Education : Tempête sur les maternelles

Le 22 novembre, un scandale éclata dans une maternelle pékinoise du groupe RYB (Red Yellow Blue). Plusieurs parents accusèrent le personnel  d’avoir forcé leurs enfants de 3 ans à avaler des pilules « étranges », de leur avoir infligé des piqûres et même des sévices sexuels. La police arrêta alors l’institutrice, le directeur, ainsi que deux parents qu’elle accuse d’affabulation. Selon les autorités, les parents auraient menti quant aux médicaments et aux abus sexuels – les traces de piqûres elles, auraient été infligées par l’institutrice comme punition avec des épingles. Peu crédules face aux conclusions de la police, les internautes s’indignèrent. Et la censure qui entoure l’affaire ne fit qu’exacerber une crise de confiance entre la population et les autorités.
Pour tout compliquer, de sources sino-US, l’actionnaire de 23% des parts de RYB (1300 garderies et 500 maternelles dans 300 villes, en bourse de New York depuis septembre) serait proche de Meng Jianzhu, ex-ministre de la Sécurité Publique, en retraite depuis octobre, un ancien bras droit de Zhou Yongkang. Etrange concomitance entre le départ de ce patron des polices du pays, et l’éclatement des accusations.

Toutefois, cette affaire braque le projecteur sur le développement hors contrôle de maternelles, en dehors de tout cadre légal. En effet, la maltraitance existe et est même fréquente dans ces maternelles. 15 jours plus tôt à Shanghai, l’une d’elle est surprise à punir les bambins en leur faisant avaler du wasabi, moutarde japonaise – deux éducateurs ont été arrêtés. Du coup, les municipalités multiplient les promesses d’inspections, de cameras et contrôles renforcés surtout (précise Pékin) dans les maternelles « qui viennent d’ouvrir, ou bien celles pour migrants ».

Ces écoles pour 3-6 ans, dont un tiers sont publiques, se sont multipliées après 2010, accueillant 44 millions d’enfants (77% de la tranche d’âge). Le reste va au privé, qui a surinvesti dans les murs au détriment du personnel éducatif. Mal-payés, seulement 22% des 2,5 millions d’encadrants sont diplômés. Avec en moyenne un enseignant par classe de 20 enfants, ils sont dépassés et punissent pour faire face.

Une solution insolite est proposée par un institut d’intelligence artificielle de Guiyang (Guizhou) : un logiciel branché sur de multiples caméras dans les maternelles, doit détecter en direct les cas de maltraitance. La faiblesse de cette solution genre « big brother pour tout-petits », est d’ignorer le problème de fond : un déficit systémique en formation à la puériculture, et l’absence de loi d’encadrement du secteur, fixant cahier des charges et obligations des opérateurs. Justement, Tian Xuejun, vice-ministre de l’Education promet, en accéléré, un cadre légal pour les pouponnières du Céleste Empire. Mieux vaut tard que jamais ! 

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