Le Vent de la Chine Numéro 18

du 13 au 19 mai 2001

Editorial : editorial_18_2001

Ce printemps chinois voit une profusion de sommets et symposiums. Alors que Hong Kong héberge (voir colonne 1) le Forum Mondial Fortune, (nouveau) roi des sommets, Shanghai a reçu (du 8 au 10 mai) le China Forum 2001 (de la Crédit Lyonnais Securities Asia) et Pékin (11 au 12 mai) le Forum Mondial CEO, sous l’égide de la mairie. Ces grandes messes médiatiques se font une concurrence effrénée pour la présence des investisseurs étrangers. Ainsi, le CEO est gratuit -d’autres coûtent des milliers de dollars par visiteur.

Même phénomène au niveau des expositions: à Pékin, la CBHT (semaine internationale des industries high tech,10 au 15 mai) succède à une foule de salons à travers le pays, offrant pour chaque secteur, jusqu’à 3 expos redondantes dans la saison -sans aucun «plus» pour les professionnels. C’est ainsi que la CBHT a -elle aussi- offert stands et espaces gratuits aux étrangers, garanti battage de pub et copieuses délégations des provinces. A l’évidence, expos et sommets -outils majeurs pour maintenir en Chine échanges et investissements, ont atteint le degré de saturation.

Autre thème du moment: les efforts pour recapitaliser provinces et entreprises d’Etat pauvres. Au Liaoning, des groupes tels Liaohua (chimie) dégraissent leur personnel (de 200.000 à 120.000): probablement sans bourse délier, suite au projet pilote annoncé en janvier par Zhu Rongji, de reprise par l’Etat des charges sociales des EE, y compris chômage, pension et « RMI ». Ainsi, les EE du Liaoning, responsables de 50% du PIB local, reçoivent enfin les moyens de placer leurs fonds dans des investissements productifs. La province veut aussi dépenser 3MMY en 3 ans en projets d’infrastructures, et créer 100.000 emplois -genre cantonnier.

Au nord-Xinjiang, la ferme d’Etat n°123, de 15.000 ha, a reçu le droit de vendre la moitié de sa récolte de coton au marché libre, lui permettant d’investir dans des équipements, serres, tracteurs et systèmes d’irrigation. Elle les reloue ou vend à son personnel, semant ainsi de la richesse. A travers le pays, Pékin s’apprête, dans le même souci, à diviser ou abolir la taxe agricole (8%), pour éviter les émeutes de la misère. La Chine sait que seuls 100 des 600M d’actifs ruraux, d’ici 2005, auront un vrai emploi -elle tente de bâtir 20 villes/an, pour accueillir les autres. A 240$/an, le paysan gagne le tiers du citadin, avec un taux de croissance (+2,1%) d’un tiers: par son volontarisme, la Chine montre qu’elle a compris l’urgence!

 

 


Editorial : Symposiums, projets provinciaux – Fruits de saison !

Ce printemps chinois voit une profusion de sommets et symposiums. Alors que Hong Kong héberge (voir colonne 1) le Forum Mondial Fortune, (nouveau) roi des sommets, Shanghai a reçu (du 8 au 10 mai) le China Forum 2001 (de la Crédit Lyonnais Securities Asia) et Pékin (11 au 12 mai) le Forum Mondial CEO, sous l’égide de la mairie. Ces grandes messes médiatiques se font une concurrence effrénée pour la présence des investisseurs étrangers. Ainsi, le CEO est gratuit -d’autres coûtent des milliers de dollars par visiteur.

Même phénomène au niveau des expositions: à Pékin, la CBHT (semaine internationale des industries high tech,10 au 15 mai) succède à une foule de salons à travers le pays, offrant pour chaque secteur, jusqu’à 3 expos redondantes dans la saison -sans aucun «plus» pour les professionnels. C’est ainsi que la CBHT a -elle aussi- offert stands et espaces gratuits aux étrangers, garanti battage de pub et copieuses délégations des provinces. A l’évidence, expos et sommets -outils majeurs pour maintenir en Chine échanges et investissements, ont atteint le degré de saturation.

