Editorial : Kaléidoscope automnal

Le 11 octobre, l’inquiétude commençait à sourdre, sur la drôle de guerre commerciale qui s’éternise avec les Etats-Unis. Contre l’avis de Trump, la Banque centrale américaine rehaussait les taux d’intérêt : dans la foulée, Wall Street dévissait (-3%), suivie de toutes les bourses d’Asie, Shenzhen en tête (-6,45%), suivie de Shanghai (-5,22%).

Et ce n’est qu’un début ! Clairement, les firmes chinoises souffrent, surtout PME. Et de toute évidence, les primes à l’export ou formation promises par le ministre des finances Liu Kun, ne suffiront pas. 

Shanghai prépare sa Foire import/export du 4 au 10 novembre, où les produits de tous les pays des routes de la soie s’exposeront, dans une tentative de redonner confiance aux projets BRI. Les nations préparent leurs pavillons (France, 70 firmes, 6 régions ; Suisse, Belgique, Canada).  Le Président Xi  Jinping tiendra le discours d’ouverture. Après Boao (Hainan) et Davos (World Economic Forum), où il promettait une refondation des rapports avec la planète, sans que ces promesses soient par la suite honorées par des concessions majeures de la part de la Chine, aujourd’hui les partenaires expriment leurs doutes. A Bali (Indonésie) le 10 octobre, Pierre Moscovici, le commissaire européen, martelait que toute réforme des échanges commerciaux mondiaux, devrait prendre en compte la résorption des surcapacités industrielles chinoises.

Mais la Chine est désireuse de prouver sa bonne volonté. Suite à un début de dérégulation du secteur de l’automobile, BMW était autorisé le 11 octobre à porter en 2022 ses parts de 50 à 75% dans sa JV avec Brilliance, de Shenyang. Pour ce faire, BMW paiera 3,6 milliards d’euros. Le groupe munichois ouvrira également une nouvelle chaîne en Chine. En augmentant ses capacités locales, BMW espère ainsi être moins dépendant des importations de ses véhicules made in USA, menacés de taxes par la guerre commerciale.

Au Xinjiang, la main centrale se fait plus lourde sur l’ethnie ouïghoure : depuis cet été, la législation régionale a été révisée pour légaliser ce processus de « formation et transformation », à savoir l’ouverture récente et accélérée de dizaines de camps détenant jusqu’à un million de ces Chinois non-Han, selon les accusations étayées de tous les coins du monde. En vigueur au 9 octobre, la loi précise l’objectif : éradiquer l’extrémisme religieux, former la population à différents métiers ainsi qu’à l’usage écrit et oral du mandarin.

Depuis le 8 octobre, au nom de la lutte anti-extrémisme et séparatisme, après les prénoms musulmans, le port de la barbe, le pouvoir local bannit tout produit halal : élaboré et consacré selon le rite musulman, viande, nouilles ou savons disparaissent des rayons du Xinjiang. Ceci, en dépit de l’ambition de la communauté Hui de faire du pays le premier exportateur de produits halal à travers le monde musulman. 

Début octobre, Tiyip Taspholat, Président de l’université du Xinjiang « disparu » en 2017, est condamné à mort avec deux ans de sursis pour tentative de subversion antisocialiste et atteinte à la sûreté de l’Etat. C’était une sommité scientifique connue à l’international, expert en défense des réseaux aquatiques en zone désertique. Bien que membre du Parti, il lui serait reproché son soutien à des milieux ouighours séparatistes. Avec Taspholat, la liste s’allonge, d’intellectuels ouighours ayant joué un « double jeu », voulu faire carrière et partager leur fidélité entre leur Etat et leur foi. Parmi eux comptent Hahmurat Ghopur, président de l’université de médecine du Xinjiang (peine capitale), Nur Bekri patron de l’Agence Nationale de l’Energie (sous enquête) et Ilham Tohti (prison à vie depuis 2014). Les chancelleries européennes déclarent aux autorités chinoises leur grande inquiétude—sans résultats visibles. 

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