Le Vent de la Chine Numéro 34 (2018)

du 14 au 20 octobre 2018

Editorial : Kaléidoscope automnal

Le 11 octobre, l’inquiétude commençait à sourdre, sur la drôle de guerre commerciale qui s’éternise avec les Etats-Unis. Contre l’avis de Trump, la Banque centrale américaine rehaussait les taux d’intérêt : dans la foulée, Wall Street dévissait (-3%), suivie de toutes les bourses d’Asie, Shenzhen en tête (-6,45%), suivie de Shanghai (-5,22%).

Et ce n’est qu’un début ! Clairement, les firmes chinoises souffrent, surtout PME. Et de toute évidence, les primes à l’export ou formation promises par le ministre des finances Liu Kun, ne suffiront pas. 

Shanghai prépare sa Foire import/export du 4 au 10 novembre, où les produits de tous les pays des routes de la soie s’exposeront, dans une tentative de redonner confiance aux projets BRI. Les nations préparent leurs pavillons (France, 70 firmes, 6 régions ; Suisse, Belgique, Canada).  Le Président Xi  Jinping tiendra le discours d’ouverture. Après Boao (Hainan) et Davos (World Economic Forum), où il promettait une refondation des rapports avec la planète, sans que ces promesses soient par la suite honorées par des concessions majeures de la part de la Chine, aujourd’hui les partenaires expriment leurs doutes. A Bali (Indonésie) le 10 octobre, Pierre Moscovici, le commissaire européen, martelait que toute réforme des échanges commerciaux mondiaux, devrait prendre en compte la résorption des surcapacités industrielles chinoises.

Mais la Chine est désireuse de prouver sa bonne volonté. Suite à un début de dérégulation du secteur de l’automobile, BMW était autorisé le 11 octobre à porter en 2022 ses parts de 50 à 75% dans sa JV avec Brilliance, de Shenyang. Pour ce faire, BMW paiera 3,6 milliards d’euros. Le groupe munichois ouvrira également une nouvelle chaîne en Chine. En augmentant ses capacités locales, BMW espère ainsi être moins dépendant des importations de ses véhicules made in USA, menacés de taxes par la guerre commerciale.

Au Xinjiang, la main centrale se fait plus lourde sur l’ethnie ouïghoure : depuis cet été, la législation régionale a été révisée pour légaliser ce processus de « formation et transformation », à savoir l’ouverture récente et accélérée de dizaines de camps détenant jusqu’à un million de ces Chinois non-Han, selon les accusations étayées de tous les coins du monde. En vigueur au 9 octobre, la loi précise l’objectif : éradiquer l’extrémisme religieux, former la population à différents métiers ainsi qu’à l’usage écrit et oral du mandarin.

Depuis le 8 octobre, au nom de la lutte anti-extrémisme et séparatisme, après les prénoms musulmans, le port de la barbe, le pouvoir local bannit tout produit halal : élaboré et consacré selon le rite musulman, viande, nouilles ou savons disparaissent des rayons du Xinjiang. Ceci, en dépit de l’ambition de la communauté Hui de faire du pays le premier exportateur de produits halal à travers le monde musulman. 

Début octobre, Tiyip Taspholat, Président de l’université du Xinjiang « disparu » en 2017, est condamné à mort avec deux ans de sursis pour tentative de subversion antisocialiste et atteinte à la sûreté de l’Etat. C’était une sommité scientifique connue à l’international, expert en défense des réseaux aquatiques en zone désertique. Bien que membre du Parti, il lui serait reproché son soutien à des milieux ouighours séparatistes. Avec Taspholat, la liste s’allonge, d’intellectuels ouighours ayant joué un « double jeu », voulu faire carrière et partager leur fidélité entre leur Etat et leur foi. Parmi eux comptent Hahmurat Ghopur, président de l’université de médecine du Xinjiang (peine capitale), Nur Bekri patron de l’Agence Nationale de l’Energie (sous enquête) et Ilham Tohti (prison à vie depuis 2014). Les chancelleries européennes déclarent aux autorités chinoises leur grande inquiétude—sans résultats visibles. 


