunal d’Urumqi (Xinjiang) entre banales affaires de chapardage de mouton ou de rivalités tribales, les greffiers avaient pris l’habitude de voir arriver mme Zhang, attaquer son fils pour  bu xiao zi sun (manque de respect envers les parents). Selon un rituel établi, le lendemain, la vieille femme revenait toujours, et retirait sa plainte. En déc.2001, une femme magistrat plus curieuse que les autres enquêta auprès des voisins. Elle découvrit que titulaire d’un F3 et d’une pension de 1000Y (belle somme, à Urumqi), mme Zhang n’était pas dans le besoin. Simplement, sans mari (décédé quelques années plus tôt), et ne supportant pas sa solitude, ni le départ de son fils unique à l’autre bout du pays (il habitait Zhuhai,Guangdong), elle avait imaginé l’innocent stratagème : obligé de se rendre à la convocation à Urumqi, l’homme, au passage, pourrait bien rendre visite à sa mère ! Mais à peine l’action engagée, le remords gonflait indomptable. Ne voulant pas le malheur de son héritier, elle détricotait alors sa trame judiciaire. La juge découvrit alors qu’au moins un autre vieux d’Urumqi, m. Qu portait plainte régulière contre ses filles, reparties à l’Est, vers la modernité et la vie facile. C’est l’histoire d’une génération de chi nois sacrifiés, transplantés au Xinjiang pour peupler la province rebelle. A présent, ils sont âgés, leurs enfants envolés. C’est aussi l’avatar d’une célèbre légende,  Yu gong yi shan, qui parle de vieillesse et de combat insensé, ingagnable mais digne, pour «déplacer la montagne» – faire revenir son fils à soi.

 

 

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