Editorial : Entreprises d’Etat : un démantèlement annoncé

Dédié à la réforme des Entreprises d’Etat (EE), le Plenum du Comité Central de septembre 1999 avait semblé pécher par pusillanimité, s’étant borné, sans prendre la moindre mesure nouvelle, à « ré-adopter » une fraction des mesures prises deux ans plus tôt par le 15ème  Congrès, ensuite non suivies d’effets.

Toutefois, les décisions annoncées cette semaine par la China Securities Regulatory Commission (CSRC) permettent de rectifier l’image : Pékin s’attaque au démantèlement du marché des parts «A-institutionnelles» des EE, digne du nettoyage par Hercule des écuries d’Augias. Sont concernées rien moins que deux tiers du capital des EE, exprimé en titres « hors commerce », afin de garantir la pérennité du secteur public. Jusqu’à présent, ces parts se traitaient à Pékin, entre EE, dans deux marchés électroniques STAQ et NET : ils ont fermé vendredi 8, au titre d’une « expérience », qu’on dit définitive.

Autre élément du même processus de néo-privatisation : une vente « précurseur » de ces titres vient d’être autorisée. Comme d’habitude en ce genre d’opération, un titre de qualité incontestable a été choisi pour essuyer les plâtres : 30% des parts (205M) de Hainan Airlines (HA) vont être vendues sur les places de Shanghai et de Shenzhen. Propriété partielle de l’américain Georges Soros, HA a été en 1998 la seule Cie aérienne en Chine à dégager des profits (elle en attend 148M USD pour 1999). Les 6% perdus, et les 15% conservés, maintiennent Soros au rang de 1er actionnaire. Avec cet argent frais, HA paiera l’achat d’appareils, et 25% de l’aéroport de Haikou (Hainan).

Parmi les leçons qu’on peut déduire de cette vente liminaire, on compte :

[1] la volonté publique de relancer dans le concret la réforme des EE,

[2] le fait que les Entreprises d’Etat ne sont pas forcément demandeuses du maintien public d’une majorité de leur capital;

[3] la concrétisation d’un autre principe du dernier Plenum : le désengagement de l’État des secteurs commerciaux, afin de concentrer ses moyens sur ceux « stratégiques ». Le tout, rendant possible une large privatisation.

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