Politique : La mystérieuse disgrâce de  Meng Hongwei

Le dernier haut cadre emporté par le vent de l’anti-corruption est Meng Hongwei (64 ans), vice-ministre de la Sécurité Publique. Fin 2016 pourtant, Meng recevait les lauriers de la presse chinoise après son élection au poste de Président d’Interpol, dont le siège se trouve à Lyon. Et en septembre 2017 se tenait à Pékin (pour la seconde fois dans l’histoire), la 86ème assemblée d’Interpol. Meng y siégeait aux côtés de Xi Jinping, qui prononça le discours d’ouverture—signe de l’importance de l’événement !

« Sic transit gloria mundi » : le 25 septembre à Pékin, à sa descente de l’avion de Paris, Meng était interpellé. Suivirent 14 jours de silence pesant, jusqu’au 7 octobre où fût annoncée la mise sous enquête de Meng par la Commission Nationale de Supervision (CNS). Sous la nouvelle loi, la CNS est pourtant tenue de prévenir la famille sous 24h en cas de détention (留置, liúzhì). Mais ce qui déclencha une réaction du gouvernement fut la conférence de presse donnée le même jour par son épouse Grace Meng dans un hôtel lyonnais, où elle dévoilait les détails du dernier contact avec son mari. Le 25 septembre, Meng lui adressait sur Whatsapp ces mots précipités, « attends mon appel ». Quatre minutes plus tard, s’affichait l’émoticône d’un couteau, signifiant qu’il s’estimait en danger – l’appel n’arriva jamais… Alerter ainsi les médias de la disparition de son mari, est un acte d’une audace inimaginable : en tel cas, la loi du silence prévaut, la famille craignant des représailles. Ainsi, Grace se mettait à l’abri, ainsi que ses enfants après avoir reçu des menaces téléphoniques. Cet appel au nom de « la justice pour son mari, et pour que ses concitoyens cessent d’être arrêtés », exprime une exaspération contre le régime que bien des Chinois partagent. Finalement, le 7 octobre, Interpol annonçait la démission de Meng.

Plusieurs signaux étaient annonciateurs de la chute de Meng Hongwei. Les 20 et 26 janvier, il avait déjà manqué deux importantes réunions à Pékin.

Le 23 février, Interpol avait annulé le mandat international contre Dolkun Isa, le Président du Congrès mondial ouïghour. Pékin qui le considéré comme un terroriste, exprimait alors son mécontentement. Meng n’en était peut-être pas responsable – le décideur, à Interpol, n’est pas le Président mais le secrétaire général, l’allemand Jürgen Stock.

En avril, Meng était exclu de la cellule dirigeante du Parti au ministère de la Sécurité Publique.

Cela dit, pour le pouvoir chinois, cette arrestation coûtera cher en terme d’image : après cet acte d’une légalité contestable, nombre d’experts prédisent que la Chine ne recevra plus de sitôt un poste international majeur, tel celui de Secrétaire Général à la FAO, à pourvoir d’ici février 2019, et où le régime s’apprêtait à présenter un candidat qui avait toutes ses chances.

Les observateurs notent toutefois que le régime semble avoir évalué toutes ses options, avant de conclure qu’il fallait arrêter Meng d’urgence. D’autres ajoutent que la décision n’a pu être prise qu’au sommet : par le Président Xi Jinping en personne.

Que lui reproche-t-on au juste ? Le communiqué du ministère de la Sécurité Publique reste vague : « corruption » et d’avoir « violé la loi ».

En 2015, dans le cadre de son coup de filet Skynet, la Chine confiait à Interpol une liste de 100 fugitifs, dont elle demandait le rapatriement. Si Meng était convaincu d’avoir reçu de l’argent en échange d’une protection accordée aux transfuges ayant détourné des milliards de $ de fonds, cela pourrait expliquer en grande partie ses ennuis présents.

Pour Jean-Philippe Béja, directeur de recherche Chine au CNRS, « la vraie cause serait plutôt à chercher dans l’éternelle lutte de factions politiques ». Selon Alex Payette, analyse canadien, le puissant ministère de la Sécurité Publique, dont Meng est vice-ministre depuis 2004, était occupé par des hommes de Jiang Zemin depuis 1990, un prédécesseur de Xi Jinping. Lors de sa nomination en 2017, le nouveau ministre Zhao Kezhi (un fidèle de Xi Jinping) se déclarait investi d’une mission pour « éradiquer l’influence pernicieuse de Zhou Yongkang au sein du ministère » (leader condamné à la prison à vie en 2014). Ecarter Meng, ce serait pour Xi un pas supplémentaire vers le démantèlement d’un fief qui lui résistait encore.