Autre thème du moment: les efforts pour recapitaliser provinces et entreprises d’Etat pauvres. Au Liaoning, des groupes tels Liaohua (chimie) dégraissent leur personnel (de 200.000 à 120.000): probablement sans bourse délier, suite au projet pilote annoncé en janvier par Zhu Rongji, de reprise par l’Etat des charges sociales des EE, y compris chômage, pension et « RMI ». Ainsi, les EE du Liaoning, responsables de 50% du PIB local, reçoivent enfin les moyens de placer leurs fonds dans des investissements productifs. La province veut aussi dépenser 3MMY en 3 ans en projets d’infrastructures, et créer 100.000 emplois -genre cantonnier.

Au nord-Xinjiang, la ferme d’Etat n°123, de 15.000 ha, a reçu le droit de vendre la moitié de sa récolte de coton au marché libre, lui permettant d’investir dans des équipements, serres, tracteurs et systèmes d’irrigation. Elle les reloue ou vend à son personnel, semant ainsi de la richesse. A travers le pays, Pékin s’apprête, dans le même souci, à diviser ou abolir la taxe agricole (8%), pour éviter les émeutes de la misère. La Chine sait que seuls 100 des 600M d’actifs ruraux, d’ici 2005, auront un vrai emploi -elle tente de bâtir 20 villes/an, pour accueillir les autres. A 240$/an, le paysan gagne le tiers du citadin, avec un taux de croissance (+2,1%) d’un tiers: par son volontarisme, la Chine montre qu’elle a compris l’urgence!

 

 


A la loupe : Mékong -un parcours à haut risque

Prenant sa source dans le Qinghai (sur sol ex-tibétain), le Mékong, 10e cours mondial (4.200 km) et artère nourricière de 150M de Chinois, Birmans, Thaïs, Laotiens, Cambodgiens et Vietnamiens, est menacé… par sa richesse en eau: son potentiel de 58.000Mw en fait depuis les années 1960 l’objet de bien des convoitises, attisées par les fournisseurs d’équipements et les banques internationales (BM, ADB).

En 1996, le Mékong portait 11 barrages hydroélectriques et le Laos, détenteur d’un tiers du potentiel, en prévoyait 50 sous 25 ans. Vinrent les crues suite au lancement des barrages de Pak Moon (Thaïlande) et Theun Hinboun (Laos), forçant les pays riverains, au sein de la Mekong River Commission (MRC), à découvrir le coût réel des barrages: le nord-Cambodge vit une crue/an et non plus une tous les sept ans. D’autres filières moins coûteuses et moins dommageables à l’environnement voient le jour, telle la centrale à gaz, dont la région abonde.

Insensible au virage présent, la Chine, dans son effort pour développer l’Ouest, poursuit l’implantation de projets sur le haut cours du  Lancang (Mékong). Au Yunnan, 12 ouvrages en chantier, s’ajouteront à celui de Manwan (1.500 Mw). Au risque de préjudice aux pays en aval: à Vientiane (Laos), 60% des eaux du Mékong viennent de Chine. Retenant 169km d’eaux, le barrage de Xiaowan (Yunnan) fonctionnera en 2010. D’ici là, il sera technologiquement dépassé. Dès maintenant, bien des administrateurs en Asie du Sud-Est, se posent la question de l’avenir du cours d’eau commun, à cette échéance !

 


