Environnement : Une bouffée d’air pas si anodine

En septembre, le ressenti des habitants de la capitale chinoise était confirmé par les chiffres : la qualité de l’air de Pékin s’est sensiblement améliorée. Selon les données du groupe suisse IQAir AirVisual, le niveau de concentration de microparticules (PM 2,5)  dans l’air a chuté de 20% depuis le début de l’année par rapport à 2018. Ainsi, Pékin devrait sortir du classement des 200 villes les plus polluées au monde dès la fin de l’année, si elle continue sur cette voie !

Toutefois, ce succès n’est pas généralisé : si l’on exclut la région Jing-Jin-Ji (Pékin, Tianjin et la province du Hebei), objet de toutes les attentions, les émissions nationales de microparticules ont en fait augmenté de 1,6% entre 2012 et 2017. En cause, la relocalisation des industries dans des régions moins développées ayant aggravé le phénomène, utilisant des méthodes de production souvent plus polluantes que les régions plus prospères.

Le gouvernement lui-même en a fait les frais lors des célébrations du 70ème anniversaire de la RPC le 1er octobre : le ciel était gris, alors que tout avait été tenté aux alentours pour s’assurer qu’il soit bleu… Une vague de pollution venue du Jiangsu serait venue jouer les trouble-fêtes. Des chercheurs de l’université de Tsinghua prédisent que le changement climatique va empirer la qualité de l’air en Chine avec ses périodes de fortes chaleurs, sans une brise de vent.

Une récente évaluation estimait à 38 milliards de $ (soit 0,7% du PIB) le coût de la pollution de l’air en Chine, réduisant le rendement des cultures de riz, blé, maïs et soja de 22 millions de tonnes, et provoquant 1,1 million de morts prématurées chaque année dans le pays. Selon une étude publiée le 14 octobre par des chercheurs de l’Université de Pékin, l’exposition à de fortes concentrations en polluants atmosphériques serait associée à un risque accru de fausse couche dite « silencieuse » (passée inaperçue pour la femme enceinte). Sur 255 000 patientes suivies, presque 7% étaient victimes d’une fausse couche de ce type au premier trimestre de grossesse.

Enfin, Zheng Siqi, chercheur au MIT, souligne le coût émotionnel de la pollution, en mettant en corrélation certains mots-clés publiés sur les réseaux sociaux avec la qualité de l’air. Contraints de passer moins de temps dehors ou de porter des masques, la pollution impacterait l’humeur des habitants, leur envie de sociabiliser. Les jours gris, les gens seraient contrariés, malheureux, et donc plus impulsifs et sujets à des comportements à risques… A court terme, cela pourrait créer de l’anxiété, voire mener à une dépression. Dernières trouvailles : les femmes seraient plus affectées que les hommes, tout comme les classes sociales aisées, probablement plus sensibilisés aux risques de la pollution sur leur santé.

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2 Commentaires
  1. Mazoyer

    Pour les fêtes des 70 ans de la RPC , le 1er octobre j’étais à Beijing et le ciel n’était pas gris mais ensoleillé…

  2. severy

    Dans l’Empire rouge, quand on broie du noir, au lieu d’avoir le blues, on a le gris. Pas étonnant que les gens en voient de toutes les couleurs!

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