De plus, de source française, ces derniers mois, Meng Hongwei « passait de plus en plus de temps en France », à mesure que des nuages s’amoncelaient sur lui. Afin de prévenir une défection aux conséquences dommageables, Pékin pourrait avoir réussi à contraindre Meng à rentrer en Chine.

En outre, la mise à l’ombre de Meng, rappelle celle de Nur Bekri, patron de l’Agence Nationale de l’Energie, arrêté lui aussi à sa descente d’avion le 20 septembre, de retour de l’étranger. Nur est également sous allégation de corruption. 

Par ailleurs, le 3 octobre, Fang Bingbing, l’égérie du cinéma chinois réapparaissait après presque quatre mois d’absence, assommée d’un redressement fiscal de plus de 110 millions d’euros. Depuis lors, tous les artistes se précipitent chez leur percepteur pour se mettre en règle avant le 31 décembre, l’ultime délai de grâce annoncé « avant le couperet ».

En tout cas, Xi Jinping tient sa promesse faite à son arrivée au pouvoir, de « frapper les tigres » (les hauts dirigeants) autant que les « mouches » (les petits). En 6 ans, plus d’1,5 million de cadres sont tombés sous cette campagne, dont des centaines de tigres.

Maintenant, alors que la Chine est engagée dans un bras de fer commercial avec les Etats-Unis dont nul ne peut prédire le résultat, Xi Jinping et son état-major apparaissent déstabilisés, obsédés par le besoin de se faire obéir par la peur. Le risque étant une diminution du capital de loyauté des cadres et des citoyens – une situation d’autant plus dangereuse, qu’elle interviendrait au moment de plus grande vulnérabilité du régime, celui où il en aurait le plus grand besoin.


Finance : Remue-ménage chez les petits épargnants

Selon le groupe de presse Hurun, cent soixante-quatre plateformes de crédits sur internet, et banques de prêts entre particuliers (« P2P » ou « pair-à-pair ») ont été fermées depuis le 1er juillet 2018, laissant sur le carreau près de quatre millions d’investisseurs chinois, l’équivalent de 150 milliards d’euros.

Fin juillet, près de dix mille investisseurs ont convergé vers Pékin pour demander des explications et l’aide du pouvoir. En vain : nombre d’entre eux ont été arrêtés, et à ce jour aucune réponse n’a été fournie à ces petits épargnants menacés de ruine. Annoncée pour le 1er octobre à Pékin, une nouvelle manifestation a été empêchée par la police.

« Nous voulons juste que l’on nous réponde », explique un homme venu de Shanghai interpeller les autorités. « Comment une société comme Tangxiaoseng qui existe depuis plus de cinq ans, et qui fait de la publicité sur tous les grands médias, à la télévision et partout sur Internet, comment peut-elle fermer brutalement ? Le gouvernement ne nous a jamais prévenu d’une interdiction imminente, c’est pourquoi nous attendons à présent qu’il nous rembourse ».

Tangxiaoseng est l’une des grandes plateformes P2P fermée cet été. Sa directrice avait été arrêtée dès fin juin, et près d’un demi-milliard d’euros se sont envolés, inspirant une multitude de plaintes pour tenter de récupérer les fonds.

Ce n’est pas la première fois que Pékin fait ainsi le ménage dans cette jungle des prêts entre particuliers : au total, au cours des cinq dernières années, quelque 4.330 sociétés chinoises de prêts P2P ont déjà fait faillite ou ont été brutalement fermées.