Pol : euthanasie -un débat pragmatique

· au coeur d’un débat mondial depuis sa légalisation aux Pays-Bas, l’euthanasie est un sujet aussi controversé en Chine qu’ailleurs. Bien que Confucius interdise le suicide (grave offense aux ancêtres) le Chinois moderne semble moins mal à l’aise face à l’idée. Une enquête de Jeunesse de Pékin (9 mai 2001) auprès de 214 citoyens, révèle 75% de réponses favorables à l’interruption légale de la vie sur demande du patient, d’un ami ou d’un proche. 65% l’envisagent pour eux-mêmes. Les arguments en faveur, comportent bien sûr, en premier lieu, le souhait de "mettre fin aux souffrances", mais aussi, avec une franchise peu courante en Occident, pour 6% des interrogés, un moyen de réduire «les dépenses médicales», et pour 7%, «la pression psychologique sur le cercle familial». Les personnes sondées, toutefois, gardent lucidité: 39% n’estiment leur pays pas prêt, en l’absence d’un appareil (garde-fou) juridique éprouvé, d’un système médical efficace, voire d’une tradition. Les Chinois se méfient des abus, du magistrat marron comme du médecin véreux, trop prêts à succomber à la corruption des ayant-droits: 52% craignent les coups fourrés autour des héritages qui, avec l’enrichissement, commencent à réapparaître.

· la tempête causée par la décision américaine de vendre 5MM$ d’armes à Taiwan, a touché une île «à marée basse» au niveau des affaires. Les indicateurs de mars étaient les plus bas depuis quinze mois, et un millier de travailleurs manifestaient le 1er mai 2001 à Taipei, aux slogans de «du boulot!». Cette mauvaise ambiance renforce les voix pro-Pékin, à l’époque où celle-ci se montre subtilement discrète et conciliatoire. Ténor du Kuo Min Tang  (d’opposition), M.K. Li demande si Taiwan peut se permettre de payer 3,2MM$ pour quatre destroyers américains de classe Kidd, bâtis 20 plus tôt pour le Shah. Le 8 mai, l’ex-premier Ministre Vincent Siew (KMT), à la tête d’une délégation de patrons insulaires, entamait huit jours de visite continentale, et y appelait de ses voeux la mise en place d’un marché commun bilatéral pour accroître les échanges (30MM$ en 2000, contre 23,5MM$ en 1999). Au même moment, selon un sondage, une ville chinoise passait (c’était une première) au palmarès des 10 destinations privilégiées taiwanaises à l’immigration: Shanghai, n°4. Autant de signaux suggérant que la stratégie chinoise (visant à enfoncer le coin entre les partis taiwanais pour isoler le Président indépendantiste Chen Shui-bian, et amoindrir ses chances de réélection en 2004), n’est pas sans succès. Pour sa part, Chen espère que ses escales à New York (où il visitera Wall Street) et Houston, en route pour un tour de l’Amérique Latine (21 mai au 4 juin), redoreront son blason.


Argent : un investissement en or – les congés payés

· Les chiffres sont là, tambourinés par la presse : «l’économie des congés», pratique vieille de 2 ans, consistant en trois semaines/an de vacances payées (en plus des deux estivales), marche fort. Pendant la «Semaine Dorée» de la Fête du Travail, (du 1er au 8 mai 2001), 74M de vacanciers se sont dispersés par route, air ou train, à travers la vaste Chine et y ont dépensé 3,48MM$ (47$/personne). Le record, pour la Fête Nationale (du 1er au 8 octobre), est pulvérisé – 60 M de touristes y avaient brûlé 2,78MM$ (46$ /pers.). Les gagnants sont les compagnies aériennes et chemin de fer, qui ont encaissé 162M$ et 111M$. 25 destinations phare (Pékin, Shanghai, Hangzhou…) ont attiré 35% des «estivants», 26M. Il a dû faire chaud à Shenzhen, au parc «Fenêtre du Monde» (miniatures de la Tour Eiffel, de Big Ben…), 1ère destination avec 2,5M$ d’entrées, suivi de la Cité Interdite (1,9M$).Les sédentaires ont compensé en assiégeant salles de gym, librairies et artères commerciales telles Huaihai et Nanjing Lu, à Shanghai, qui ont enregistré des ventes doubles de l’ordinaire.

