Petit Peuple : un jugement de Salomon à la chinoise

· La loterie, nouveau rêve populaire, est pour quelques élus l’ascenseur vers des fortunes parfois considérables. Le dernier tirage à Wuhan (20 avril 2001), avec son super gros lot de 3,5 M$, a fait perdre la boule aux organisateurs, bien séduits par la perspective de faire chuter la mise dans certaines poches plutôt que d’autres. Mais ne s’improvise pas escroc qui veut. Avant de tomber dans l’alvéole des numéros gagnants (processus bien visible sur l’écran géant de l’auditorium), la 1ère balle réagit si bizarrement, que des cris fusèrent. La seconde fit perdre tout contrôle à la salle, frisant l’émeute- la chute des boules échappait à la loi de la chute des corps. Les huissiers, de mèche, refusèrent de bouger, alléguant qu’on les payait (mal) pour «être des yeux et non des mains». Pris au dépourvu, le planton de service ne put que trancher de son canif une des sphères litigieuses : elle s’avéra remplie de limaille de fer. Epilogue: la recette est sous scellés, et la justice se gratte la tête pour savoir comment dénouer ce premier grand scandale du jeu en République Populaire de Chine.

· En mai 1998, à l’hôpital de Qinzhou (Guangxi), Mme Lu (33 ans) accoucha d’un garçon prématuré, au visage fripé comme une vieille pomme. En cette province encore versée dans la superstition, il n’en fallut pas plus aux parents pour y voir un petit démon et l’abandonner sur le champ. La chance du bébé fut Mme Huang, la balayeuse qui l’emmena. Avec amour et son épargne d’une vie (2.000$), l’enfant fut sauvé. C’est alors, 18 mois plus tard que Mme Lu refit surface, revendiquant à hauts cris son héritier -au tribunal. En toute logique juridique, la cour le lui accorda, se bornant à lui imposer de verser 6.000$ à la rivale. Verdict confirmé le 4 janvier en appel… La justice chinoise était-elle moins sagace que celle de Salomon ? Non, car une chaîne de TV organisa une rencontre des mères, dans la masure de celle d’adoption. Constatant que son fils piaillait à l’idée de quitter les bras de l’autre, la marâtre fut touchée par la grâce: le plus bel amour pour son fils consistait à ne le point priver de sa mère de fait. Sur antenne, les deux femmes convinrent de laisser l’enfant choisir sa famille à l’âge de raison -et bien des chaumières essuyèrent des yeux humides à cet exemple rare de miséricorde des temps modernes !

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