Certains de ces sites promettaient jusqu’à 12% de taux d’intérêts aux investisseurs, quatre fois plus que les banques formelles. Un régime évidemment intenable : nombre de ces banques « noires » se sont avérées adeptes du trafic pyramidal, dit de « Ponzi », où les intérêts dus sont payés par les dépôts des nouveaux entrants. Quand leurs patrons ne se sont pas justes envolés avec la caisse…

Mais certaines, comme Tangxiaoseng ou PPMiao, avaient atteint une certaine notoriété et étaient tolérées par les autorités, en assumant un rôle de prêt aux particuliers que les banques publiques avaient renoncé à exercer, faute de pouvoir s’assurer de la fiabilité de l’emprunteur. Pour beaucoup de petits investisseurs, elles étaient devenues un moyen rapide et moins risqué que la bourse pour faire fructifier leurs économies.

Pour autant, ce grand nettoyage des firmes P2P peut-il compromettre l’équilibre de la finance chinoise ? On en est loin. Le segment P2P est minime et ne devrait pas ébranler un système bancaire en pleine restructuration. En juillet 2018, il n’avait atteint que 0,7 % de l’ensemble des prêts bancaires et 0,5 % des actifs bancaires totaux. La croissance des prêts P2P est aussi en baisse depuis son pic de 2015. Seule une infime partie de la population, issue essentiellement de la classe moyenne des grandes villes, a investi dans ce type de prêts. Comme conclut cet économiste occidental, « cette crise ne devrait pas avoir d’impact systémique sur le système financier global de la Chine ». 

PME, petits commerçants et jeunes couples, se tournaient en effet volontiers vers ces sites pour se financer tandis que les épargnants chinois dont le bas de laine s’alourdit toujours, n’ont pas accès à de nombreux placements telles obligations, assurances, bourses étrangères, et font face à 100 restrictions sur l’investissement dans la pierre.

D’ailleurs, le coup de balai sur le P2P de cet été, n’est qu’un volet d’une réforme financière bien plus vaste, comme l’explique Zhong Xin du cabinet juridique King & Wood Mallesons : « Le gouvernement fait le ménage sur ces établissements informels pour l’instant absolument pas régulé, mais aussi sur les places financières traditionnelles qui sont désormais beaucoup plus encadrées, et sur les banques ». Zhong Xin prédit le prochain pas dans cette réforme de la e-finance : l’introduction d’une licence nationale, donnant aux plateformes P2P un statut officiel tout en assurant la protection des dépositaires et barrant la voie aux abus. Le gouvernement a ainsi publié cent nouvelles règles que les maisons financières devront respecter pour conserver leur licence. L’objectif est d’introduire plus de transparence dans les opérations, réduire l’exposition de ces maisons aux risques de prêts, et s’assurer de leur professionnalisme. Pékin veut également profiter du grand nettoyage pour amener ces plateformes à fiscaliser leurs opérations – à appliquer une taxe sur l’argent prêté – et pour réorienter une partie de l’épargne privée vers les banques, plus facilement contrôlables.

Chi Lo, économiste chez BNP Paribas commente : « Le risque d’instabilité sociale n’est pour l’instant pas élevé. Les pertes des petits porteurs suite à la fermeture des P2P sont devenues un problème socio-politique, qui accentue la pression sur le Président Xi Jinping, alors que la croissance ralentit et qu’augmentent les défauts de paiement. Les tensions commerciales avec les Etats-Unis n’arrange rien ». Pour cet expert, « la crise P2P est un problème structurel que Beijing doit résoudre parallèlement à son programme de modernisation financière, mais nous ne la voyons pas prendre des proportions susceptibles d’ébranler le marché des actifs chinois. La consolidation se poursuivra inévitablement. De toute évidence, les investisseurs devraient faire preuve de prudence lorsqu’ils investissent dans des acteurs P2P cotés, certains étant cotés à l’étranger ».

Mais en attendant, ce sont les petits épargnants qui font les frais. « Ils ont peu de chance d’obtenir réparation, estime Zhong Xin. « Au mieux après des années de bataille judiciaires ils pourront récupérer 20% de leur mise. Mais la plupart n’auront rien ».

Par Sébastien Le Belzic


Sport : En selle au Beijing Oriental Equestrian Club

   « Attention aux pieds en avant et aux mains qui tirent… C’est un cours de dressage, pas de lutte ! », sourit Joël. Il est 9h du matin et la voix du directeur technique français résonne dans l’immense manège couvert du Oriental Equestrian Club (东方马汇马术俱乐部) à Pékin. Equipée d’un micro, sa traductrice transmet instantanément les directives de Joël aux six instructeurs, qui s’appliquent lors de cet entraînement quotidien.