 


Politique : politique_18_2001

· au coeur d’un débat mondial depuis sa légalisation aux Pays-Bas, l’euthanasie est un sujet aussi controversé en Chine qu’ailleurs. Bien que Confucius interdise le suicide (grave offense aux ancêtres) le Chinois moderne semble moins mal à l’aise face à l’idée. Une enquête de Jeunesse de Pékin (9 mai 2001) auprès de 214 citoyens, révèle 75% de réponses favorables à l’interruption légale de la vie sur demande du patient, d’un ami ou d’un proche. 65% l’envisagent pour eux-mêmes. Les arguments en faveur, comportent bien sûr, en premier lieu, le souhait de "mettre fin aux souffrances", mais aussi, avec une franchise peu courante en Occident, pour 6% des interrogés, un moyen de réduire «les dépenses médicales», et pour 7%, «la pression psychologique sur le cercle familial». Les personnes sondées, toutefois, gardent lucidité: 39% n’estiment leur pays pas prêt, en l’absence d’un appareil (garde-fou) juridique éprouvé, d’un système médical efficace, voire d’une tradition. Les Chinois se méfient des abus, du magistrat marron comme du médecin véreux, trop prêts à succomber à la corruption des ayant-droits: 52% craignent les coups fourrés autour des héritages qui, avec l’enrichissement, commencent à réapparaître.

· la tempête causée par la décision américaine de vendre 5MM$ d’armes à Taiwan, a touché une île «à marée basse» au niveau des affaires. Les indicateurs de mars étaient les plus bas depuis quinze mois, et un millier de travailleurs manifestaient le 1er mai 2001 à Taipei, aux slogans de «du boulot!». Cette mauvaise ambiance renforce les voix pro-Pékin, à l’époque où celle-ci se montre subtilement discrète et conciliatoire. Ténor du Kuo Min Tang  (d’opposition), M.K. Li demande si Taiwan peut se permettre de payer 3,2MM$ pour quatre destroyers américains de classe Kidd, bâtis 20 plus tôt pour le Shah. Le 8 mai, l’ex-premier Ministre Vincent Siew (KMT), à la tête d’une délégation de patrons insulaires, entamait huit jours de visite continentale, et y appelait de ses voeux la mise en place d’un marché commun bilatéral pour accroître les échanges (30MM$ en 2000, contre 23,5MM$ en 1999). Au même moment, selon un sondage, une ville chinoise passait (c’était une première) au palmarès des 10 destinations privilégiées taiwanaises à l’immigration: Shanghai, n°4. Autant de signaux suggérant que la stratégie chinoise (visant à enfoncer le coin entre les partis taiwanais pour isoler le Président indépendantiste Chen Shui-bian, et amoindrir ses chances de réélection en 2004), n’est pas sans succès. Pour sa part, Chen espère que ses escales à New York (où il visitera Wall Street) et Houston, en route pour un tour de l’Amérique Latine (21 mai au 4 juin), redoreront son blason.


A la loupe : réforme immobilière – un succès anarchique

En 2000, l’immobilier a représenté 20 à 25% de croissance du PNB et engendré pour 94 MM$ de chiffre, rien qu’en vente d’actifs publics. Les mesures d’aide à l’accès à la propriété (prêt bancaire, baisse d’impôts, plan épargne, hausse des loyers des apparts d’entreprise d’Etat, marché de l’occasion) portent leurs fruits, même si les prix à l’achat, erratiques et irrationnels, restent hors de portée de bien des bourses (1952RMB/m²,dix fois le revenu/an du foyer, ratio bien plus élevé qu’en Occident).

Dans les 36 plus grandes villes, 70% des logements sont privés, contre 13% en 1993. La part du revenu consacré au logement s’envole, pour les propriétaires mais aussi pour les locataires, de 3,2% en 1996 à 15% aujourd’hui. Hier rivés par le logis gratuit à leur EE, les citadins descendent aujourd’hui au privé, sans perdre leur logement -ils le sous-louent. L’immobilier devient un placement, tout comme la bourse, et les riches s’arrachent les villas à 500.000$ avec vue sur la Grande Muraille, du lotissement «la Commune» –c’est l’ère de la résidence secondaire !

