Le 19ème Salon CHITEC, consacré aux technologies de pointe, vient de fermer ses portes à Pékin. La vedette cette année était un concept, déjà présenté lors de l’édition de 2010 : le « Transit Elevated Bus » (TEB), sorte de tramway aérien, chevauchant l’artère, au-dessus du trafic routier. La taille est imposante, 8m de large par 54m de long (4 wagons), planant à 4,7m du sol dont 2,2m sous bas de caisse—permettant ainsi le passage de véhicules de moins de 2m. L’engin surplombe deux voies de circulation, sur rails latéraux. On y accède aux arrêts surélevés, par escalators. Sa vitesse maximum est de 60km/h, et sa capacité de transport de 300 passagers par wagon, soit 1200 par rame. Des caractéristiques sûrement amenées à évoluer avec les prototypes.
À propulsion électrique, il épargne par an 800 tonnes de fuel, et évite 2500 tonnes de CO2 de rejet dans l’atmosphère, selon Song Youzhou l’ingénieur en chef. Éliminant 40 bus, il doit fluidifier le trafic des décennies futures—ou plus vraisemblablement mitiger l’augmentation inéluctable du parc automobile urbain, avec 20 millions de nouveaux conducteurs attendus par an, pour la plupart en ville.
Au niveau des coûts, bonne nouvelle : un tel engin se contente d’emprunter les axes existants, et ne coûte que 16% du budget d’un métro. Il raccourcit aussi le temps de construction en épargnant le besoin de forage en sous-sol.
Restent les obstacles prévisibles, ou non, de cette technologie non testée : comment passeront les bus, mini-vans, camions ? Les ponts, périphériques et échangeurs routiers devront également être refaits. Les arbres et monuments peuvent être menacés par le passage de ces monstres roulants. Ce concept trouvera ainsi plus facilement sa place dans des villes nouvelles, où tout est à faire, en tant qu’outil d’urbanisme. Et tous les avantages liés à la propreté de l’air, dépendront de la manière dont l’électricité est produite.
Toujours est-il que le prototype en construction à Changzhou (Jiangsu) devrait être testé à partir d’août à Qinhuangdao (Hebei). On peut ainsi conclure que la Chine de demain sera de moins en moins consommatrice, et de plus en plus productrice de nouvelles technologies urbaines.
Sommaire N° 20 (2016)