Depuis 2007, ce club équestre dans la campagne de Shunyi, est la propriété de M. Feng, ex-militaire d’une cinquantaine d’années. L’arrivée en 2017 de Joël Vandevraye et son épouse Vanessa, directrice du Centre, cumulant à eux deux plus de 75 ans d’expérience de gestion de centres équestres à travers le monde, et d’Hélène Lemerle, cavalière expérimentée et parfaitement sinophone, puis d’Alice, monitrice française spécialisée en saut d’obstacles, donna un nouveau souffle au centre équestre.

De taille humaine (1 manège, 3 carrières), le club accueille en une ambiance ludique quasi familiale 300 élèves, et entretient 35 chevaux et 40 poneys, équidés tous nés en Chine de sang arabe, espagnol ou belge…

Il y a quelques années, « le cheval était encore considéré comme un outil , et non pas un compagnon, mais en l’espace de six ans, nous avons été et sommes encore témoins d’un changement radical des mentalités. C’est passionnant et très réjouissant », explique Joël. « De même, la pratique de l’équitation était il y a peu réservée à une élite prête à payer un droit d’entrée exorbitant pour devenir membre d’un club et ainsi socialiser entre gens riches. Les cavaliers ne brossaient pas, ne sellaient pas leur cheval eux-mêmes, et se contentaient de monter avec un seul objectif : la compétition ». Aujourd’hui la perception de l’équitation a évolué positivement vers un sport-passion, où chaque cavalier tisse une relation avec sa monture. D’autres bouleversements sont en cours : « cela commence par le développement progressif des cours collectifs, comme le préconise le système français, qui viennent remplacer les leçons individuelles si prisées jusqu’à très récemment en Chine (1 moniteur pour 1 cavalier) pour apporter une pédagogie de l’interaction et du plaisir, conduisant à des progrès plus rapides», commente Hélène, directrice du développement.

Et il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux ! Du « baby-poney » (pour les petits de 2 à 5 ans, avec la participation d’un parent), aux classes d’initiation avec les élèves de primaire du lycée français de Pékin (LFIP), en passant par le horse-ball, le saut d’obstacles, le dressage ou la voltige pour les cavaliers plus expérimentés, enfants ou adultes, et enfin la compétition.

Pour ceux désireux de se perfectionner, le club, titulaire du label qualité « Ecole Française d’Equitation » de la Fédération Française d’Equitation (FFE), est également habilité à faire passer les diplômes nommés Galops, du « Poney de Bronze » au « Galop 7 ».

Enfin, un point d’honneur est mis sur la formation. En France, devenir moniteur requiert un Galop 7 ainsi que deux ans de formation pédagogique, conditions rarissimes chez les enseignants chinois. C’est ainsi que le CAE (Certificat d’Aptitude à Encadrer), diplôme spécial d’enseignement pour les coaches chinois, a été mis au point par la Fédération Française d’Equitation avec la participation active de Joël et Vanessa. C’est un diplôme propre à la Chine, selon un programme sur-mesure de la FFE et reconnu de la Beijing Turf and Equestrian Association (200 clubs affiliés). Le duo est aussi à l’initiative d’une « Alliance » de différents clubs à travers la Chine entière. Ainsi, ils ont déjà formé 200 coaches chinois depuis 2012, de Pékin à Chengdu. D’ailleurs, au club, les 10 coaches chinois continuent de progresser en recevant chaque matin une classe pour continuer de les former à la pédagogie « à la française ».

Le club héberge également H.O.P.E (Horses Offering People Enrichment), ONG chinoise dispensant des séances d’équithérapie aux enfants et adultes en situation de handicap moteur ou mental, ou souffrant d’une maladie invalidante. Manuela Tournier, équithérapeute diplômée et directrice du programme, adhère pleinement à la double vision de cette organisation créée en 2009 par une kinésithérapeute américaine : pratiquer un service de niveau international et développer la formation des professionnels et des encadrants bénévoles chinois afin de servir toujours plus et mieux les personnes qui en ont besoin.