Les promoteurs changent de stratégie. Les nouveaux complexes se réclament d’une meilleure qualité (le scandale de l’ammoniac de New Town, à Pékin, a laissé des traces), d’un bon design (conséquence de tous ces complexes mal conçus et qui sont restés invendus), verts (les mairies refusent désormais les projets sans parc), et plus ouverts aux étrangers (davantage de lotissements reçoivent la licence de vente aux non chinois).

Ainsi, la demande se fait plus exigeante, et l’offre plus variée. C’est le promoteur qui a du mal à suivre. Mis à part quelques gros groupes hongkongais, la plupart sont des PME plaçant dans le secteur «quelques sous» en amateur,

grevant ainsi leur chance de monter en puissance: le secteur reste à structurer. Demeure aussi une ambiguïté au niveau des titres de propriété, liée au statut constitutionnel du sol, bien incessible de l’Etat.

 


Joint-venture : peau de velours et caisse bien pleine

· BP remporta en mars 2001 le concours, parmi des groupes comme Shell, ou Exxon, du partenaire étranger au terminal gaz naturel liquéfié de Shenzhen, avec un consortium mené par la CNOOC (cf. VdlC n°12/VI). La prochaine étape consiste à savoir qui remportera (dès cette année) le contrat de 500M$/an pour approvisionner l’outil. Après son succès de Shenzhen, BP semble bien placé pour en fournir une part, notamment à partir de North West Shelf en Australie. Avec 6700MM m3 de gaz, NWS représente 8% de l’offre mondiale, et est cogéré par BP,Chevron, Shell, Mitsubishi, Mitsui et BHP. NWS a accru ses chances de remporter le deal après l’annonce, semaine passée, de tractations entre Australia LNG (agence nationale de vente) et CNOOC, pour lui céder 6MM$ de parts de NWS, moyennant l’attribution du contrat de fourniture. Nouvelle révélatrice de la percée mondiale de ce type de troc, permettant aux grands acteurs mondiaux de limiter les risques: Shell offre à Korea Gas une part de son projet GNL sur l’Ile Sakhaline. Elle confirme aussi la volonté chinoise de contrôler et diversifier ses imports (face à une explosion prévisible de sa demande) à travers le monde.

· il n’a fallu que 25 ans, après la mort du Timonier (1976) pour briser les tabous: en 2001, la femme peut se faire belle, et le marché des cosmétiques explose dans les villes, au rythme de 10 à 20%/an. En 2000, les ventes ont atteint 4,1MM$ soit 170 fois plus qu’en 1982, et visent les 9,6MM$ en 2010 (dont 500M$ à l’export). Importées ou produites sur place, les marques étrangères, emportent la part de la lionne, 2/3 du marché, grâce à une présence massive en Chine depuis 10 ans (1,5MM$ d’investissements et 450 usines), et une identité chinoise: sur place depuis 1997, L’Oréal a élu l’actrice Gong Li, ambassadrice de sa ligne cosmétique, et Coty s’est associé le concours de Yue-Sai Kan, idole de la TV, pour créer une marque sous le nom d’icelle. Ancien des ventes pyramidales, Avon (US) a vu en 2000, ses ventes mousser de 44%, à 71M$, et espère atteindre les 150M$ en ’03. Il n’aura sans doute aucun mal. Les chinois ne dépensent que 2,4$/an en produits de beauté, contre 70$ en occident.

 


Temps fort : LE FORUM Mondial parle affaires

700 chefs d’Etat et PDG étaient à Hong Kong au Forum Mondial Fortune (8 au 10 mai 2001) sur le thème de «L’Asie de la prochaine Génération». Cette fois le «Fortune» se déroulait hors de Chine, et ne parlait pas que de la Chine: raison, pour le leadership pékinois, d’y descendre en masse s’y faire entendre, surtout en cette période tendue de relations avec Washington.

Le 8 mai, Jiang Zemin a voulu rasséréner: pas de référence à Taiwan ni à la crise avec les Etats-Unis, mais référence aux chances d’investissement et aux 1400MM$ de biens que la Chine importera d’ici 2005. Enthousiaste sur l’OMC, il a promis, «une concurrence loyale et transparente entre groupes chinois et étrangers».

