Petit Peuple : Un ‘sport’ national millénaire – le mah jong !

· De part et d’autre du portail lapidaire de ce  siheyuan (« cour carrée », maison traditionnelle pékinoise), deux inscriptions figuraient au mur gris clair. A gauche, une plaque annonçait le monument historique du XIXe siècle, résidence (de 1917 à 1919) de Cai Yuanpei, ancien recteur de  Beida, la 1ère Université du pays.

A droite, était torché à la chaux le caractère chai (démolir). Dernier îlot au milieu des gravats du pâté de maison (datant de la même époque), la demeure se résignait à son triste sort – le centre commercial et résidentiel attendait. Et puis le miracle s’est produit – pour la 1ère fois peut-être dans l’histoire moderne de la capitale, l’ordre de destruction a été retiré.

Cai était aussi une figure historique, héros pré-révolutionnaire. Pétitions et protestations n’ont pas manqué. L’arrêt salvateur n’est pas venu de la mairie de quartier, mais du promoteur, une femme hongkongaise, plus respectueuse de la culture et de l’histoire, qui a accepté de convertir la maison en musée, et de construire son lotissement autour d’elle.

Début octobre, un autre vénérable professeur d’université du nom de Zhou avait eu moins de chance : sa villa, quoique aussi ancienne et belle, n’a pas échappé aux bulldozers, après dix ans de lutte inégale, de campagne en procès (cf VdlC n°31/V).

· Après « regarder la télé », devinez quel est le second hobby favori des chinois : selon le sondage de l’institut «Horizon» auprès de 5584 personnes de 18 à 64 ans, il s’agit du mah-jong, ce jeu de dominos laiteux qui sévit depuis plus de 1000 ans (depuis les Song du Nord, 960-1127).

A Chengdu, 75% des gens s’y adonnent, et 55% l’ont désigné comme le symbole de la ville, loin devant le panda (25%), la marmite sichuanaise, ou le Temple de Zhuge Liang, héros mythique du roman « les trois royaumes ». En un joyeux fracas de pièces plaquées sur les tables, le mah-jong se joue (bravant l’interdiction légale) à l’argent, pour des montants parfois considérables, à tous les échelons de la société : dans les maisons de thé, les bureaux, les hôtels cinq étoiles ou sur les trottoirs.

Le mois dernier, à Tianjin, une école maternelle a causé le scandale en accueillant dans ses locaux un tripot de mah-jong, ouvert tous les jours de 13 h à minuit. Retrouvant leurs enfants plus experts en jurons qu’en rondes et en comptines, les parents ont exigé la fermeture du salon. Ce que le directeur a accepté de faire, provisoirement, et à contrecoeur, avançant un argument imparable : « avec le contrôle des naissances, vous ne faites plus d’enfants : nous sommes au bord de la faillite ! ». Un fonctionnaire municipal abonda dans son sens, déclarant que les jardins d’enfants, « entités économiques »,  devraient s’orienter à « la loi du marché » (sic): à bientôt, la réouverture !

 

 

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