En 4 ans, le nombre de clubs d’équitation en Chine a été multiplié par 7, pour atteindre un total d’environ 1,500 clubs à travers le pays et presque 1 million de cavaliers en 2018. C’est donc un marché colossal pour les fédérations des pays de tradition équestre que sont la France mais aussi l’Allemagne, l’Angleterre, l’Australie et bien d’autres, qui sont concurrentes sur le sol chinois … Par  exemple, la British Equestrian Federation (BEF) a trouvé un ambassadeur de choc en le cavalier Alex Hua Tian, né à Londres, ayant grandi en Angleterre, et seul cavalier à représenter la Chine aux JO de 2008. Il ne reste plus qu’à mettre le pied à l’étrier !


Petit Peuple : Jinan (Shandong) – La révolution de Shi Moulong (1ère Partie) 

En 2006 à Jinan (Shandong), à 5 ans, Shi Moulong était le plus bel enfant de son quartier huppé de villas et résidences. Quand sa « ayi », la nourrice à son service 24h sur 24, le sortait dans l’allée arborée de majestueux gingkos et paulownias, elle marchait derrière lui au volant de sa Mercedes coupé miniature, Sous les yeux des passants éblouis, le garçonnet tenait autant du pilote de course que de la gravure de mode en blazer vert bouteille, sérieux comme un pape et droit comme un « i » dans son siège baquet rembourré cuir fauve.

Quelques mois plus tard, lors du nouvel an chinois 2007 sur l’île tropicale de Hainan, les plagistes suivaient du regard l’enfant avec son éternelle nounou, dans le complexe 5 étoiles où sa famille était descendue. Au restaurant, son petit smoking blanc et son nœud papillon lui donnait fière allure, tout comme au bord de la piscine ses Ray-ban authentiques.

Même à 10 ans, en vacances à Sydney (Australie), il faisait l’attraction, par son habillement et la finesse gracile, quasi féminine de ses traits.

Toute son enfance, Moulong vécut sans se rendre compte de la valeur de l’argent. Pour ses études, il pouvait compter sur son répétiteur privé, et son prof de gym à demeure. Sa maison s’étalait sur 1500m² de pavillons et de jardins dans le style de Hangzhou, avec kiosque, bassin aux carpes et lotus fleuris. Chaque matin, le chauffeur l’amenait à son école,  la plus exclusive de la ville –que son père avait préféré à des études à la maison, dans le souci de lui éviter une jeunesse coupée de sa société. Dans la cour de récréation, ses poches étaient toujours pleines de bonbons et colifichets hors de prix, qu’il distribuait à la ronde. Peu de week-ends ne se passait sans qu’il n’invite les copains à des après-midi de fêtes, sous quelque prétexte que ce soit. A ce prix, il était toujours entouré d’une cour d’admirateurs.

Un tel standing le rendait éveillé et sûr de lui. En classe, il comprenait à la seconde, et retenait spontanément les cours sans avoir à les mémoriser. Autant dire que pour ces garçons et filles autour de lui, il passait pour un être de nature plus qu’humaine – il prenait leurs compliments comme un dû royal, avec modestie sereine, nourrissant son égo.

A 11 ans, un événement bouleversa le cours de sa vie. Il avait toujours vu son père, patron de la filiale provinciale d’un groupe d’énergie d’Etat, vivre une vie séparée dans l’aile réservée de son palais où nul n’avait droit d’entrée –contrairement aux jeunes beautés toujours renouvelées qui venaient partager ses nuits – sa mère, de peur du pire, n’osait protester. Or, ce matin de novembre 2012, le pire arriva : son père emmena sa mère blafarde au bureau des unions, pour en ressortir une heure plus tard, proprement divorcé par « consente-ment mutuel ». Une semaine plus tard, elle s’envolait pour New York pour n’en plus revenir – elle héritait d’un appartement et d’assez d’argent pour vivre hors du besoin jusqu’à la fin de ses jours. Sans rien laisser paraître – dans ce milieu, les pleurs ne sont pas de mise – Shi Moulong en conçut une amertume secrète, privé de mère à un moment décisif de sa marche vers l’état adulte.