Evoquant Hong Kong et le concept politique de  «un pays, deux systèmes», il a affirmé que les Hongkongais «n’ont jamais tant joui de droits démocratiques». Dans les rues, encadrés par des forces de l’ordre en nombre sans précédent, se déroulaient de nombreuses mini-manifestations, du Falungong (jusqu’à 400 adeptes) et d’autres, tandis qu’au moins 100 membres étrangers de la secte avaient été refoulés à l’aéroport. Le 9 mai, Jiang confirma au citoyen Bill Clinton (venu faire le discours de clôture), le désir de Pékin de relations bilatérales fortes avec le peuple américain. L’ex-Président américain émit des voeux similaires.

En verve, Wu Jichuan, patron du MII, signifia aux PDG de dotcoms (Sina, PCCW, Sohu) que l’engouement boursier sur leurs titres en 2000, n’était qu’une bulle, eux-mêmes n’étaient que des alchimistes, et leur rappela cette vérité éternelle comme le diamant: «rien encore ne transforme la pierre en or».

Le Forum a constaté les progrès de l’industrie chinoise: en 2000, 9 groupes appartenaient aux 500 fortunes planétaires (en revenus, pas en profits!), contre 5 en 1999. 58ième, Sinopec était n°1 chinois (42MM$ en 2000). Enfin, sponsor du Forum, AOL Time Warner fit vaine pression pour voir lever le ban sur son magazine vedette, Time Magazine -comme en 1999 !

 


Petit Peuple : un jugement de Salomon à la chinoise

· La loterie, nouveau rêve populaire, est pour quelques élus l’ascenseur vers des fortunes parfois considérables. Le dernier tirage à Wuhan (20 avril 2001), avec son super gros lot de 3,5 M$, a fait perdre la boule aux organisateurs, bien séduits par la perspective de faire chuter la mise dans certaines poches plutôt que d’autres. Mais ne s’improvise pas escroc qui veut. Avant de tomber dans l’alvéole des numéros gagnants (processus bien visible sur l’écran géant de l’auditorium), la 1ère balle réagit si bizarrement, que des cris fusèrent. La seconde fit perdre tout contrôle à la salle, frisant l’émeute- la chute des boules échappait à la loi de la chute des corps. Les huissiers, de mèche, refusèrent de bouger, alléguant qu’on les payait (mal) pour «être des yeux et non des mains». Pris au dépourvu, le planton de service ne put que trancher de son canif une des sphères litigieuses : elle s’avéra remplie de limaille de fer. Epilogue: la recette est sous scellés, et la justice se gratte la tête pour savoir comment dénouer ce premier grand scandale du jeu en République Populaire de Chine.

· En mai 1998, à l’hôpital de Qinzhou (Guangxi), Mme Lu (33 ans) accoucha d’un garçon prématuré, au visage fripé comme une vieille pomme. En cette province encore versée dans la superstition, il n’en fallut pas plus aux parents pour y voir un petit démon et l’abandonner sur le champ. La chance du bébé fut Mme Huang, la balayeuse qui l’emmena. Avec amour et son épargne d’une vie (2.000$), l’enfant fut sauvé. C’est alors, 18 mois plus tard que Mme Lu refit surface, revendiquant à hauts cris son héritier -au tribunal. En toute logique juridique, la cour le lui accorda, se bornant à lui imposer de verser 6.000$ à la rivale. Verdict confirmé le 4 janvier en appel… La justice chinoise était-elle moins sagace que celle de Salomon ? Non, car une chaîne de TV organisa une rencontre des mères, dans la masure de celle d’adoption. Constatant que son fils piaillait à l’idée de quitter les bras de l’autre, la marâtre fut touchée par la grâce: le plus bel amour pour son fils consistait à ne le point priver de sa mère de fait. Sur antenne, les deux femmes convinrent de laisser l’enfant choisir sa famille à l’âge de raison -et bien des chaumières essuyèrent des yeux humides à cet exemple rare de miséricorde des temps modernes !