Son éducation confucéenne lui interdisait de porter rancœur envers ce père autoritaire et égoïste, cette mère irresponsable et immature, ces parents qui avaient confondu richesse et tendresse, et oublié de donner leur chaleureuse présence. Inconsciemment, il reporta la critique envers sa société, le monde des adultes en général, les profs. En silence il se mit à mépriser le programme scolaire, les cours qu’on lui serinait en classe – moins quant au message proprement dit, qu’envers les valeurs – plus exactement, l’absence de valeurs que le lycée distillait. Il n’y avait pas d’objectif pour sa génération, de tâche d’une vie pour construire ensemble un monde meilleur. Tout ce qu’on lui demandait, à ses copains et lui, était d’afficher une approbation au système et de se taire, de s’enrichir et de tout accepter. Après avoir découvert l’avidité jamais satisfaite d’argent, de plaisirs, le mensonge et la dissimulation chez son père, il retrouvait à présent les mêmes vices chez tous, travestis sous des traits hypocrites. Quand le prof de marxisme leur déballa l’inévitable cours sur Lei Feng, le héros mythique du régime au service du peuple, il eut bien du mal à retenir ses sentiments contradictoires, son éclat de rire face au ridicule, son indignation face au mensonge de ceux qui propageaient ce genre de fable. Non, lui Shi Moulong ne vivrait pas comme cela !

S’étant coupé du monde réel, il vivait donc depuis quelques temps déjà dans un monde imaginaire, celui de Batman, l’homme chauve-souris qui réparait les torts et sautait de gratte-ciel en gratte-ciel au bout de câbles et de filins. Dans la célèbre série américaine, un personnage le fascinait plus que tous autres : celui du Joker, au grimaçant sourire, toujours campé dans un brouillard moral au-delà du bien et du mal, libre, seul et effrayant dans son déploiement d’énergie décapante et destructrice.

A 16 ans en septembre 2017, Moulong prit sa décision : le matin de la rentrée des classes, il annonça froidement à son père qu’il quittait le lycée. Tout ce fatras de bêtises que les adultes appelaient « instruction », il s’en passerait désormais, tout comme le concours d’ entrée à l’université. Son père protesta, mais faiblement, pour la forme plutôt qu’autre chose : la destinée de son fils ne l’intéressait plus depuis longtemps. Et puis, lui expliqua patiemment Moulong, avec la fortune qui l’attendait, un diplôme ne lui serait d’aucune utilité : sa vie, il allait la bâtir à sa propre manière.

Mais de tous ces trésors, qu’allait-il faire ? Stupéfier le monde, soyez en certain, ami lecteur !

 


Rendez-vous : Semaine du 15 au 21 octobre 2018
Semaine du 15 au 21 octobre 2018

15-17 octobre, Pékin : ELECTRICAL Shanghai, EPA- Electrical Power Automation, Salon int’l des équipements électriques

15-17 octobre, Shanghai : EP China, Salon int’l pour la production et la distribution d’énergie

15 octobre – 4 novembre, Canton : Foire de Canton

16-18 octobre, Shanghai : AGROCHEMEX, Salon de la protection contre la maladie des plantes

16-18 octobre, Shanghai : China KIDS Expo, China TOYS Expo, Salon international du jouet, et des ressources pédagogiques préscolaires

16-18 octobre, Shanghai : IPB, Salon int’l dédié au traitement des poudres et solides en vrac

17-19 octobre, Dongguan : NUCLEAR Tech, Salon int’l sur les applications des technologies nucléaires

17-19 octobre, Nankin : API China, PHARMPACK, Salon int’l de l’industrie pharmaceutique : matières premières, chimie fine, ingrédients, machines de process et emballage

17-19 octobre, Nankin : SINOPHEX, Salon int’l de l’industrie pharmaceutique : machines, technologies

17-19 octobre, Pékin : China HORSE Fair, Salon int’l du cheval, sports et loisirs

17-19 octobre, Shanghai : CHINA-PHARM, Salon int’l de l’industrie pharmaceutique et cosmétique

18-20 octobre, Tianjin, China Mining Congress & Expo, Salon et Congrès de l’industrie minière

18-20 octobre, Zhuhai : IPRINT 3D Expo, Salon de l’impression 3D